Une alimentation saine et durable pour tous, attirer de nouveaux actifs et resserrer les liens entre agriculture et société : les préconisations du Cese pour le PLOAA
Saisi par Elisabeth Borne dans le cadre de l’élaboration du projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles, le Conseil économique, social et environnemental vient d’adopter un avis intitulé « Les recommandations du Cese pour un contrat ambitieux entre l’agriculture et la société française » afin de rendre accessible à tous une alimentation saine et durable, attirer de nouveaux actifs et resserrer les liens entre agriculture et société.
Saisi par Elisabeth Borne dans le cadre de l’élaboration du projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles, le Conseil économique, social et environnemental vient d’adopter un avis intitulé « Les recommandations du Cese pour un contrat ambitieux entre l’agriculture et la société française » afin de rendre accessible à tous une alimentation saine et durable, attirer de nouveaux actifs et resserrer les liens entre agriculture et société.
Dans l’objectif de produire et de rendre accessible une alimentation saine et durable à tous, le Cese préconise de transformer la Pac en Politique agricole et alimentaire commune et de rendre opposables les clauses sociales et environnementales dans tous les accords de commerce négociés par l’UE. Il souhaite assurer une concurrence équitable au sein de l’UE grâce à des standards sociaux et environnementaux, élevés. Le Cese propose aussi d’élaborer, en concertation avec tous les acteurs, un plan national d’accompagnement à dix ans visant à mettre en œuvre la future Stratégie Nationale de l’Alimentation, de la Nutrition et du Climat et en renforçant la cohérence des politiques publiques. Il voudrait enfin systématiser les Projets Alimentaires Territoriaux au niveau intercommunal.
📢L'avis "Les recommandations du #CESE pour un contrat ambitieux entre l’agriculture & la société française" rapporté par @agritof60 & F. Tivierge au nom de la com. Territoires, #agriculture & alimentation avec 101 voix pour & 14 abstentions✅
— CESE (@lecese) June 14, 2023
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Rendre attractive l’agriculture française
Afin de rendre l’agriculture française attractive, le Cese entend favoriser les transmissions en facilitant la mise en relation des futurs cédants avec les porteurs de projets et créer un véritable guichet unique installation/transmission. Il souhaite par ailleurs développer les filières de formation vers des métiers agricoles attractifs et d’avenir et valoriser les métiers de l’agriculture, leurs missions et leurs valeurs.
Christophe Grison, pour le groupe de la Coopération, propose d’ailleurs une idée à ce sujet : « Pour mieux communiquer sur les métiers de l’agriculture, il faudrait s’inspirer des Journées nationales du patrimoine pour créer les Journées nationales de l’agriculture de manière à ouvrir exploitations agricoles, industries agroalimentaires et coopératives pour recevoir le public et réconcilier agriculture et société ».
A noter que ces Journées nationales de l'agriculture existent déjà, il s'agirait en fait de développer l'évènement.
Resserrer les liens entre agriculture et société
Pour resserrer les liens entre agriculture et société, le Cese propose de renforcer la transparence et la traçabilité sur toute la chaîne alimentaire et d’apporter des réponses aux nouvelles attentes sociétales. Par exemple, le Cese propose que les Siqo (signes officiels de qualité et origine) intègrent systématiquement des critères environnementaux, et sociaux comme le bien-être au travail, la valorisation des compétences des salariés, l’accès à la formation continue, la qualité des relations employeurs/salariés. Si des produits carnés tiennent compte du bien-être animal, l’idée est de généraliser ce critère dans les cahiers des charges bio, AOC, IGP, STG, Label Rouge.
Il estime aussi qu’il est nécessaire de sensibiliser sur les différents enjeux liés à l’alimentation et améliorer la connaissance de l’agriculture. Le Cese propose ainsi de renforcer la communication sur « l’alimentation pour une santé globale» (intérêt des produits frais, bio, de saison, etc.), les mécanismes de formation des prix, les « aménités » de l’agriculture (entretien des paysages, vie des territoires…). Selon lui, il faut par ailleurs utiliser le levier de la restauration hors domicile, collective ou commerciale, pour appliquer la loi Egalim et proposer des produits locaux et biologiques.
« Il faut encourager une forme de déspécialisation » estime Marc Fesneau
Alors qu’il intervenait à la séance plénière du Cese sur le PLOA (pacte et loi d’orientation), Marc Fesneau a estimé que l’« hyperspécialisation (…), la théorie des avantages comparatifs a ses limites ». « Il faut encourager une forme de déspécialisation », a déclaré le ministre de l’Agriculture, en réponse à Pauline Rattez (Environnement et nature) qui l’alertait sur une dynamique inverse et ses « nombreuses catastrophes écologiques, sociales et économiques ».
D’après lui, « c’est ce qu’on essaye de faire » avec la Pac et les éco-régimes visant à favoriser la rotation, la diversification des cultures.
Le récent rapport de la Cour des comptes souligne le « besoin de réinstaller l’élevage » dans des territoires, a noté Marc Fesneau. Encore faut-il « donner les moyens de la déspécialisation », c’est-à-dire éviter des procédures contre la mise en place de telles fermes, selon lui. Cette position du ministre apparaît en phase avec le rapport du groupe de travail PLOA sur l’adaptation au climat. Une des idées phares consiste en effet à favoriser la « déspécialisation » des territoires. Toutefois, les moyens pour l'atteindre ne font pas consensus, comme l'idée de quotas ou planchers par région.