Composter les feuilles de vigne contaminées pour limiter le mildiou
Une expérimentation girondine se penche sur l’impact du compostage des feuilles de vigne sur les contaminations en mildiou.
Une expérimentation girondine se penche sur l’impact du compostage des feuilles de vigne sur les contaminations en mildiou.
Sur quoi porte le projet de recherche ?
Les œufs d’hiver du mildiou, ou oospores, provoquent les premières contaminations en fin de phase hivernale. L’idée est de supprimer cet inoculum avant qu’il ne tombe au sol, tant qu’il est encore dans les feuilles. L’IFV, l’Inrae et la chambre d’agriculture de la Gironde mènent un projet (Profil) depuis 2021 pour évaluer si une telle méthode pourrait permettre de diminuer la pression mildiou dans les parcelles de vigne.
Dans ce cadre, ils ont lancé une expérimentation qui vise à tester l’intérêt du compostage pour hygiéniser les feuilles de vigne contaminées par les oospores. « L’idée de cette expérimentation provient des essais menés il y a une dizaine d’années qui ont montré que le compostage des sarments broyés permet de limiter les maladies du bois, pose Séverine Dupin, chef du département R & D de la chambre d’agriculture de la Gironde. On s’est donc dit, pourquoi n’en serait-il pas de même vis-à-vis du mildiou ? »
Quels sont les premiers résultats ?
Les fortes températures semblent létales pour les oospores. En effet, les chercheurs ont placé des disques de feuilles contaminées par des oospores en étuve à 50 °C et 70 °C et les ont comparés avec des disques laissés en extérieur. Disposés à l’extérieur puis prélevés en mars, avril ou mai, les disques ont une capacité à recontaminer d’autres feuilles, tandis que cette capacité n’est pas observée si les disques sont étuvés à 50 °C ou à 70 °C. Ces deux températures semblent donc être létales pour les oospores.
Par ailleurs, deux composts ont été mis en place pour cet essai. Sur le premier qui est de petit volume (moins de 10 m3) les résultats sont partagés : les disques conservés dans le compost ont eu la capacité de contaminer d’autres disques pour 1 prélèvement sur 3 (celui du mois d’avril). Ce petit compost n’avait pas une surface suffisante pour vraiment chauffer pendant assez longtemps. Sur le compost de plus gros volume (70 m3 environ), les températures létales pour les oospores sont atteintes presque partout lors des mesures de suivi du compost. Par ailleurs, des sachets contenant des feuilles contaminées ont été intégrés dans le compost et seront analysés cette année pour étudier l’impact de celui-ci sur la capacité de germination des oospores.
À quand une préconisation de protocole de compostage pour les exploitations viticoles ?
Plusieurs points doivent encore être précisés. Les mesures se poursuivent cette année pour valider les résultats en laboratoire et pour confirmer ceux issus du terrain. Les résultats définitifs sont attendus pour fin 2023. L’impact de la défoliation sur l’épidémie en N + 1 est aussi à l’étude. Enfin, la question de l’automatisation de l’effeuillage doit aussi être travaillée.
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