corse, pyrénées-orientales
Alerte à la cicadelle : la « Jacobiasca lybica » décime les vignes du sud
La cicadelle verte africaine, « Jacobiasca lybica », présente depuis plusieurs années en Corse mais jusqu'à peu confondue avec la cicadelle des grillures, vient d'être détectée dans le Roussillon.
La cicadelle verte africaine, « Jacobiasca lybica », présente depuis plusieurs années en Corse mais jusqu'à peu confondue avec la cicadelle des grillures, vient d'être détectée dans le Roussillon.
C’est par un communiqué de presse de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales que la mauvaise nouvelle est tombée : la Jacobiasca lybica est arrivée sur le continent. « Début septembre, une très importante population a été identifiée par des agents de la chambre d’agriculture sur des vignes de la Côte Vermeille en bord de mer, secteur de Paulilles, confirme Eric Noémie, conseiller viticole de cette chambre. Le cépage syrah semblait particulièrement touché. Sur les parcelles observées, les individus étaient présents sous l’intégralité des feuilles, de 1 à plus de 5 cicadelles par feuille. » La présence du ravageur a également été confirmée sur d'autres cépages comme le mourvèdre.
Cette détection est une bien mauvaise nouvelle pour les vignerons du département, déjà bien éprouvés par le manque d’eau et les problèmes de commercialisation. Car cette cicadelle polyphage « africaine », puisque originaire d'Afrique, qui est en fait une cicadelle verte de la même sous-famille des Typhlocybinae que la cicadelle des grillures (Empoasca vitis), est déjà bien connue des viticulteurs corses. « Depuis 2020, nous observons une augmentation de la pression de cette cicadelle verte, témoignait ainsi un viticulteur corse il y a quelques mois. Même si la présence est sectorisée en début de saison, elle s’étend ensuite. Ce n’est jamais le même foyer. » Et plus aucune zone viticole corse ne semble indemne.
Trouver urgemment des moyens de lutte
« Le problème c’est que rien ne fonctionne contre cet insecte, déplorait le vigneron. Nous avons eu beaucoup de réunions avec les délégués agricoles, mais rien ne bouge. Nous voulons une solution d’urgence, c’est une catastrophe et ce d’autant plus que ça a un impact sur la maturation des baies. » Un constat partagé par la chambre d'agriculture, qui insiste sur le fait que « les dégâts observés et notamment les défoliations précoces peuvent être préjudiciables à la qualité de la récolte et à terme à la pérennité des souches impactées ». Dès lors, que faire ? Peu de produits sont actuellement autorisés. Le vigneron corse fustigeait notamment l’interdiction du seul produit de traitement efficace selon lui, et autorisé en Italie : le Sivanto Prime (flupyradifurone). Pour sa part, la chambre d'agriculture indique que « des moyens de lutte contre l’insecte devront être réfléchis rapidement ».
voir plus loin
Selon le site ephytia, édité par l'Inrae, les cicadelles Jacobiasca lybica adultes quittent les pieds de vigne attaqués en automne. Elles hivernent sur de nombreux hôtes tels que l'aulne, le figuier, le pommier, ou les chênes.
Les individus retournent sur la vigne en mai de l'année suivante et peuvent pondre jusqu'à 5 générations, sur les nervures et le pétiole de la feuille. L'évolution embryonnaire dure 10 à 15 jours. La larve se développe en 3 semaines, passant par 5 stades.
La chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales précise qu'il est impossible de différencier les deux cicadelles vertes, Jacobiasca lybica et Empoasca vitis, à l’œil nu : elles présentent le même aspect, avec des larves vertes de 0,7 à 2,3 mm et des adultes verts de 2,5 à 3,2 mm ; ainsi qu'un mode de déplacement similaire. « Seul un examen en laboratoire permet de distinguer les deux espèces », insiste la chambre. Si vous observez des symptômes de défoliation conséquents, n'hésitez pas à vous rapprocher de votre chambre.