Biodiversité
Traiter de nuit : le meilleur moyen de protéger les pollinisateurs selon des chercheurs
Une synthèse de travaux de recherche publié fin février sur le site Frontiers in Ecology montre les avantages de traiter la nuit pour protéger la biodiversité.
Une synthèse de travaux de recherche publié fin février sur le site Frontiers in Ecology montre les avantages de traiter la nuit pour protéger la biodiversité.
Des chercheurs de l’Itsap, de l’Inrae et du CNRS ont étudié les conditions météorologiques et les facteurs environnementaux qui influent sur la présence des abeilles sur les cultures à fleurs susceptibles d'être traitées avec des pesticides. Ils rappellent dans leur synthèse que les caractéristiques biologiques et écologiques d'environ 2 000 espèces d'abeilles connues en Europe (20 000 dans le monde) sont très diverses en termes d'organisation sociale (même si la plupart sont solitaires), de spécialisations alimentaires (certaines récoltent leur pollen sur une seule espèce végétale, d'autres sont plus généraliste), la mobilité (de quelques centaines de mètres à plus de 10 km) et le type d'habitat de reproduction (même si la majorité sont des nidifications au sol). Pour un principe actif donné, le niveau de toxicité peut fortement varier d'une espèce à l'autre.
« Les traitements de nuit soulèvent des questions de sécurité au travail, épuisement et nuisance pour les voisins »
Les chercheurs soulignent que « les traitements nocturnes seraient la meilleure façon de garantir l’absence d’effets indésirables des épandages de pesticides sur les pollinisateurs ». En Europe, rappellent les chercheurs, la directive de 2009 sur les pesticides exige que les épandages ne soient pas réalisés sur les cultures en fleurs ou en présence des pollinisateurs. Or les données scientifiques, résument les chercheurs, « ne sont pas suffisantes pour déterminer des critères de décision » clairs pour les agriculteurs. Les différentes espèces peuvent ainsi butiner sur une large plage de température de 10 à 40 °C, elle-même influencée par la durée du jour. De même, la détermination de liste de cultures attractives possède aussi ses limites puisque « la flore sauvage présente à l’intérieur ou au bord des parcelles peut aussi représenter une source d’exposition ». Fixer des limites de traitement est enfin tout aussi périlleux, alors que les bourdons préfèrent le centre des champs de colza, mais que d’autres espèces plus petites se concentrent sur les bordures. Les scientifiques reconnaissent cependant que les traitements de nuit soulèvent des questions « de sécurité au travail, épuisement et nuisance pour les voisins ».