Prix du blé et du colza 2024 : quand vendre votre récolte ?
L’embellie du prix du colza depuis quelques semaines offre quelques opportunités aux producteurs de grandes cultures. C’est aussi le cas pour le prix du tournesol mais la faible récolte ne permet pas vraiment d’en profiter. En outre, le niveau actuel du prix du blé ne couvre pas les coûts de production. Quels sont les éléments à observer dans les mois qui viennent pour prendre les bonnes décisions pour la vente de sa récolte ?
L’embellie du prix du colza depuis quelques semaines offre quelques opportunités aux producteurs de grandes cultures. C’est aussi le cas pour le prix du tournesol mais la faible récolte ne permet pas vraiment d’en profiter. En outre, le niveau actuel du prix du blé ne couvre pas les coûts de production. Quels sont les éléments à observer dans les mois qui viennent pour prendre les bonnes décisions pour la vente de sa récolte ?
Si l’heure est à la stabilité du côté du prix du blé, les nouvelles sont meilleures pour le prix du colza qui semble tirer son épingle du jeu. « La hausse des cours du colza depuis quelques semaines fait du bien », estimait le 19 novembre Pierre-Antoine Foreau, directeur de Cereapro, qui considère que des opportunités sont à saisir pour les producteurs de grandes cultures qui ont du colza dans leur assolement.
Une augmentation de près de 40 €/t pour le colza
Le prix de la graine oléagineuse a, en effet, augmenté d’une quarantaine d’euros depuis début octobre pour se situer à 536 €/t au 21 novembre (colza Fob Moselle, source Réussir/La Dépêche). « Cette hausse s’explique par la flambée du prix de l’huile de palme qui entraîne dans son sillage le cours des autres graines riches en huile, dont le colza et le tournesol », explique Sébastien Poncelet, expert du marché des grains chez Argus Médias.
Un fort besoin d’importation de colza en Europe
En outre, sans être catastrophiques, les récoltes française et européenne de colza 2024 sont assez faibles comparées à la moyenne 5 ans. Ce qui se traduit par un fort besoin d’importation. « La montée du prix tient aussi au fait que l’Europe cherche à attirer les importations dont elle a besoin », avance Sébastien Poncelet. Le spécialiste considère toutefois que « le marché a déjà fait une bonne partie du chemin pour intégrer les tensions ». En clair, rien ne laisse présager que la hausse pourrait se poursuivre sans un nouvel élément déclencheur. « Les prix n’atteindront pas les sommets de 2021-2022 », prévient-il.
Les cours du tournesol flambent mais la faible récolte ne permet pas d’en profiter
Concernant les cours du tournesol, ils connaissent une hausse encore plus marquée que celle du colza. Au 20 novembre, la cotation Rendu Saint-Nazaire oléique s’élevait à 645 €/t, notamment du fait des très mauvaises récoltes en Europe (excès d’humidité en Europe de l’Ouest et sécheresse pour les pays de l’Est et de la mer Noire). Malheureusement, peu de producteurs sont à même de profiter de ces prix élevés du tournesol, étant donné la très faible récolte.
Quelle stratégie pour vendre sa récolte de blé tendre ?
Du côté du blé tendre, une hausse existe « mais elle est beaucoup plus timide », note Pierre-Antoine Foreau, qui ajoute : « le niveau actuel des cours est insuffisant pour couvrir les coûts de production à cause des mauvais rendements de cette année. » Face à des besoins immédiats de trésorerie, certains producteurs n’auront néanmoins pas d’autres choix que de vendre une partie de leurs céréales. Cela dépend aussi du niveau d’engagement. « L’agriculteur qui n’a encore rien vendu de sa récolte 2024 doit commencer à engager des volumes pour répartir son risque », conseille Matthieu Beyaert, responsable des marchés de la coopérative Noriap. En revanche, celui qui a déjà écoulé 70 ou 80 % peut se permettre d’attendre une éventuelle embellie.
Pour les producteurs concernés, « les blés durs et améliorants ainsi que l’orge de printemps sont des cultures intéressantes à vendre au regard des prix actuels de ces productions », glisse Pierre-Antoine Foreau.
Un petit volume exportable de blé français à écouler au bon moment
La situation française du blé tendre en 2024 est très particulière : il s’agit d’une des plus petites récoltes des 40 dernières années. Avec une production estimée à 25 millions de tonnes (Mt), le volume exportable s’élève à 4 Mt contre 10 ou 11 Mt habituellement. « C’est un petit volume qu’il faudra vendre mais le blé français n’a pas besoin d’entrer tout de suite dans le match de la compétition internationale », considère Sébastien Poncelet. Mi-novembre, l’évolution de la parité euro/dollar a donné un peu de compétitivité aux blés français. Après plusieurs semaines d’activité portuaire inexistante, quelques ventes ont pu se faire vers le Maroc.
Quelles perspectives concernant l’évolution du prix des céréales ?
D’après Sébastien Poncelet, le marché mondial du blé est actuellement à l’équilibre. Côté offre, la Russie, bien que très présente à l’export durant la première partie de campagne, bénéficie cette année d’un disponible exportable inférieur aux années précédentes, ce qui laisse penser qu’elle sera moins présente durant la deuxième partie de campagne. Les récoltes de l’hémisphère sud (Argentine et Australie) s’annoncent, pour leur part, d’un bon niveau. « Les perspectives de récoltes de l’hémisphère sud sont suffisamment bonnes pour contrer toute envolée des cours, mais les disponibilités en mer Noire sont suffisamment entamées pour éviter un effondrement », résume Sébastien Poncelet.
Concernant la demande, le fort retrait de la Chine, sur le podium des principaux importateurs mondiaux de blé depuis quelques années, n’est pas de nature à soutenir les prix.
Désormais, ce sont les soubresauts macroéconomiques et géopolitiques qui pourront faire évoluer le marché. « Les regards vont aussi rapidement se tourner vers la campagne 2025 », estime Sébastien Poncelet.