Semis tardif de céréales : cinq points clés pour en tirer le meilleur parti
Avec une météo annoncée sans pluie de façon durable, un semis tardif de blés et d'orges dans de bonnes conditions de ressuyage des sols apparaît possible courant novembre. Il permettra de garder un bon potentiel de rendement tout en réduisant la pression des graminées et des pucerons. Conseils d’Arvalis.
Avec une météo annoncée sans pluie de façon durable, un semis tardif de blés et d'orges dans de bonnes conditions de ressuyage des sols apparaît possible courant novembre. Il permettra de garder un bon potentiel de rendement tout en réduisant la pression des graminées et des pucerons. Conseils d’Arvalis.
- Choisir la bonne variété de blé en termes de précocité et d’alternativité
- Adopter une densité de semis qui compensera les pertes de pied en hiver
- Tirer des bénéfices du semis tardif contre les graminées et les pucerons
- Et en ce qui concerne les orges d’hiver ?
Vos céréales n’ont pas pu être semées à cause des pluies et d’un sol pas encore suffisamment ressuyé ? Tout n’est pas perdu, au contraire. Les prévisions météo semblent annoncer une accalmie durable du côté des précipitations ainsi que des températures douces, conditions propices au bon ressuyage des sols. Pour le blé tendre notamment, la réduction de potentiel de rendement associée à des semis tardifs reste limitée pour des semis en novembre.
Choisir la bonne variété de blé en termes de précocité et d’alternativité
Un semis tardif pourrait être sans impact sur le rendement
Dans une région comme le Centre ou le bassin Parisien, Arvalis estime les pertes de rendement à environ 10 % pour des semis de début novembre et de 20 % après le 20 novembre, avec les variétés les plus utilisées et une grande variabilité selon les conditions de semis. Mais un semis tardif pourra être sans impact sur le rendement s’il est réalisé avec une variété de précocité adaptée comme Prestance, blé très précoce, ou en conditions de fort enherbement en graminées et si les conditions de fin de cycle sont favorables.
Choisir des semis tardifs très précoces ou précoces
Pour les semis tardifs, le choix se portera sur des variétés très précoces ou précoces à montaison et à épiaison. Le semis de variétés demi-précoces à tardives à épiaison est déconseillé en revanche après le 1er novembre. Parmi les variétés très précoces à épiaison adaptées aux semis tardifs, il y a Prestance, SU Hycardi, Ampleur et, parmi les nouveautés, SU Canolon, LG Abrazo. Utilisables pour des semis en novembre, les variétés précoces à épiaison sont beaucoup plus nombreuses avec des variétés récentes et nouvelles. En région Centre et Bassin parisien à titre d’exemple, Arvalis conseille pour les semis tardifs des variétés comme Prestance, Celebrity, voire Arcachon, Talendor (après maïs), Macaron, Thermidor (nouveauté)…
Prendre en compte le facteur de l’alternativité pour les semis très tardifs
Autre caractère à prendre en compte, l’alternativité caractérise le nombre de jours de vernalisation nécessaire à une variété pour avoir la capacité d’épier au printemps. C’est un élément à retenir dans les cas de semis très tardifs à partir de décembre, derrière un précédent betterave par exemple. Les variétés dites alternatives ont besoin de peu de jours de vernalisation, une quinzaine seulement, avec des températures de vernalisation se situant de manière optimale entre 3°C et 11°C. Une note d’alternativité caractérise les variétés de blé, les plus alternatives étant notées de 5 à 7 (Prestance, Celebrity, RGT Nobello).
Adopter une densité de semis qui compensera les pertes de pied en hiver
La densité de semis doit être adaptée aux semis tardifs, à cause des risques plus élevés de pertes de pieds que des semis précoces, entre le semis et la levée notamment, et entre la levée et la sortie d’hiver. Les pertes de pied se chiffrent généralement aux alentours de 20 %. L’objectif est d’obtenir de 210 à 250 plantes/m2 en sortie d’hiver.
Plus le semis est tardif, plus la densité devra être augmentée
En semis tardif à partir de novembre, la densité sera supérieure à 280-300 grains/m2 dans la grande majorité des cas. La densité de semis sera augmentée d’1 % par jour de décalage, jusqu’à une certaine limite (350 à 400 gr/m2). Le type de sol intervient également dans le choix de la densité de semis, les terres fortes et argilo-calcaires superficielles caillouteuses exigeant les densités les plus élevées. Des tableaux régionaux relayés par les prescripteurs précisent les fourchettes de densités de semis selon la période, les conditions de travail et le type de sol.
La densité de semis sera augmentée en cas de mauvaises conditions de semis
Mais il vaut mieux différer un semis en attendant des conditions d’implantation favorables plutôt que mal implanter la culture à cause d’un sol mal ressuyé ou insuffisamment bien préparé. Attention aussi à l’utilisation de semences de ferme, dont le taux de germination peut nécessiter une adaptation de la densité de semis.
Tirer des bénéfices du semis tardif contre les graminées et les pucerons
Un décalage des semis vers des dates tardives diminue significativement la pression de graminées adventices comme le ray-grass et surtout le vulpin. La pression de JNO, virose transmise par les pucerons, est également nettement réduite dans ces conditions. Pour Quentin Girard, Arvalis Normandie, « c’est avec des semis en novembre que l’on mesure un vrai bénéfice sur les populations de graminées sur les parcelles sales. Si le potentiel de rendement est diminué de quelques quintaux avec ces semis tardifs, il permet d’éviter une perte potentielle plus élevée (à deux chiffres) avec la forte réduction de la concurrence des graminées, par rapport à des semis début octobre. »
Ingénieur Arvalis en Poitou-Charentes, Jean-Louis Moynier ajoute pour sa région : « avec le réchauffement climatique, des essais montrent sur des années différentes que l’enjeu rendement est anecdotique pour un semis au 15 novembre (comparé au 20 octobre), alors que la pression des pucerons et graminées se réduit. » Le semis tardif permet aussi de diminuer la pression de maladies.
Et en ce qui concerne les orges d’hiver ?
Comme pour le blé tendre, les pertes de potentiel de rendement sont de l’ordre de 10 % pour des semis début novembre et de 20 % fin novembre sur les orges d'hiver, selon des essais dans le Centre et en Île-de-France. L’orge est plus sensible que le blé tendre à la qualité d’implantation et en particulier au manque d’oxygène lié à une mauvaise structure du sol ou un excès d’eau. Elle résiste moins au gel que le blé.
Bien choisir la variété d’orge d’hiver, ultra précoce ou très précoce
Les orges d'hiver comptent des variétés classées ultra précoces ou très précoces à montaison et/ou à épiaison comme LG Zebra, LG Zorica, Fascination, LG Zelda, Rafaela, KWS Jaguar, LG Zenica… Les variétés précoces sont multiples. Il y a de nettes différences en densités de semis conseillées entre escourgeons et orges 2 rangs, ces dernières devant être semés plus denses. Les tableaux régionaux établissent les préconisations par type de sol et dates. Comme pour le blé, il faudra majorer les densités de semis de l’ordre de 1 % par jour de retard à partir du 20 octobre et ne pas dépasser un maximum de 350 grains/m2 en conditions bonnes d’implantation.
Une option : semer à l’automne une orge de printemps
L’exposition aux risques de gel est une réalité pour les orges de printemps semées à l’automne, mais de plus en plus rares avec le changement climatique. L’intérêt principal de semer une orge de printemps à l’automne réside dans l’augmentation conséquente de rendement (+ 15 à 20 %), par rapport à un semis de printemps. Le semis tardif courant novembre se prête bien à cette pratique et il est même conseillé. Semée en octobre, l’orge de printemps est davantage soumise à des risques de gel qu’implantée en novembre, voire décembre.