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Traite des humains et travail des enfants : les deux plaies de l’agriculture mondiale

Une experte indépendante des droits de l’Homme de l’Onu dénonce deux fléaux qui touchent le monde agricole à travers le monde : l’exploitation des enfants et la traite humaine.

traite humaine
Traite des humains dans le secteur agricole : les femmes sont particulièrement vulnérables.
© Onu

« La traite des personnes est répandue dans l’agriculture et elle est aussi intimement liée à la discrimination systémique » a déclaré devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Siobhán Mullally, rapporteure spéciale sur la traite des personnes. Selon elle, alors qu’une discrimination fondée sur la race, l’origine ethnique, le statut migratoire, le sexe et le handicap crée des « conditions propices à la traite en toute impunité », le caractère informel et l’isolement du travail agricole exposent des groupes spécifiques à cette traite.

La cible : les réfugiés et les déplacés

« Des groupes en situation déjà vulnérable tels que les réfugiés et les déplacés internes courent un risque particulier de traite à des fins de travail forcé » explique-t-elle. Selon l’experte indépendante onusienne, l’absence d’un environnement réglementaire solide ou de mesures d’application des normes du travail crée « une situation propice à la traite ». Ces deux manquements garantissent finalement l’impunité des recruteurs et des employeurs qui peuvent facilement recruter des réfugiés ou des personnes déplacées, selon l'experte de l'Onu.

Les femmes particulièrement touchées

Les mécanismes d’asservissement sont bien souvent les mêmes : les réfugiés et les déplacés internes sont exposés à la servitude en raison de dettes, y compris « des dettes liées au recrutement, ou à des dettes envers un employeur pour des déductions destinées à couvrir les frais de logement, de nourriture ou des outils utilisés pour le travail ». L’experte s’est également préoccupée du sort des femmes qui sont exposées à l’exploitation et aux abus dans le secteur agricole.

Il s’agit notamment de risques spécifiques de harcèlement sexuel, de violence sexuelle et de traite à des fins de travail forcé. Certaines pratiques comme le versement du salaire à l’homme chef de famille lorsque plusieurs membres de la famille sont employés comme travailleurs agricoles, accroissent l’isolement, la dépendance et la vulnérabilité des travailleuses migrantes à leur exploitation.

Le secteur agricole représente 75 % du travail des enfants âgés de 5 à 14 ans

Siobhán Mullally a aussi travaillé sur un autre sujet douloureux : le travail des enfants à travers le monde. « Malgré l’engagement mondial de mettre fin au travail des enfants d’ici 2025, on a constaté une augmentation de 8,4 millions d’enfants travailleurs dans le monde au cours des quatre dernières années », regrette l’experte.

Le secteur agricole représente 75 % du travail des enfants âgés de 5 à 14 ans. Les mesures liées à la pandémie de Covid 19, l’accès limité à la protection sociale et le manque d’accès à l’éducation et à un travail décent pour les familles, combinés à la pauvreté et aux inégalités, ont contribué à accélérer cette tendance, selon l’experte. Les enfants des travailleurs saisonniers migrants sont particulièrement exposés aux risques d’exploitation. Installés dans des fermes situées dans des zones rurales et isolées, les enfants n’ont souvent aucun accès à l’éducation. Une situation qui alimente le cycle d’exploitation dans lequel vivent déjà leurs parents. Cette main d’œuvre enfantine forcée et gratuite est assurément une manne pour tous ceux qui les exploitent sans vergogne. Ils peuvent en effet faire un bénéfice considérable lorsqu’ils revendent leurs produits qui viennent déloyalement concurrencer ceux produits par des agriculteurs respectueux de l’éthique et du droit.

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