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Relancer la dynamique en fédérant les groupements

Pour Michel Bloc'h, président de l'UGPVB, le défi du renouvellement des générations et l’avenir du bassin de production passent par la mise en place d’une meilleure organisation pour agir en commun.

Michel Bloc'h, président de l'union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB). "Une AOP permettrait de mener plus efficacement des actions communes."
© D. Poilvet
Quelle est votre analyse du fonctionnement du MPB depuis sa refonte en 2015 ?

Avec deux fois moins de porcs présentés et les deux acteurs majeurs de l’aval en retrait, le rapport de force entre vendeurs et acheteurs est moins équilibré qu’avant la réforme du cadran. Néanmoins, je salue toutes les énergies positives de l’amont et de l’aval qui ont contribué à sa relance. Durant ces derniers mois, on a constaté des absences de fluidité alors qu’il y avait dans le même temps des écarts de prix avec les cotations allemandes et espagnoles. Ce n’est pas normal et les éleveurs sont les premiers pénalisés par cette situation.

Comment l’expliquez-vous ?

Les restructurations des entreprises de l’aval ont diminué le nombre d’opérateurs acheteurs. Ceux-ci n’ont plus le même souci du dernier cochon à acheter. Par ailleurs, pour éviter les retards d’enlèvement, chaque organisation de producteur (OP) doit faire ce qu’elle peut à son niveau avec ses partenaires de l’aval pour gérer la fluidité.

Que proposer pour renforcer le poids des producteurs au marché ?

La solution passe obligatoirement par une mutualisation, une gestion plus collective au niveau des OP amont (1) en cas de problèmes de fluidité. L’évolution récente du droit européen sur la concurrence et les orientations exprimées dans le cadre des États généraux de l’alimentation visant à renforcer le pouvoir de marché des éleveurs invitent les OP porcines à agir en AOP (associations d’organisations de producteurs). Une telle structure, qui n’a pas vocation à s’ingérer au niveau des OP membres, permettrait de mettre en place des actions collectives pour prévenir ou gérer les crises, soutenir le fonctionnement du marché du porc, et mener en commun des actions « structurelles » collectives de manière plus efficace. Ce dernier axe de travail pourrait être mené dans un périmètre plus large incluant les OP impliquées dans l’aval.

Prévenir ou gérer les crises, oui mais comment ?

En cas de manque de fluidité dans les enlèvements, des mesures collectives au niveau des OP amont telles que, par exemple, la commercialisation en vif ou en carcasse de l’excèdent de porcs seraient à même de rétablir un équilibre du marché et de la fluidité en faveur des éleveurs. Ce type de mesures n’empêcheront pas les crises. Mais elles permettront aux éleveurs d’avoir la certitude qu’ils ont obtenu le juste prix, ce qui n’est peut-être pas toujours le cas actuellement.

Comment soutenir le fonctionnement du marché ?

Certaines OP prélèvent déjà une cotisation auprès de leurs adhérents pour aider les éleveurs qui vendent leurs porcs via le MPB. C’est une très bonne action. Il conviendrait de l’étendre, en commun, à toutes les OP amont. Elle aurait l’avantage d’impliquer, dans le fonctionnement du marché, les porcs répondant à des cahiers des charges spécifiques. Il faut souligner que la plus-value liée à la segmentation, qui par ailleurs est nécessaire, n’a de valeur que si le prix de base est correctement défini.

En dehors du soutien au MPB, quelles actions collectives peuvent être menées au sein de cette AOP ?

Des actions communes déjà conduites au sein de l’UGPVB pourraient être reprises par l’AOP : mise en œuvre du cahier des charges QT, négociation collective de la fourniture d’électricité, guide de l’environnement et de l’urbanisme, promotion des bonnes pratiques… Des démarches de progrès tels que le Contrat d’avenir sociétal pourraient aboutir plus facilement. Et envisager des financements ou cofinancements, pourquoi pas, par une enveloppe du deuxième pilier de la PAC comme pourrait le permettre demain la nouvelle PAC. Si nous bâtissons un projet et si nous sommes déterminés, je pense que l’État pourrait nous appuyer. Il faut relancer la dynamique pour les jeunes générations. Nous sommes à un virage.

L’AOP, c’est en quelque sorte un super-groupement ?

Non. Surtout pas. Je tiens à la diversité des OP avec leurs spécificités propres à chacune. Même s’il peut encore y avoir des restructurations, nous devons conserver cette diversité, source d’émulation. Chaque producteur doit avoir la possibilité de choisir la structure qui lui convient le mieux, tout en étant conscients que les actions collectives sont indispensables pour soutenir la production. Le collectif, c’est aussi l’action interprofessionnelle avec un axe majeur à renforcer, la promotion du Porc français. Dans une Europe des distorsions de concurrence, c’est essentiel pour valoriser nos produits sur le marché national et ceci dans l’intérêt de tous les maillons de la filière.

(1) Les organisations de production amont sont celles qui ne sont pas engagées dans les outils d’abattage et de transformation.

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