Étude technico-économique
Prestor mesure les effets collatéraux du vaccin contre l’œdème
Une analyse des GTE de cinq élevages touchés par la maladie de l’œdème démontre que la vaccination améliore la croissance et l’indice de consommation en post-sevrage et en engraissement.
Une analyse des GTE de cinq élevages touchés par la maladie de l’œdème démontre que la vaccination améliore la croissance et l’indice de consommation en post-sevrage et en engraissement.
Pour Danièle Autret, vétérinaire au groupement Prestor, la shigatoxine, principale cause de la maladie de l’œdème en post-sevrage, a d’autres effets que la mortalité des porcelets. « Grâce aux GTE trimestrielles réalisées dans les élevages qui ont vacciné contre cette maladie, nous avons pu démontrer que les performances de croissance et d’indice de consommation s’améliorent après la mise en place de la vaccination Ecoporc Shiga, aussi bien en post-sevrage qu’en engraissement », affirme-t-elle.
L’étude Prestor réalisée dans cinq élevages ayant mis en place la vaccination Ecoporc Shiga démontre une baisse du taux de pertes en post-sevrage de 2,2 % en comparant les résultats GTE un an avant et un an après la vaccination. « On passe de 4,8 % à 2,6 % », constate Hervé Pelleau, responsable technique Prestor. Cet écart est moins important que les données collectées depuis le lancement du vaccin par le laboratoire IDT Biologika, qui met en avant une baisse de 5,2 points. « Notre chiffre est calculé sur la comparaison des bandes précédant la vaccination à celles qui la suivent, généralement quatre avant et quatre après », justifie Agnès Jardin, vétérinaire conseil IDT Biologika. « L’étude Prestor complète nos données en mesurant l’effet de la vaccination sur le long terme. » Par ailleurs, Prestor constate aussi une baisse du taux de pertes en engraissement de 0,9 %. Soit au final une augmentation de la productivité des truies de 0,8 porc vendu par an.
Amélioration également en termes de croissance, essentiellement en engraissement (+ 26 g/j de GMQ, contre + 5 g/j en post-sevrage). « La période d’engraissement, plus longue, est plus propice à l’expression des effets de la vaccination », explique Agnès Jardin. Au final, le gain de croît cumulé du sevrage à la vente se traduit par une progression de 2,9 kg vifs par porc à l’abattage.
Enfin, l’effet de la vaccination sur l’indice de consommation est net, avec une baisse de 0,11 en post-sevrage et de 0,12 en engraissement. « Une évolution qui fait économiser dix kilos d’aliment par porc vendu », souligne Hervé Pelleau, qui calcule au final un gain brut lié à l’ensemble de ces améliorations techniques de 6 euros par porc. En retirant le coût du vaccin et les autres frais de sécurisation sanitaire des animaux, le bénéfice net par porc est de 4,60 euros, hors main-d’œuvre. « Difficile de comparer le coût de la main-d’œuvre de la vaccination d’une part, et du temps passé à surveiller et à traiter des animaux non vaccinés d’autre part », justifie Paul Créac’h, directeur commercial IDT Biologika France.
Une vaccination à ne pas engager à la légère
Pour Danièle Autret, vétérinaire Prestor, cette étude apporte aux éleveurs des éléments nouveaux dans leur prise de décision de vacciner ou non leurs animaux. « La vaccination contre la maladie de l’œdème est un investissement important qui ne doit pas être engagé à la légère », explique-t-elle. « Dans beaucoup d’élevages où les taux de pertes avaient fortement augmenté à cause de la maladie, elle soulage les éleveurs, qui la considèrent comme un outil de prévention incontournable. Mais la décision de vacciner est plus difficile à prendre quand le taux de perte en post-sevrage stagne autour de 4-5 % ». La vétérinaire souligne aussi que certains éleveurs arrivent à contenir les mortalités de la maladie de l’œdème sans vaccin, en maîtrisant l’ensemble des facteurs de risque. « Mais dans ces conditions, il faut être d’une vigilance extrême pour maintenir ces mesures au quotidien », prévient-elle. « L’éleveur doit aussi faire un calcul économique des différentes solutions proposées. Les alternatives (acidification de l’eau, aliments sécurisés…) sont parfois plus coûteuses que le vaccin. »
Une maladie déclenchée par la shigatoxine
La maladie de l’œdème apparaît principalement chez les porcelets au cours des deux premières semaines suivant le sevrage. Elle peut également toucher des animaux plus âgés jusqu’au stade d’engraissement. L’œdème se déclenche suite à la diffusion dans l’organisme de shigatoxines (aussi appelées Stec) produites par des Eschericha coli présents dans l’intestin des porcelets.