Salon de l'herbe 2023
Alimentation des bovins : 3 idées reçues sur le pois
Jérôme Larcelet est consultant nutrition à la coopérative Seenorest. Il corrige trois idées reçues sur le pois, une graine bien introduite dans la rotation mais peu utilisée en élevage malgré son intérêt : le pois offre en effet une alternative intéressante pour optimiser la nutrition des bovins.
Jérôme Larcelet est consultant nutrition à la coopérative Seenorest. Il corrige trois idées reçues sur le pois, une graine bien introduite dans la rotation mais peu utilisée en élevage malgré son intérêt : le pois offre en effet une alternative intéressante pour optimiser la nutrition des bovins.
"Le Grand Est est la première région de France pour la culture de pois protéagineux, soit 19% de la production nationale. Or, seulement 32% de la récolte est autoconsommée en élevage, le reste est vendu", plante Jérôme Larcelet, consultant nutrition à la coopérative Seenorest. Depuis le début des années 90, son utilisation en élevage n'a cesé de baisser. Une occasion de revenir sur les a priori qui ont écarté le pois de la ration des bovins.
1ère idée reçue : la conservation
"On notait des freins de la part des éleveurs au niveau de la conservation, mais aujourd'hui, c'est une graine dont l'humidité est inférieure à 15% si elle est récoltée au bon stade", introduit Jérôme Larcelet. Le pois n'est pas non plus sujet aux attaques d'insectes ni aux mycotoxines lors du stockage, ce qui fait du pois "une graine plutôt facile à conserver lorsque le taux d'humidité est maîtrisé".
2ème idée reçue : les facteurs antinutritionnels
Les graines contiennent des facteurs antinutritionnels comme des tanins antitrypsiques, "mais la sélection variétale a corrigé ce problème, les teneurs sont désormais très faibles", rectifie Jérôme Larcelet. Ces facteurs antinutritionnels posent moins de souci dans les troupeaux de ruminants, mais le nutritionniste conseille d'être vigilant sur les monogastriques.
3ème idée reçue : sa valeur alimentaire
Le pois est un aliment équilibré avec 40 % d'amidon environ et 20% de M.A.T. (protéines) : ainsi, "on a à la fois de la protéine et de l'énergie", un PDI de 120 et 1 UF. Le seul inconvénient est l'azote soluble (M.A.S.), soit l'azote dégradable. "Une grosse part de la de la M.A.T. présente dans le pois est donc très soluble et dégradable dans l'abdomen."
Le toastage améliore les faiblesses alimentaires du pois
"Le tostage améliore la conservation, ce qui permet de regagner des pourcentages de matière sèche", souligne Jérôme Larcelet. L'opération élimine aussi les éventuelles bruches. "Notre problème d'azote soluble est limité avec une augmentation de la protéine bypass". D'une valeur de 126 g/kg de matière sèche non toasté, le M.A.S. passe à 68 g/kg M.S. une fois toasté et le PDIA augmente : de 25 g/kg brut, il passe à 78 g/kg brut.
Le pois peut être valorisé en élevage bovin, laitier et allaitant
La graine peut convenir à toute catégorie animale : "on peut partir sur les veaux non sevrés avec une graine entière équilibrée à 20 de M.A.T. et 1 UF, ce qu'on recherche pour des veaux, et le fait de la toaster la rend appétante", apprécie Jérôme Larcelet. Pour les génisses, "on peut aussi rester sur cette grain rationnée", distribuée aplatie ou broyée, "mais pas entière". La graine peut se substituer à un aliment pour vache laitière de production type VL20, VL 3 lites, qui peut être utilisée dans un DAC ou un robot "mais aussi à l'auge, pour substituer une partie du tourteau et de la céréale, mais pas tout le tourteau" : 1kg de pois équivaut à 600 g de blé et 400 g de tourteau de colza tanné.
On peut aussi valoriser cette graine à l'engraissement sur des taurillons. "Elle peut remplacer les céréales, le blé, le tourteau de colza que l'on peut distribuer, avec des GMQ très intéressants et similaires à des rations maïs, blé, colza : GMQ de 1 400 g/jour", conclue le nutritionniste.