Comment tenir en respect les maladies de la vigne dans un contexte toujours plus difficile
Environnement, classement CMR, changement climatique, distance riverain… Protéger la vigne a rarement été aussi complexe qu’aujourd’hui. Il existe pourtant des marges de manœuvre pour lutter efficacement contre les maladies fongiques, à condition de lister ses priorités. Plusieurs experts vous donnent les clés pour s'engager sereinement dans la campagne 2024.
Environnement, classement CMR, changement climatique, distance riverain… Protéger la vigne a rarement été aussi complexe qu’aujourd’hui. Il existe pourtant des marges de manœuvre pour lutter efficacement contre les maladies fongiques, à condition de lister ses priorités. Plusieurs experts vous donnent les clés pour s'engager sereinement dans la campagne 2024.
Neuf viticulteurs aquitains sur dix ont eu des pertes de rendement dues au mildiou l’an dernier. C’est ce qui ressort de l’enquête menée par le Vinopôle Bordeaux-Aquitaine à l’issue d’une campagne pour le moins chahutée, plus dangereuse que 2018 et 2020. À qui la faute ? Aux réglementations et à la raréfaction des molécules ? À une protection parfois loupée par les viticulteurs ? À l’implacable météo du millésime ? Sans doute à un peu de tout ça. La véritable question à se poser, a posteriori, est de savoir s’il y avait un moyen de changer le cours des choses.
Les experts bordelais ont analysé la campagne. Parmi les conclusions, certaines tombent sous le sens, mais rappellent que la politique de réduction des phytos vient heurter l’efficacité des programmes. Ainsi, les viticulteurs qui affichent le plus grand nombre de jours de protection sont aussi ceux qui ont eu le moins de mildiou. De même, ceux qui ont traité avec des produits systémiques ont moins subi que ceux ayant protégé la vigne avec des pénétrants, et moins encore que ceux ayant privilégié les contacts. Mais les ingénieurs ont aussi relevé le caractère exceptionnel de la campagne. Si la pluviométrie n’a pas été anormale, la température a battu des records (+1,5 à +2 °C en moyenne), créant des conditions idéales pour le ravageur. Accélérant aussi la phénologie de la vigne, qui a connu une pousse extrêmement active en mai.
Utiliser la modélisation aide à décrypter le millésime en cours
L’analyse a montré par ailleurs qu’il y a eu des semaines clés dans la lutte, lors desquelles un défaut de protection s’est avéré fatal pour la récolte. En particulier celles du 24 avril au 5 mai, du 29 mai au 2 juin et du 19 au 23 juin. « Les outils de modélisation des maladies avaient fait ressortir, à l’époque, ces périodes comme critiques, retrace Marc Vergnes, ingénieur à l’IFV Bordeaux-Aquitaine. Mais pas à un tel point. » Cela montre que la marge de manœuvre était existante mais subtile. Ce qui fait dire à Éric Chantelot, expert IFV de la protection des plantes, que si cela se reproduisait cette année les viticulteurs et techniciens ne pourraient sans doute guère faire mieux.
Comment, toutefois, aborder la nouvelle campagne sereinement ? « En restant vigilant et bien informé », recommande Romain Henrion, conseiller à la chambre d’agriculture du Var. Cela passe par le suivi des stations météo, la lecture des différents bulletins et avertissements locaux, mais également par un appui technique, individuel ou collectif. « De même, il faut être prêt à passer du temps dans les vignes pour effectuer des contrôles », ajoute le conseiller varois. Tout en croisant les doigts pour que la météo de 2024 soit moins favorable aux ravageurs que celle de 2023…
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