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Recensement agricole 2020 : La concentration des élevages de porcs se poursuit

Le recensement de 2020 confirme la baisse continue du nombre d’exploitations porcines. Malgré une spécialisation croissante, plus de la moitié des fermes porcines françaises restent polyvalentes.

En 2020, la France comptait 8 448 élevages porcins de taille significative, c’est-à-dire ayant au moins 20 truies ou 100 porcs. C’est deux fois moins qu’il y a 20 ans, selon le dernier recensement agricole. Basé sur une enquête approfondie, il fournit une photographie exhaustive de la ferme France à chaque décennie. Les données concernant les exploitations porcines, analysées par l’Ifip, confirment la concentration structurelle de la production, en particulier pour le naissage.

 

 
La concentration des élevages de porc se poursuit

 

En 2020, la France ne comptait plus que 4 426 élevages de truies (naisseur et naisseur-engraisseur), contre 10 217 il y a 20 ans et 6 369 en 2010. « Un élevage de truies sur trois disparaît par décennie : en 20 ans, la France a perdu une truie sur trois », a souligné Christine Roguet, de l’Ifip lors des Journées de la recherche porcine.

Le naissage s’est concentré, avec 4 400 exploitations porcines détenant la quasi-totalité des truies.

« Ceci soulève l’enjeu de l’approvisionnement en porcelets. » Le nombre d’élevages sans truies (post-sevrage et/ou engraissement) a également diminué mais dans une moindre mesure, pour atteindre 4 022 unités en 2020. La France comptait alors 13,3 millions de porcs dont presqu’un million de truies.

Davantage de lien au sol

Cette concentration structurelle se traduit par une augmentation de la taille moyenne des exploitations porcines (de plus de 20 truies), passant de 179 truies en 2010 à 226 en 2020. Particularité française, le modèle naisseur-engraisseur est toujours prédominant. Il représente 44 % des exploitations porcines, 80 % des truies et 62 % des places d’engraissement. Concernant le lien au sol, les exploitations porcines disposant de terres ont vu leur surface agricole progresser de 83 à 102 hectares en dix ans, souvent dans un objectif d’amélioration de l’autonomie alimentaire de l’élevage de porcs.

 

 
La concentration des élevages de porc se poursuit

 

Cependant, la part des élevages sans surface agricole a aussi augmenté, passant en vingt ans de 1,6 % à 7,5 % des exploitations, ces dernières représentant 17 % du cheptel. « Une partie du cheptel porcin se concentre vers des exploitations spécialisées, sans foncier, sans autre production animale voire sans truies », analyse Christine Roguet. Cette statistique pourrait s’expliquer d’une part par le développement des maternités collectives, d’autre part par la séparation des ateliers porc et culture dans des structures juridiques différentes, qui ne remettent pas en cause le lien au sol de l’exploitation porcine.

Les exploitations spécialisées plus nombreuses

Malgré la spécialisation croissante des élevages, la production porcine garde une grande diversité de types et de tailles d’exploitation. « C’est une particularité française, offrant à l’exploitant la possibilité de choisir un modèle d’élevage qui lui convient », relève l’économiste. Trois grands types d’exploitation porcine se côtoient et connaissent des dynamiques différentes. Le premier est l’exploitation spécialisée, ne faisant que du porc et avec un foncier limité, dont la part est en augmentation (44 % des élevages en 2020 contre 33 % en 2020). « Elle est l’archétype de la ferme porcine française. Les élevages « hors sol » avec truies représentent 50 % du cheptel national et ont la plus grande dimension économique. Ils détiennent en moyenne 287 truies, 78 hectares de SAU et font travailler 3,05 équivalents temps plein (ETP), pour moitié salariés. »

Le deuxième type est l’exploitation mixte porcs-herbivores représentant 29 % des élevages et 21 % des porcs. Cette catégorie est en décroissance. Il s’agit d’ateliers de taille plus modeste.

Enfin, les exploitations de polyculture-élevage associent significativement l’élevage de porcs à la production de cultures, voire d’herbivores. Ce type croît légèrement et représente 20 % des exploitations porcines et 11 % des porcs. Il évolue différemment selon les régions, analyse l’Ifip. « La polyculture-élevage régresse dans les zones fortement orientées vers les productions végétales (Centre, Bourgogne, Picardie) et progresse dans les zones d’élevage disposant de terres labourables (Bretagne). »

L’enjeu de la transmission des exploitations

Les exploitations porcines font travailler entre 12 430 et 31 640 ETP selon le champ (spécialisées ou tous les élevages d’au moins un porc). L’âge moyen du chef d’exploitation continue d’augmenter passant de 41,8 ans en 2000, à 46,4 ans en 2010 et 48,8 ans en 2020. Fait marquant, un tiers des porcs sont détenus par un chef d’exploitant de 55 ans et plus (7 % en 2020), mettant en exergue l’enjeu du renouvellement des exploitations.

En chiffres

L’exploitation moyenne porcine française

230 : nombre de truies par élevage

44 % : part d’élevages naisseur-engraisseur

7,5 % : part des exploitations sans terre (17 % du cheptel)

102 hectares : surface moyenne des exploitations porcines avec lien au sol

48,8 ans : âge moyen de l’exploitant

Repères

Parmi les 390 000 exploitations agricoles françaises recensées en 2020, une sur deux détient de l’élevage, toutes espèces et tailles confondues. Cette part était de 69 % en 2000. Une exploitation d’élevage sur trois a disparu par décennie. Cette forte baisse s’explique surtout par la disparition d’exploitations avec un élevage non significatif et d’exploitations mixtes granivores/herbivores.

Des évolutions contrastées du cheptel selon les régions

L’analyse de l’Ifip confirme que les territoires se spécialisent davantage que les exploitations. La Bretagne reste de loin la première région en cheptel porcin, suivie des Pays de la Loire puis de la Normandie. Ces trois régions concentrent 72,5 % des porcs et 69,5 % des truies. Entre 2010 et 2020, le cheptel a davantage baissé en Bretagne (-4,3 % en moyenne, jusqu’à -7 % dans les Côtes-d’Armor et -5,2 % dans le Finistère) qu’hors Bretagne (-2,5 %). Certaines régions qui avaient connu une croissance de leur cheptel sur 2010/2020 se sont bien maintenues (Champagne-Ardenne, Poitou-Charentes), quand d’autres ont renoué avec la croissance (Haute-Normandie) ou au contraire ont accéléré leur décroissance (Picardie).

 

 
 
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