Trois nouvelles démarches durables pour le vin
À l’heure où la motivation d’achat responsable progresse chez les consommateurs, des initiatives attestent d’un engagement environnemental fort de l’entreprise, avec la clarté du message pour atout.
À l’heure où la motivation d’achat responsable progresse chez les consommateurs, des initiatives attestent d’un engagement environnemental fort de l’entreprise, avec la clarté du message pour atout.
L’achat responsable fait partie des tendances de consommation que la pandémie de coronavirus a renforcées. Les démarches et labels pouvant attester, auprès des consommateurs, de l’engagement environnemental de l’entreprise. À côté des certifications et labels propres au monde agricole, et pas toujours faciles à expliquer, des démarches environnementales misent sur la simplicité du message. Voici trois exemples d’engagement d’entreprises viticoles, qui se résument en une ligne sur les bouteilles de vins .
Un arbre planté pour une bouteille achetée
Augmenter la biodiversité, favoriser la consommation locale, jouer un rôle social sur son territoire et gagner de nouveaux consommateurs, voici le pari que la maison de Champagne Jeeper a décidé de relever. Début 2020, elle a lancé en grande distribution la cuvée Esprit Nature commercialisée sous la marque Champagne F. Dubois et revêtue d’un packaging écoresponsable. « Pour chaque bouteille achetée, nous nous engageons à planter un arbre », explique Nicolas Dubois, président des Domaines Jeeper. Pour y parvenir, les Domaines Jeeper ont fait l’acquisition en 2019 de 15 ha de terres non classées en AOC mais situées en Champagne-Ardenne, sur lesquels seront plantés les arbres. C’est d’ailleurs à l’acheteur que revient le choix de l’arbre à planter. Grâce à un QR code, il est redirigé vers un site internet où trois types d’arbres lui sont proposés : conifère, fruitier ou chêne. « Le verger sera conduit en bio et les fruits seront donnés aux crèches et écoles locales, indique Nicolas Dubois. Les bénéfices seront reversés au centre d’aide aux handicapés, et, s’ils le souhaitent les résidents pourront contribuer à l’entretien du verger. » Les Domaines Jeeper ont d’ores et déjà recruté deux personnes pour gérer les plantations et l’entretien. « Les 15 ha devraient nous permettre de planter 26 000 arbres, sachant qu’à terme, on aimerait y consacrer 25 ha », espère Nicolas Dubois. Esprit Nature est commercialisé 36 € dans 1 800 points de vente de l’enseigne Intermarché.
1 % du chiffre d'affaires pour la planète
Le mouvement 1 % pour la planète est un collectif regroupant des entreprises qui ont choisi de reverser 1 % de leur chiffre d’affaires à des associations agréées de préservation de l’environnement. L’entreprise peut choisir d’engager 1 % de la totalité de son chiffre d’affaires, ou 1 % du chiffre d’affaires de l’une de ses gammes ou de l’une de ses marques. C’est ce qu’on fait les Vignerons de Buzet en engageant dans la démarche leur cuvée Le Petit Baron, commercialisée depuis 2019 sur le secteur traditionnel. « Depuis 2005, nous avons axé notre politique interne sur le développement durable. Rejoindre ce collectif nous permet de sortir un peu de notre périmètre, de rejoindre un mouvement plus global », explique Sébastien Bourguignon, responsable marketing des Vignerons de Buzet. La démarche a par ailleurs séduit la coopérative pour sa capacité à impliquer le consommateur.
« Le logo est très explicite, l’acheteur comprend tout de suite de quoi il s’agit. En achetant une de nos bouteilles il prend part lui aussi à des projets utiles à la société et à la planète », se réjouit le responsable marketing. Les premiers retours montrent que les consommateurs sont plutôt réceptifs à cette initiative. Satisfaits de cette première expérience, d’autant que « la partie administrative est vraiment simple à gérer », les Vignerons de Buzet s’apprêtent à engager deux autres cuvées dans la démarche. « On va engager le Baron d’Albret, qui est une cuvée vendue en grande distribution, ainsi que les vins commercialisés sous notre marque export », indique Sébastien Bourguignon. Depuis que la cave est membre du collectif, le directeur marketing avoue porter un regard légèrement différent sur ses fournisseurs et partenaires. « Quand je vois le logo du collectif dans la signature de l’entreprise qui nous contacte, je porte un peu plus d’attention à sa proposition », glisse-t-il.
Fair for life, un label de commerce équitable
Dans un contexte commercial particulièrement difficile pour les vins de Bordeaux, Jean-François Réaud, fondateur de Vignobles Gabriel & Co, veut mettre en avant une dimension éthique défendue par l’entreprise de négoce qu’il dirige. Il a opté pour Fair for life, un label de commerce équitable développé par Ecocert. Le sticker orange du label s’affiche donc sur les bouteilles commercialisées par ce collectif d’une trentaine de vignerons de la rive droite bordelaise. « Nous martelons notre modèle éthique et équitable depuis des années auprès de la grande distribution. Il est désormais certifié par un label. C’est une démarche inédite dans le monde du vin », expose Jean-François Réaud. Il y voit une façon de distinguer les produits, qui parle aux consommateurs et aux distributeurs, et donc de mieux tenir les prix. « Les vins sont achetés 10 % au-dessus des coûts de production », avance le dirigeant. Un prélèvement de 1 % du chiffre d’affaires va alimenter un fonds de solidarité utilisable par tous les vignerons membres. La structure commercialise 6 millions de bouteilles dont 50 % en France, majoritairement en GMS. « Le label nous a ouvert des portes », estime Jean-François Réaud, qui mentionne notamment une mise en avant chez Carrefour. La démarche accompagne aussi l’engagement environnemental croissant des membres du collectif, tous certifiés HVE. Un tiers est certifié en bio. « Deux ou trois vont sortir », annonce Jean-François Réaud, parce qu’ils ne partagent pas ces objectifs notamment celui de l’abandon du glyphosate d’ici cinq ans.