[Ravageur] Lutter contre le charançon de la tige du colza
À la sortie de l’hiver, le charançon de la tige sort de sa tanière et peut occasionner de graves dégâts aux colzas. À surveiller pour traiter au bon moment.
À la sortie de l’hiver, le charançon de la tige sort de sa tanière et peut occasionner de graves dégâts aux colzas. À surveiller pour traiter au bon moment.
Description : reconnaître le charançon de la tige du colza
Dès que les températures se radoucissent en fin d’hiver, les charançons de la tige du colza (Ceutorhynchus napi) émergent des anciennes parcelles de colza où ils ont passé la mauvaise saison. Les cuvettes jaunes permettent de détecter les vols mais il ne faut pas se tromper dans la détermination de l’espèce. Muni d’un rostre, ce coléoptère ne dépasse pas les 3-4 mm de long mais il est plus grand que d’autres charançons rencontrés sur colza (des siliques, du bourgeon terminal). Il est de couleur gris cendré avec les extrémités des pattes noires.
Ses dégâts sur les tiges sont causés par les pontes des oeufs. On peut découvrir des orifices d’1 mm entourés de mucus blanchâtre, souvent situés à la base de ramification. Cette ponte engendre une déformation de la tige qui se tord, se renfle et peut éclater longitudinalement avec une moelle dissociée. Symptôme typique de pied attaqué : la plante se courbe en S avec la partie terminale repartant vers le haut. Après éclosion, la larve se développe dans la tige. Elle présente un corps sans patte, blanc à jaunâtre et avec une tête foncée. Elle mesure jusqu’à 8 mm de long.
Comment lutter contre le charançon de la tige du colza
Surveillance : Au moyen de cuvettes jaunes, on peut détecter les premiers vols de charançons de la tige. La surveillance démarre dès janvier. La cuvette devra être placée au-dessus de la végétation, à plus de dix mètres de la bordure et, si possible, en regard de la parcelle qui a accueilli du colza la campagne précédente. Certains organismes proposent des OAD de suivi du charançon de la tige mais ces outils sont encore perfectibles. Les BSV (bulletins de santé du végétal) apportent des indications sur les émergences de charançons dans chaque région.
Biologique : De nombreux auxiliaires participent à la régulation du charançon de la tige, les plus efficaces étant les hyménoptères parasitoïdes telle que la microguêpe Tersilochus fulvipes qui pond ses œufs dans les larves. C’est trop tard pour l’année en cours mais les auxiliaires exercent une régulation des populations au fil des ans s’ils sont préservés. Le taux de parasitisme est très variable mais peut atteindre 95 %.
Génétique : Il y a un déterminisme génétique chez le colza, des variétés se montrant moins sensibles que d’autres aux attaques du charançon. Mais cela n’est pas mis en avant en France dans la caractérisation des variétés commercialisées.
Chimique : Il est conseillé d’intervenir huit jours après les premières captures en cuvette jaune du charançon, avant la ponte des insectes dans les tiges. De nombreux insecticides à base de pyréthrinoïdes sont efficaces contre ce ravageur. En cas d’arrivée précoce avant reprise de végétation, Terres Inovia conseille d’attendre ce redémarrage afin de toucher un maximum d’insectes, tout en tenant compte des prévisions météo pour pouvoir traiter à bon escient. Compte tenu du risque de développement de résistances et pour protéger les auxiliaires, éviter tout traitement inutile avec les pyréthrinoïdes.
Cinq points clés sur le charançon
Ne pas confondre avec le charançon de la tige du chou (Ceutorhynchus pallidactylus), très fréquent mais beaucoup moins nuisible. Celui-ci présente une forte pilosité rousse, une tache blanche dorsale et les extrémités des pattes rousses.
Dès que la température dépasse les 9 °C, les charançons quittent les anciennes parcelles de colza pour coloniser celles en place. Avec quelques degrés de plus, les vols deviennent massifs, a fortiori s’il n’y a pas de vent ni de pluie.
Les pertes de rendement sont amplifiées et graves quand la culture subit un stress hydrique comme une sécheresse ou des attaques d’autres ravageurs à la reprise de végétation. Elles peuvent atteindre quelques quintaux à l’hectare (jusqu’à 12-15 % du rendement).
Affaiblie quand elle est attaquée par le charançon de la tige, la plante devient plus sensible à des contaminations secondaires de pathogènes comme le Phoma et à des attaques de méligèthes.
Des résistances aux pyréthrinoïdes ont été détectées dans quelques populations de charançon de la tige.