Marketing
Bars à vins : une opportunité pour les vignerons originaux
Le succès des bars à vins ne se dément pas et le phénomène devrait se poursuivre. Une aubaine pour les “ petits ” vignerons, les bars à vins cherchant à se différencier par une offre originale.
Il n’existe pas de statistiques officielles, mais on les estime à environ un millier en France, ces établissements dédiés à la consommation de vin au verre, accompagné de produits simples mais de qualité. Le tout pour une somme modique ou raisonnable. “ Le vin a changé de statut. C’est devenu une boisson plus créative, plus culturelle. Il est donc normal que se développent des lieux spécifiquement dédiés à cette boisson ”, estime Arnaud Daphy, directeur de la société de conseil en marketing Triptiq. Pour séduire une clientèle plutôt composée de jeunes actifs, les bars à vins cherchent à proposer une sélection de vins qui sortent des sentiers battus. “ Ce qui constitue une aubaine pour les petits vignerons ”, indique Sébastien Foulard, de l’agence de conseil en marketing Génépi. “ Même pour un vigneron qui n’est pas commercial dans l’âme, il peut facilement récupérer les adresses de bars à vins sur internet, les contacter d’abord par mail et proposer un envoi d’échantillons. Une demi-journée de travail suffira et lui permettra sans doute d’écouler plusieurs caisses. C’est donc un vrai tremplin. ” Dénicher de petits producteurs est la vocation même de ce type d’établissements, confirme Arnaud Daphy. “ Si la plupart des vins sont vendus sans conseil, dans les bars à vins, le consommateur se laisse guider par le barman. C’est le lieu de la découverte, de l’expérimentation, celui qui ouvre le champs des possibles. En grande distribution, le consommateur minimisera le risque en optant pour une AOC connue. Dans un bar à vins, il est prêt à favoriser des AOC peu connues, des cépages et des producteurs inconnus. Il est en confiance. Le barman l’accompagne, lui raconte une histoire autour du vin. Une histoire qui tombe à pic puisque racontée au moment où on déguste le vin. Un peu comme si on était chez le vigneron. C’est une formidable opportunité pour les producteurs de faire passer leur histoire et de la transmettre au consommateur final. ” À condition toutefois qu’elle soit “ différenciante ”, qu’elle rapporte quelque chose d’anecdotique. “ Ce qui oblige les producteurs à être bons dans ce domaine. Il faut qu’ils “ pitchent ”, que leur histoire donne envie au consommateur de la raconter à son tour. ”
Côté récréatif
L’engouement pour ces bars à vins signifie-t-il que le vin est devenu une boisson à la mode ? “ On peut se demander si plus que le vin, c’est d’abord ce nouveau mode de consommation qui est à la mode ”, indique Arnaud Daphy. “ En tout cas, dans ces établissements, on est sur une approche beaucoup plus décomplexée du vin, qui lui ôte son côté statutaire tout en gardant un côté récréatif. ”
Le phénomène est appelé à perdurer, si l’on en croit Sébastien Foulard. “ En France, nous n’en sommes qu’au début. À Londres, à New York, leur développement est exponentiel et comme nous avons toujours dix ans de retard sur les anglo-saxons, on peut miser sans grand risque sur le fait que le mouvement ne va pas s’arrêter. ” Certains d’ailleurs réfléchissent à enrichir le concept. Elise Gartion, de l’agence de conseil en marketing Ladyvin, planche sur un projet de cave en ville qui associerait vin et musique. “ Il s’agit de développer une approche ludique du vin via la musique pour permettre aux gens de s’approprier la culture du vin et d’en faciliter sa démocratisation. ” Quant à savoir si ce développement des bars à vin pourrait permettre d’inverser la courbe de consommation du vin en France, Sébastien Foulard est formel : c’est non. “ Par contre, cela favorise la premiumisation du vin. ”
Ce n’est déjà pas si mal.