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S’installer en caprin en Nouvelle Aquitaine

Formations, conseils, échanges en groupe, guides, salariat, de nombreux outils ont été présentés lors de la journée installation de Montmorillon.

Après les Deux-Sèvres en 2017, la journée Installation organisée par le Brilac et les Chambres d’agriculture s’est tenue le 5 novembre dernier dans la Vienne, au lycée agricole de Montmorillon. 180 étudiants de BTS, BPREA et Bac Pro des lycées de Montmorillon, Venours (86) et Melle (79), ainsi que des porteurs de projets et des éleveurs souhaitant transmettre leur exploitation y ont participé. « La Vienne est un département important en caprin, souligne David Bossuet, président du Syndicat caprin de la Vienne, qui s’était associé à l’organisation de la journée. Il compte 220 éleveurs, dont une vingtaine transforment tout ou partie de leur lait. Plusieurs laiteries y collectent le lait : Agrial, Terra Lacta, Lactalis, La Cloche d’Or, Chèvres bio France, Berry Sud… Il y a aussi l’AOP chabichou du Poitou et le Mothais sur feuille, en demande d’AOP. Mais comme ailleurs, le renouvellement des générations est un enjeu fort avec, de plus, la concurrence des céréales qui peuvent pourtant être complémentaires de l’élevage caprin. »

Formation, stage et travail en groupe aident à l’installation

Avant l’installation et tout au long la vie, la formation est essentielle. En Nouvelle Aquitaine, première région caprine, de nombreux établissements proposent des Bac pro productions animales, des BTS avec un module caprin et des certificats de spécialisation caprins post-BAC ou post-BTS. Les éleveurs peuvent aussi continuer à se former dans le cadre de groupes d’éleveurs. Dans la Vienne, l’association Adec, qui regroupe actuellement une trentaine d’éleveurs, organise quatre journées de formation par an sur des thèmes définis par les éleveurs, avec l’appui de la chambre d’agriculture, et un voyage tous les deux ans. « Ces journées, qui sont prises en charge par les fonds de formation, permettent aussi de sortir de son isolement et d’échanger entre éleveurs », a souligné Éric Fruchard, président de l’Adec. En Deux-Sèvres, deux groupes d’éleveurs caprins organisent également des formations avec la chambre d’agriculture. Claire Grimaldi, qui témoignait lors de la journée, a ainsi pu se reconvertir et s’installer grâce à un CS Caprin, des stages et en faisant partie du groupe caprin du Mellois.

Répertoire des fermes à reprendre

Une autre possibilité pour se former avant de s’installer et mûrir son projet est d’être salarié dans un élevage caprin pendant quelques mois ou années. Plusieurs structures peuvent faciliter l’emploi salarié, comme l’Anefa, qui met en relation agriculteurs et demandeurs d’emploi, ou encore le service de remplacement. « Être salarié permet de gagner en expérience et en ouverture », a témoigné Damien Vallet, qui travaille depuis quatre ans au service de remplacement, avant sans doute de s’installer. Plusieurs outils et structures existent aussi pour guider les candidats dans leur parcours d’installation. « Pour s’installer, il est important de bien définir son projet, selon ses souhaits et les opportunités, de le chiffrer en vérifiant sa faisabilité technico-économique et de se faire accompagner », a expliqué Coline Bossis de la chambre d’agriculture de la Vienne. Des outils permettent d’accompagner le candidat dans la construction de son projet : le guide Pour une installation réussie en élevage caprin, rénové en 2019 (en vente sur acta-editions.com), des sites internet (devenir-eleveur.com, sinstallerenagriculture.fr…). Des contacts existent aussi au niveau national (Anicap, Fnec, Idele), avec des relais en région. Enfin, les Répertoires départ installation des chambres d’agriculture permettent de découvrir les exploitations à reprendre. Une douzaine de cédants étaient présents lors de la journée, ce qui a permis une première rencontre entre ces cédants et des porteurs de projets.

Avis d’éleveur : Jérémy Descamps

« Je me forme et je travaille dans une ferme avant de m’installer »

« Après avoir travaillé 10 ans comme infirmier, j’ai voulu faire autre chose. Comme j’aime les animaux et que mon compagnon est éleveur de bovins et céréalier, j’ai souhaité m’installer en chèvre. J’ai fait un BPREA au CFPPA de Melle. Et je vais travailler comme salarié pendant deux ou trois ans avant de m’installer pour acquérir une expérience pratique. Mon projet est d’élever 200 à 300 chèvres, de livrer l’essentiel du lait et de transformer une petite partie. J’aimerais faire pâturer les chèvres, mais l’alimentation sera surtout à base de foin et de luzerne que mon ami pourra éventuellement produire sur son exploitation. »

Gaec des Alpines

Une installation réussie grâce à l’appui des cédants

Arnaud et Audrey Beaucourt se sont installés en 2016 en reprenant une exploitation. La volonté de transmettre et l’appui des cédants ont été déterminants.

Après un Bac Pro GGEA et quatre ans de salariat agricole, Arnaud Beaucourt et sa femme Audrey ont repris une exploitation de 110 ha et 400 chèvres à Haims (86) en 2016. « Au départ, nous voulions élever 200 chèvres, ne pas trop investir et être près de Poitiers, expliquent-ils. Mais les deux frères qui cédaient l’exploitation nous ont très bien accueillis. Ils voulaient transmettre et étaient ouverts à toutes les possibilités. Les résultats économiques étaient bons. L’un des frères était prêt à rester comme salarié jusqu’à son départ en retraite en 2020. Et ils nous ont beaucoup aidés ». L’exploitation était aussi très fonctionnelle. « Pour faciliter la transmission, les cédants avaient construit une nouvelle chèvrerie en 2009 et refait la salle de traite. » Arnaud a effectué un stage de parrainage de 18 mois. Audrey, qui n’avait pas de formation agricole, a passé un BPREA et un CS caprin, puis a réalisé un stage de parrainage de six mois. « Le parrainage permet de s’approprier l’entreprise, de ne pas devoir prendre des décisions importantes dès le début, de mûrir son projet…", analyse Arnaud. J’ai aussi pu me former sur les cultures, les récoltes ou l’homéopathie que je connaissais mal. Et les cédants nous ont présentés aux partenaires, aux voisins, aux propriétaires, qu’ils ont encouragés à signer des baux avec nous. »

De bons résultats

Toutes les terres étant en location, sauf 2,5 ha, la reprise a porté sur le cheptel, le matériel et les bâtiments et s’est élevée à 550 000 €, auxquels s’ajoutent 40 000 € de fonds de roulement. L’achat de la maison d’habitation ne s’est fait qu’en 2018. En plus des deux associés, deux salariés travaillent sur l’exploitation, un des cédants et le frère d’Audrey, qui remplacera le cédant après son départ. « Nous avons eu un peu de mal à avoir l’accord des banques, précisent les éleveurs. Heureusement, la comptabilité était bonne. Et les cédants nous ont appuyés auprès des banques. Le fait d’avoir deux salariés nous donne également un peu de marge de manœuvre. » Trois ans après leur installation, les deux éleveurs sont satisfaits. Le système a pour l’essentiel été préservé. Arnaud et Audrey mettent juste un peu plus l’accent sur l’autonomie alimentaire, avec un travail notamment pour récolter les fourrages au bon moment. La production est en augmentation et atteint 850 l/chèvre, avec 43 de TB et 37 de TP. Avec quatre travailleurs, les éleveurs ne travaillent qu’un week-end sur trois et chacun n'assure la traite qu’un soir sur quatre. L’excédent brut d’exploitation de 107 000 €, pour 63 000 € d’annuités, leur permet de se dégager chacun un revenu de 1 500 € par mois. Enfin, dès 2020, un essai de pâturage sera réalisé sur 60 chèvres, avec l’objectif peut-être de passer en bio.

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