Biocontrôle, le déploiement se dessine doucement
Le colloque annuel d’IBMA France (1) qui s’est tenu le 29 janvier a été l’occasion de présenter les résultats d’une enquête sur les attentes vis-à-vis du biocontrôle et d’évoquer lors d’une table ronde, les freins à lever pour soutenir son développement.
Le colloque annuel d’IBMA France (1) qui s’est tenu le 29 janvier a été l’occasion de présenter les résultats d’une enquête sur les attentes vis-à-vis du biocontrôle et d’évoquer lors d’une table ronde, les freins à lever pour soutenir son développement.
Si le biocontrôle s’installe, les pratiques diffèrent beaucoup selon les secteurs agricoles. C’est l’un des points souligné par l’enquête sur les avis et attentes des agriculteurs sur le biocontrôle (2) présentée lors du colloque annuel d’IBMA France. Avec 57 % d’utilisateurs de produits de biocontrôle, la viticulture se place derrière le maraîchage (84 %) et l’arboriculture (65 %) dans cette enquête. Mais dès lors qu’ils utilisent les produits de biocontrôle, les viticulteurs les déploient sur 82 % des surfaces qu’ils exploitent. Ce déploiement est plus faible chez les arboriculteurs (74 %) et surtout chez les maraîchers (53 %). La percée du biocontrôle est encore modérée en grandes cultures (34 % d’utilisateurs) et en polyculture (22 %). À noter que la notoriété du biocontrôle n’est pas totalement établie puisque près d’un agriculteur sur quatre (23 %) dit n’en avoir jamais entendu parler, mais que parmi eux, près d’un sur cinq s’avère en utiliser.
Meilleure image de l’agriculture après des consommateurs
L’enquête révèle que la première motivation (65 %) des agriculteurs pour utiliser le biocontrôle est de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires classiques. Les autres motivations sont le respect de l’environnement (61 %), la préservation de la santé de l’applicateur (47 %) et la meilleure image de l’agriculture que ces produits apportent auprès des consommateurs (40 %).
Le coût et l’efficacité, premiers freins à l’adoption des produits
En tête des freins à l’adoption du biocontrôle, les agriculteurs interrogés placent le coût (44 %), puis le manque d’accompagnement et de formations adaptées (41 %), le manque d’efficacité (37 %) et de preuves de cette efficacité (34 %). Les agriculteurs considèrent que la gamme proposée est encore trop restreinte (27 %), que ces produits requièrent trop d’interventions au champ (21 %). Moins nombreux sont ceux qui invoquent la difficulté de les trouver chez les fournisseurs (16 %) ou encore la réorganisation totale des itinéraires culturaux impliquant des changements techniques complexes (16 %).
Plus qu’une simple substitution de produits
Autant de freins qu’il va falloir lever pour tenir les objectifs de déploiement fixés par IBMA France. À savoir, atteindre en 2025 15 % du marché de la protection des plantes en France contre 5 % actuellement. Lors d’une table ronde, Christian Pees, vice président de Coop de France, a livré une première réponse. "Pour la coopération que je représente ici, a-t-il expliqué, l’enjeu est de participer au développement de ces produits, mais comme il ne s’agit pas d’une simple substitution de produits mais d’une révision en grand des itinéraires techniques, nous allons devoir former nos techniciens. " Dans l’étude, 70 % des agriculteurs expriment d’ailleurs un besoin d’accompagnement sur le choix et l’utilisation de ces méthodes alternatives.
Roger Genet, directeur général de l’Anses, a pour sa part plaidé pour que les "dispositifs régionaux de soutien à l’innovation puissent comprendre un accompagnement des entreprises à la préparation des dossiers de demande d’homologation". Reste que le déploiement des produits de biocontrôle dépendra aussi de leur disponibilité et bien entendu du coût de leur mise en œuvre.
(2) L’enquête a été réalisée en 2018 pour IBMA France par AgroParisTech auprès de 542 agriculteurs (viticulture, arboriculture, maraîchage, grandes cultures, polyculture) dont 92 viticulteurs (63 en production conventionnelle et 29 en bio).
Une trentaine de spécialités en viticulture
Actuellement, environ trente produits de biocontrôle sont utilisables en viticulture, avec en majorité des substances naturelles (végétales, animales, minérales ou microbiennes), puis 25 % de micro-organismes (bactéries), quelques médiateurs chimiques (phéromones) et un macro-organisme (trichogramme). D’ici à 2020, une vingtaine de nouveaux produits sont attendus. La part des micro-organismes devrait progresser.