Qu'est-ce que la « Shrinkflation » : un phénomène qui ne profite pas aux agriculteurs
La « shrinkflation » est une technique commerciale utilisée par les fabricants pour réduire la taille des portions ou des produits sans pour autant baisser leur prix. Le phénomène n'est pas nouveau mais pourrait prendre de l'ampleur avec la hausse des coûts des matières premières et de production.
La « shrinkflation » est une technique commerciale utilisée par les fabricants pour réduire la taille des portions ou des produits sans pour autant baisser leur prix. Le phénomène n'est pas nouveau mais pourrait prendre de l'ampleur avec la hausse des coûts des matières premières et de production.
Le terme « shrinkflation » est la contraction de deux mots anglais « shrink » qui signifie rétrécir et inflation. En français, on le traduit par « réduflation ». Bien qu’on en parle beaucoup dans l’actualité ces derniers temps, le concept n’est pas nouveau. Il remonte à une vingtaine d’années à l’échelle mondiale. En France, cette pratique a véritablement émergé avec la déréglementation des formats d’emballage décrétée par l’UE en 2007 et transposé dans le droit français en 2008. Jusqu’à ce changement, les industriels devaient vendre leurs produits aux consommateurs par fraction de kilo, avec la déréglementation, les choses ont évolué en faveur des fabricants. Seule la réglementation des bouteilles d’alcool est demeurée inchangée.
Aujourd’hui, avec l’augmentation des coûts des denrées agricoles, des matières premières utilisées pour les emballages, de l’énergie et des coûts de transport, la « réduflation » revient en force. Les industriels craignent visiblement d’augmenter leur prix, mesure impopulaire, s’il en est, auprès des consommateurs et préfèrent donc rogner sur la marchandise. Nombreux sont les consommateurs à avoir constaté ce phénomène qui touche tous les rayons des supermarchés et donc de nombreux produits alimentaires et non-alimentaires. Et Foodwatch a récemment lancé un appel aux témoignages sur Facebook pour dénoncer cette pratique. Pour grignoter quelques grammes ou quelques centilitres, les procédés sont multiples : ajout d’air dans les sachets, augmentation du renflement des bouteilles ou emballages, augmentation de la taille des contenants…
Pratique légale
Une telle pratique, pour insidieuse soit-elle, est légale. Vraisemblablement, à ce jour, aucune étude en France n’a été menée pour savoir combien de produits sont impactés ni si ces pratiques ont une incidence sur les habitudes d’achat. Mais devant la grogne qui commence à monter un peu partout dans le monde, certaines marques choisissent de communiquer, c’est le cas de Cadbury qui a annoncé l’an passé la réduction de la taille de quatre de ses barres au chocolat, mais pas du prix, en avançant l’argument de la lutte contre l’obésité… Sur le réseau social Reddit, plus de 15 000 membres d’un groupe « shrinkflation » partagent leurs découvertes et leur indignation.
Qu'est-ce que la Shrinkflation?
— BFMTV (@BFMTV) October 19, 2021
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Outre les consommateurs qui se sentent lésés, les agriculteurs à qui on achète moins de matières premières sont aussi les victimes collatérales de ces pratiques, des pratiques qui impactent également l’environnement en raison des surplus inutiles d’emballages. La loi anti-gaspillage qui prévoit la fin des emballages plastiques à usage unique d’ici 2040 pourrait contrecarrer certaines techniques employés par les industriels.
Une fois passée la période inflationniste, on peut s’interroger sur la pérennité de la « réduflation », il en est en effet peu probable que les marques rendent à leurs produits leur taille initiale. Les consommateurs, eux, pour y voir plus clair, n’ont d’autre choix que de scruter les emballages afin de se référer au prix en kilo ou au litre dont l’affichage est obligatoire.