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Ouvrez vos chèvreries !

Le climat change et on a désormais davantage de jours de canicule que de jours de gel. Or, nos chèvres souffrent plus souvent de la chaleur que du froid. Avec la multiplication des chaleurs estivales, il est temps d’ouvrir largement les chèvreries pour donner davantage d’air à nos chèvres. Le projet Batcool, en cours sur une grande partie sud de la France, incite aussi à éviter au maximum le rayonnement direct et indirect sur les aires paillées. La ventilation naturelle est à privilégier, et la brumisation, qui rajoute de l’humidité, est à limiter à de très rares exceptions.

Chèvrerie ouverte chez Laurent Poulet
Laurent et Marie-Hélène Poulet le montrent. Il est possible d’avoir un bâtiment ouvert à condition que les animaux soient protégés du vent et qu’il y ait un débord de toiture qui protège des intempéries.
© D. Hardy

Une augmentation de chaleur et d’humidité dans le bâtiment va avoir des conséquences directes sur le stress thermique ressenti par les animaux. Les effets du stress thermique sur les animaux peuvent être nombreux. L’un est la baisse de la production laitière et des taux, et une augmentation des cellules. L’autre, au niveau métabolique, est l’éventuelle baisse de la fertilité, une baisse de l’ingestion de fourrage, une augmentation de l’ingestion de l’eau. Le bien-être des animaux diminue et la fréquence respiratoire des animaux augmente.

Le bois moins rayonnant

Quatre paramètres rentrent en jeu dans le ressenti des animaux vis-à-vis du stress thermique : la température, l’humidité, la vitesse de l’air et les rayonnements. La vitesse de l’air, c’est le courant d’air qui rafraîchit quand on a chaud. Plus il va y avoir de la vitesse, moins il y aura de stress thermique. On ne peut pas agir sur la température de l’air. En revanche, on peut essayer de contrôler l’humidité en modifiant la ventilation. La ventilation va renouveler l’air du bâtiment en évacuant l’humidité, les micro-organismes, la poussière et les gaz toxiques comme l’ammoniaque. Pour échapper au rayonnement direct du soleil, rien de mieux que de se mettre à l’ombre, d’une toiture par exemple. On se protège des rayonnements indirects en isolant la toiture ou les façades qui sont exposées au soleil, par exemple au sud ou à l’ouest. Les matériaux peu émissifs réduisent également les rayonnements indirects. On favorise donc plutôt les constructions en bois et on limite les maçonneries.

Densité à respecter

Pour le confort des animaux, la première chose à faire est de respecter les recommandations de conduite d’élevage : paillage suffisant, densité d’animaux sur les aires de vie et disponibilités en eau. Dans le projet Batcool, les élevages ne respectant pas les recommandations de densité (1,7 m² par caprin) connaissaient en moyenne une température plus élevée de 1 °C et des troupeaux qui haletaient davantage. Les élevages qui ne paillaient pas assez (moins de 0,7 kg de paille par chèvre et par jour) avaient tendance à avoir des chèvreries plus humides et davantage de halètements. Le score de halètement était aussi en moyenne plus élevé de 0,46 dans les chèvreries avec moins d’un abreuvoir pour vingt-cinq chèvres. « Si tes animaux n’ont pas d’eau et qu’ils sont cent vingt dans un bâtiment qui ne peut en contenir que cinquante, c’est sûr qu’ils ne vont pas être bien », ironise Morgane Lambert de l’Institut de l’élevage.

Ensuite, le deuxième élément le plus important est de réduire les rayonnements directs et indirects. On évite que le soleil rentre directement dans le bâtiment via des plaques éclairantes en toiture. Pour limiter le rayonnement par les ouvertures latérales, les débords de toiture évitent les entrées du soleil dans le bâtiment. L’isolation de la toiture permet d’avoir un effet tampon en été et en hiver.

Le naturel avant les ventilateurs

Pour améliorer la ventilation naturelle et le renouvellement de l’air, il faut ouvrir au maximum. On évite aussi d’avoir des bâtiments trop hauts et trop larges. Au-delà de 20 mètres de large, la circulation de l’air risque d’être fortement atténué. Dans l’agencement des bâtiments, il faut essayer de dégager les façades au maximum.

Installer une ventilation mécanique est possible, mais seulement dans certaines situations et en seconde intention. Il faut d’abord avoir réglé les points précédents avant de vouloir équiper son bâtiment de ventilateurs motorisés. La brumisation offre un dernier recours qui n’est à réserver qu’aux élevages ayant déjà une très bonne ventilation. En passant de l’état liquide à l’état gazeux, les fines gouttelettes d’eau vont consommer des calories et en théorie refroidir l’air. Mais la quantité d’air à refroidir est très importante dans un bâtiment d’élevage et le risque est surtout de rajouter de l’humidité.

Repérer les signes d’inconfort

La première chose à faire quand on rentre dans un bâtiment, c’est de regarder la répartition des animaux. Une grosse surface de l’air paillé totalement inoccupée et une autre avec beaucoup d’animaux debout ou contre le mur sont un indice sur le confort thermique et l’hétérogénéité du bâtiment. La proportion d’animaux debout ou couché est aussi un signe. Plus il y aura d’animaux debout, plus il y aura potentiellement un inconfort thermique. Se mettre debout est en effet une façon de réguler la température en augmentant la surface de contact avec l’air. Le halètement est un signe qui reflète le mieux le stress des animaux. Une chèvre avec la bouche ouverte qui respire vite cherche à évacuer de la chaleur par le biais de l’évaporation de l’eau de la forme liquide à l’état gazeux dans la bouche.

Le saviez-vous ?

Une chèvre rejette 1,7 litre d’eau par jour par la respiration. Pour un troupeau de 500 chèvres, cela fait 850 litres d’eau à évacuer tous les jours.

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