1 500 euros par hectare minimum pour arracher sa vigne
Plusieurs méthodes peuvent être employées pour arracher sa vigne. La moins onéreuse est l’arrachage mécanique. Mais la chambre d’agriculture de la Gironde plaide plutôt pour un itinéraire de valorisation des déchets.
Plusieurs méthodes peuvent être employées pour arracher sa vigne. La moins onéreuse est l’arrachage mécanique. Mais la chambre d’agriculture de la Gironde plaide plutôt pour un itinéraire de valorisation des déchets.
L’arrachage d’une vigne palissée est une opération onéreuse. Dans la Val de Loire, selon le Référentiel économique du vigneron 2020-2024 établi par la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, cela revient à environ 2 800 euros par hectare (voir tableau). Si l’on fait appel à une entreprise, l’enveloppe monte à 3 700 euros par hectare. Et ce, sans compter la dévitalisation.
170 euros par hectare de dévitalisation
Cette somme étant bien difficile à sortir dans le contexte de crise actuel, comment diminuer l’enveloppe ? « Tout dépend de ce que l’on veut faire derrière, plante Yann Montmartin, conseiller à la chambre d’agriculture de la Gironde. Si l’arrachage est mal fait, on peut avoir du mal à implanter une culture derrière. De même, il faut faire attention aux repousses de vigne d’un point de vue sanitaire. » Surtout s’il est prévu de laisser la parcelle en friche derrière.
Dans ce cas de figure, et la plupart du temps, il est donc recommandé de dévitaliser en amont, à raison de 8 litres par hectare de glyphosate. Soit un coût avoisinant les 170 euros par hectare, glyphosate, main-d’œuvre et traction inclus. « Il faut réaliser cette dévitalisation en sève descendante, mais avec un feuillage encore actif », précise Arthur Gauby, conseiller d’entreprise à la chambre d’agriculture de la Gironde. Néanmoins, dans le cadre d’un itinéraire avec plusieurs passages de travail du sol, « la dévitalisation n’est pas obligatoire car les repousses vont alors mourir », précise le conseiller.
1 500 à 2 000 euros par hectare pour l’itinéraire « mécanique »
Une fois la dévitalisation réalisée, le viticulteur a le choix entre plusieurs solutions. « La première, que nous avons baptisée arrachage mécanique, consiste à faire venir une entreprise, qui va tout arracher, vigne et palissage, avec un bulldozer muni d’un peigne ou d’un godet Fléco », décrit Arthur Gauby. Le bulldozer fait une boule des déchets. Et la plupart du temps, l’exploitant y met le feu. « Cette technique revient à 1 500 euros par hectare, voire 2 000 », détaille le conseiller. Le vigneron peut aussi louer le bulldozer et arracher sa parcelle de la même manière. C’est l’itinéraire le moins onéreux, mais aussi le moins écologique.
« À la chambre d’agriculture, nous préconisons plutôt d’opter pour un arrachage dit de valorisation des déchets », plaide Arthur Gauby. Dans ce cas de figure, il faut débuter par un prétaillage à ras, ou une taille à mort. « Le prétaillage fonctionne bien car il facilite l’extraction du palissage », note le conseiller d’entreprise. Cette extraction du palissage est la phase suivante de l’itinéraire, qui est aussi la plus longue. Elle consiste à arracher et sortir les pieux, puis à tirer et rouler les fils de fer. « Certains viticulteurs les gardent s’ils sont en bon état, observe Arthur Gauby. Sinon, ils les envoient chez le ferrailleur qui les paie au poids. » Même topo pour les piquets, qui peuvent être soit réutilisés par le viticulteur, soit vendus (compter environ 1,50 euro par piquet), soit envoyés chez un ferrailleur lorsqu’ils sont métalliques.
2 500 euros par hectare pour l’itinéraire « valorisation des déchets »
« Il reste ensuite les ceps, poursuit le conseiller, qu’on peut extraire de différentes façons. » La première est de passer un peigne ou un godet Fléco, avec un tracteur puissant ou un bulldozer que l’on loue, ou de le faire réaliser par une entreprise. « L’avantage de cette technique est que cela enlève très bien les racines, juge Arthur Gauby. Mais elle ne peut être réalisée sur sol très dur et elle provoque des tassements. » La seconde est de passer une arracheuse rotative tractée, comme celles de Grenier Kirpy. Néanmoins, ces appareils ont un coût (entre 6 500 et 42 000 euros selon le modèle) et doivent être passés avec un tracteur de 90 à 200 ch, selon le modèle. « C’est une solution à étudier en collectif », argue le conseiller. « Nous avons des Cuma qui s’équipent, précise Cédric de Bourayne, directeur général de Kirpy. Mais ce sont surtout des entreprises de travaux viticoles qui en achètent. Et dans ce cas, elles louent la prestation mais pas le matériel seul. »
2 200 à 2 300 euros par hectare pour valoriser les ceps
Une fois l’arrachage en lui-même réalisé, il faut ramasser les ceps, que ce soit au râteau à souche, à la main ou à la fourche crocodile. Là encore, soit le vigneron le fait lui-même, soit il peut louer le matériel adéquat. Vient ensuite le devenir des ceps. « Nous préconisons de les utiliser en tant que bois de chauffage, en les brûlant petit à petit dans une cheminée, un poêle ou une chaudière », indique Arthur Gauby.
Il est aussi possible de les transformer en bois énergie, en les broyant en plaquettes, ou de les composter. « Mais cela a un coût », regrette le conseiller. Veolia propose par exemple de broyer et composter les ceps. Mais pour ce faire, il faut louer un camion et un chargeur afin d’amener les souches sur le site, ce qui revient à 250 ou 300 euros la tonne. À raison de 6,5 tonnes par hectare, cela coûte entre 1 625 et 1 950 euros par hectare. « Au total, transformer les souches en bois énergie revient environ à 2 200 ou 2 300 euros par hectare, confirme le conseiller. Un coût qui s’ajoute aux 2 500 euros par hectare de cet itinéraire de valorisation. »
Quel que soit l’itinéraire, il est fortement recommandé de décompacter le sol à 40-50 cm de profondeur, avec un ripper ou un chisel (170 euros par hectare) à l’issue de l’arrachage à proprement parler.
Les crédits carbone à la rescousse du recyclage des ceps
La firme Vinea Énergie vient de lancer une méthode de compensation carbone, afin que les viticulteurs puissent recycler les pieds issus d’arrachage « à moindres frais ». « Nous collectons les ceps dépalissés en bord de parcelle, décrit Romain Guillaument, président de Vinea Énergie, et les transformons à 80 % en bois pour chaudière à biomasse, et à 20 % en compost. » L’opération coûte environ 1 500 euros par hectare à raison de 5 000 pieds par hectare. Et sur cette somme, 60 à 90 % peuvent être remboursés par des crédits carbone revendus dans le cadre du dispositif de la contribution carbone volontaire, sur la plateforme de Carbonapp. « Le viticulteur ne s’occupe de rien. Moyennant un forfait de 80 euros, nous montons tout le dossier », précise Romain Guillaument. Le viticulteur doit néanmoins débourser la totalité de la somme et attendre le versement de la subvention, qui met entre six et douze mois à arriver.
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