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Comment réduire ses coûts de production en viticulture biologique ?

Baser sa fertilisation sur des composts de déchets verts ou encore raisonner le travail du sol sont des pistes pour réduire ses charges en viticulture biologique.

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Certains passages de travail du sol représentent un coût que l'on peut éviter, sans pour autant avoir de conséquence sur la récolte.
© J.-C. Gutner

Les coûts de production en agriculture biologique sont élevés mais il existe toutefois des leviers pour les réduire et regagner un peu de rentabilité. À commencer par le poste fertilisation. SudVinBio et le Civam66 ont en effet mené une étude sur la gestion de la matière organique. « Les solutions formulées, telles que les engrais en bouchon, coûtent cher, expose Margot Huet, chargée de mission technique viticole pour SudVinBio. Nous avons regardé s’il était possible d’atteindre les objectifs de fertilisation avec d’autres produits, comme les composts de déchets verts ou de marcs. » Et de fait. « Les conclusions montrent que les composts permettent de satisfaire les objectifs de fertilisation, et cela à moindre coût », relate Margot Huet.

Les engrais à forte valeur NPK sont économiquement plus intéressants

La preuve. Un apport de 30 unités d’azote coûte en moyenne 495 euros par hectare avec un engrais bouchonné 3-3-3 (pour 1 tonne par hectare), alors qu’il revient à 207 euros par hectare en employant des composts de fumiers (C/N = 18) à 4,1 tonnes par hectare, et même à 143 euros par hectare en utilisant un compost de déchets verts (C/N = 20) à 3,7 tonnes par hectare. Soit un rapport d’un à trois et demi ! De même, compenser les pertes annuelles d’humus revient en moyenne à 218 euros par hectare en réalisant des couverts végétaux (tous les rangs), là où un amendement bio commercial coûte 583 euros par hectare en moyenne. Autre fait intéressant, les experts ont remarqué qu’il vaut mieux, d’un point de vue économique, utiliser pour fertiliser des produits à plus forte valeur NPK : 495 euros par hectare pour un engrais commercial 3-3-3 contre 298 euros par hectare pour son équivalent en dosage 7-4-10, bien que ce dernier soit plus cher à la tonne.

Il découle de ces travaux un outil d’aide à la décision (OAD) baptisé Gemo, à destination des viticulteurs. Cet OAD propose des simulations économiques de différents plans de fertilisation courants en viticulture. Il se focalise sur cinq objectifs, à savoir : apporter 30 ou 50 unités d’azote, redresser le taux de matière organique de 1 % soit avant plantation soit sur vigne en place, et compenser les pertes d’humus annuelles (500 kg/ha/an). Pour chaque objectif, l’utilisateur peut comparer le coût de plusieurs stratégies. On trouve notamment les produits commerciaux en bouchons (engrais ou amendements) ou en vrac (fumier de volailles composté), les matières fertilisantes issues de différents déchets (marcs, vinasses, déchets verts, fumiers de bovins frais…) et les couverts végétaux. Le viticulteur peut utiliser les caractéristiques agronomiques (NPK, C/N…) et coûts de ses propres références, ou bien les valeurs moyennes observées par les techniciens.

Le rotavator, un outil particulièrement glouton

Dans le même esprit, l’IFV, la fédération des Cuma d’Occitanie, la chambre d’agriculture de l’Hérault et SudVinBio ont édité il y a quelques années une étude sur la réduction des coûts de production liés à l’entretien du sol en agriculture biologique. Les experts ont identifié de nombreux leviers permettant de jouer sur la consommation de GNR, et ainsi sur le coût des interventions. Le choix des outils, par exemple, n’est pas anodin. Pour désherber l’interrang, un passage de pulvérisateur à disques représente en moyenne 6,1 litres par hectare, quand un cadre vigneron consomme en moyenne 8,9 litres par hectare et un rotavator 18,5 litres par hectare. « Si l’objectif est de détruire les adventices, l’intervention doit rester superficielle (<10 cm), rappellent les experts. Les profondeurs de travail plus importantes sont réservées aux opérations d’ameublissement du sol. » Le viticulteur peut réaliser 33 % d’économie de carburant en passant d’un travail du sol profond à superficiel. Idem, pour entretenir un couvert végétal : passer avec un rouleau écraseur de type rolofaca consomme deux fois moins qu’avec un broyeur.

Au-delà des outils, les techniciens ont calculé que des itinéraires techniques sont également un levier important. Ils ont par exemple comparé deux exploitations en IGP pays d’oc, une qui limite la présence d’herbe toute l’année et l’autre avec une stratégie de préservation des sols (semis direct à l’automne et roulage au printemps). En moyenne, le premier viticulteur consomme environ 53 litres par hectare et par an de GNR, contre 22 litres par hectare et par an pour le deuxième. « De manière générale, on peut avoir une gestion de l’herbe plus extensive », acquiesce Paul-Armel Salaun, chargé de mission viticulture à l’Itab. Le conseiller suggère de tolérer davantage l’herbe, que ce soit en quantité ou en hauteur. « Il y a une différence entre faire propre et protéger ses rendements, argumente-t-il. En trouvant le juste milieu on réalise moins de tontes et de travail du sol, avec des économies à la clé. »

MecaGest analyse les charges de mécanisation

La fédération nationale des Cuma a développé un logiciel en ligne nommé MecaGest, pour diagnostiquer ses charges de mécanisation en vue de les optimiser. « Cela permet de simuler un achat de matériel, une prestation ou une transition de pratiques et de se projeter sur les différentes façons de mécaniser ses travaux », explique Florent Georges, animateur agroéquipement dans le Gers. Il suffit pour cela d’entrer ses principales données de mécanisation (matériels, prestation, carburant…) dans le logiciel, et ce dernier génère des graphiques permettant d’avoir rapidement des repères. L’outil MecaGest est adapté à toutes les exploitations agricoles, et comprend deux types d’accès : un gratuit et un autre « pro », permettant de faire appel à un expert référent.

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