Brebis_Link établit des règles pour le pâturage hivernal dans les vignes
Lancé en 2018, par la chambre d’agriculture de Dordogne, le projet Brebis_Link vise à établir des règles de bon pâturage hivernal des brebis dans les vignes. Une journée de bilan a eu lieu début mars. Voici les principales conclusions.
Lancé en 2018, par la chambre d’agriculture de Dordogne, le projet Brebis_Link vise à établir des règles de bon pâturage hivernal des brebis dans les vignes. Une journée de bilan a eu lieu début mars. Voici les principales conclusions.
Pour bien fonctionner, le pâturage hivernal des brebis implique que le viticulteur, l’éleveur et bien sûr les brebis, y trouvent leur compte.
Les brebis simplifient l’itinéraire technique
Les observations menées dans le cadre de Brebis_Link confirment que les ovins « consomment la parcelle de façon homogène et nettoient les interrangs et les interceps ». Camille Ducourtieux, de la chambre d’agriculture de Dordogne, précise que l’observation d’un lot de brebis pendant 5 heures « a montré qu’elles consommaient l’herbe jusqu’au pied des vignes, les feuilles mortes sur les branches et les restes de rafles ». Il est possible de les faire passer deux fois dans l’hiver sur une même parcelle. La première intervention de travail du sol est décalée puisque l’herbe est déjà rase à la sortie de l’hiver. Les brebis effectuent aussi un léger prétaillage. En limitant l’entretien mécanique, elles génèrent bien des économies de carburant et de temps, que l’étude n’a toutefois pas chiffrées.
Lire aussi notre article présentant le projet Brebis_Link
L’impact sur la parcelle de vigne est positif
L’effet fertilisant n’a pas été mesuré mais la présence des brebis a eu un effet sensible sur la flore des interrangs des zones observées. Les relevés réalisés sur sols profonds ont montré une amélioration de la flore avec un développement bénéfique des légumineuses en comparaison avec la zone non pâturée (voir graphique). « Cette augmentation de la valeur floristique est à vérifier sur d’autres exploitations », note Camille Delamotte, conseillère spécialisée viticulture à la chambre d’agriculture de Dordogne.
Les brebis n’endommagent pas le palissage car elles passent facilement d’un rang à l’autre. La gestion est toutefois facilitée avec des interrangs larges et un palissage haut. Les vignes étroites sont à éviter pour les brebis à cornes.
Le niveau de chargement varie fortement
Évaluer la biomasse à disposition des brebis est crucial. « La biomasse offerte varie du simple au triple selon la nature du sol et la largeur des interrangs », note la fiche de synthèse. Mais la qualité de l’alimentation est satisfaisante, qu’il s’agisse d’un couvert semé à l’automne ou d’un enherbement naturel. « Ces surfaces correspondent aux besoins alimentaires de mes agnelles ou de brebis vides ou en début de gestation », précise un éleveur.
En cas de semis dans l’interrang, la synthèse préconise d’éviter les variétés « typées pour l’engazonnement ». Elles seraient « susceptibles de produire des mycotoxines entraînant des phénomènes de photosensibilisation chez les animaux ».
Des éléments plutôt rassurants quant au cuivre
L’impact du cuivre sur la santé des ovins est observé avec soin. Sur ce point, les résultats sont plutôt rassurants. La synthèse observe que selon les parcelles traitées au cuivre, « l’herbe peut ne présenter aucun risque sanitaire ou bien concentrer des niveaux qui peuvent être jusqu’à 6 fois supérieurs au seuil de toxicité ». Mais l’enquête menée auprès des éleveurs n’a pas révélé de problème sanitaire attribuable au cuivre. « Ce constat peut s’expliquer par la présence de certains oligo-éléments comme le soufre, le molybdène et le fer qui réduisent la sensibilité au cuivre », avance la synthèse, tout en conseillant d’adapter « les périodes de pâturage aux traitements de la vigne ».
Le pâturage dans les vignes ne s’improvise pas
Un temps d’apprentissage est nécessaire pour les brebis novices quant au désherbage de la vigne. Elles doivent être habituées à la clôture électrique. Il est conseillé de leur ménager un accès à des espaces en bout de rang pour qu’elles puissent se coucher dans un endroit dégagé.
Julien Sarres, éleveur ovin de 320 brebis laitières à Blanquefort (Gironde) confirme l’importance de la planification pour un bon fonctionnement de la collaboration éleveur-viticulteur. Lui confie ses brebis en pâturage à un château viticole en Gironde depuis trois ans. « Les dates sont fixées à l’avance : de mi-octobre quand les feuilles sont tombées à mi-mars, voire fin mars, quand la végétation reprend. »