Rentabilité des exploitations
Trois raisons pour investir dans les bâtiments d’élevage
Le CER France Côtes-d’Armor démontre sous trois angles différents que la relance des investissements est une nécessité pour maintenir la compétitivité des élevages.
Le CER France Côtes-d’Armor démontre sous trois angles différents que la relance des investissements est une nécessité pour maintenir la compétitivité des élevages.
Les investissements réalisés en élevage ces dernières années n’ont pas permis d’assurer un renouvellement suffisant des outils de production. Un constat réalisé lors d’une matinale organisée le Cerib (1) et les entreprises bretonnes spécialisées dans les produits béton à Saint-Brieuc le 4 octobre dernier, et qui milite en faveur d’une relance des constructions de bâtiments d’élevages. Georges Douguet, économiste au CER France Côtes d’Armor, a mis en avant l’intérêt d’investir en argumentant sur trois points essentiels dont l’objectif final est d’assurer la compétitivité des exploitations.
La baisse de 0,22 point d’indice de consommation global en dix ans (de 2006 à 2016) équivaut à une diminution du coût de production de 3,3 centimes par kilo de carcasse. Dans le même temps, la productivité a augmenté de 3,3 porcs par truie, pour atteindre 26 porcs vendus par truie et par an (critère CER France). « Logiquement, la moyenne devrait atteindre le niveau de performances des 10 % meilleurs actuels dans les dix prochaines années, soit 29 à 30 porcs par truie », analyse Georges Douguet. Une course à la performance rendue nécessaire par la corrélation démontrée entre la technique et l’économie. Mais pour cela, il faut investir. Une étude réalisée par le centre de gestion à partir des résultats Bretagne de 2014 démontre que les meilleurs résultats techniques sont obtenus dans les outils les plus récents, ayant le plus de capital d’exploitation (4 073 euros par truie pour les meilleurs techniquement contre 3 133 € pour les moins bon). Ce groupe se distingue par un meilleur coût de revient (+ 8 c/kg de carcasse par rapport aux élevages ayant les moins bons résultats techniques), un taux d’endettement plus faible (- 6 %) et une trésorerie nette globale moins déficitaire (+ 16 € par truie). « Un éleveur a quatre fois plus de chance d’avoir de meilleures performances économiques avec de bons résultats techniques », précise l’économiste. « La technique n’est pas le seul critère de la performance économique, mais elle permet de mieux résister aux crises ».
L’âge moyen du parc bâtiment est de 22 ans. Les investissements réalisés ces dernières années n’ont pas suffi à maintenir les outils de production en bon état. « Alors qu’entre 1990 et 1992, on investissait 33 centimes par kilo de carcasse en euros constants, les investissements se sont situés en 2015 et 2016 entre 9 et 11 centimes par kilo, après un pic à 16 centimes en 2015 et 2016 lié aux mises aux normes bien-être », déplore Georges Douguet. Toujours selon l’étude du CER France réalisée en 2014, les éleveurs qui ont investi le plus ont un coût de revient identique à la moyenne (1,56 €/kg de carcasse), malgré un capital d’exploitation ramené à la truie presque deux fois plus élevé que la moyenne (6 032 €, contre une moyenne de 3 688 € par truie), et un niveau de dettes totales nettement supérieur (166 €/100 kg contre 105 € pour la moyenne). « Mais ce sont de bonnes dettes, qui assurent de meilleures performances techniques, une meilleure cohérence de la chaîne de bâtiments et une amélioration des conditions de travail. Ces investissements permettent également une meilleure image de la production et un attrait renforcé du métier pour les plus jeunes. »
Alors que la part des bâtiments et des équipements dans le coût de production est stable (11,7 % en moyenne sur cinq ans), celle de l’énergie ne cesse d’augmenter. Entre 2007 et 2016, les dépenses de gaz et d’électricité sont passées de 2,5 à 4,2 centimes pour 100 kg de carcasse. « Ce poste devient plus important que le montant des frais financiers depuis trois ans », prévient Georges Douguet, qui souligne que le choix de s’engager vers des économies d’énergie sera de plus en plus rentable.
(1) Le Cerib est un centre technique industriel de recherche et d’innovation créé en 1967 à la demande de la Fédération de l’industrie du béton. Il exerce son activité entre essais et évaluations, études et recherches, normalisation et certification, appui technique et transfert de connaissances, et dispose d’un centre de formation.Le PCAEA booste les investissements
En 2016, les aides PCAEA ont été de 16,1 millions d’euros pour le porc en Bretagne, pour un montant d’investissement de 48,9 millions d’euros. « C’est de l’argent engagé par l’Europe, l’État et la Région, pour aider les agriculteurs à moderniser leurs bâtiments dans le but de produire mieux et moins cher », a rappelé Olivier Allain, vice-président de la région Bretagne en charge de l’agriculture, en introduction à la matinale du Cerib. « Un euro de PCAEA, c’est 6,25 euros d’investissement dans les élevages. Ces aides constituent la plupart du temps le coup de pouce qui décide l’éleveur d’investir. » Lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était engagé à consacrer cinq milliards d’euros au soutien de l’agriculture française (voir Réussir Porc juin 2017, page 12). Pour Olivier Allain, également coordinateur des États généraux de l’alimentation, l’objectif est toujours d’actualité. « Nous avons pris du retard dans la modernisation de nos exploitations par rapport à nos concurrents. Une dynamique d’investissement est nécessaire pour maintenir les élevages dans nos régions. »