« Nous voulons produire du porc autrement »
Julien Richeux et Sylvain Boishardy sont installés depuis le 1er juillet, à la tête d’un atelier de 400 truies naisseur-engraisseur. Leur objectif est de développer un élevage en phase avec le bien-être des animaux et le confort de travail.
Julien Richeux et Sylvain Boishardy sont installés depuis le 1er juillet, à la tête d’un atelier de 400 truies naisseur-engraisseur. Leur objectif est de développer un élevage en phase avec le bien-être des animaux et le confort de travail.

Associés depuis le 1er juillet à la tête de la SCEA du Bois Joly à Plaintel dans les Côtes-d’Armor, Julien Richeux et Sylvain Boishardy ont une vision très précise de l’élevage de porc qu’ils veulent développer à la suite de leur installation. « Nous prenons beaucoup plus en compte le bien-être animal dans nos investissements que la génération précédente, explique Sylvain. En France, le mode de production va évoluer, c’est une évidence. La prise en compte du bien-être animal est devenue un phénomène de société. Quand tu as 30 ans, tu dois l’anticiper et en tenir compte pour assurer la pérennité de ton exploitation. »

« Idéalement, nous souhaiterions construire un bâtiment bien-être Physior. Mais le modèle économique de ce type de production est en cours de validation. Le bien-être animal doit s’accompagner d’une meilleure rémunération pour couvrir les investissements supplémentaires. »
Travailler dans un environnement agréable
Cette recherche d’un meilleur bien-être animal va aussi de pair avec la volonté de travailler dans de bonnes conditions. « Nous voulons évoluer dans un environnement agréable, avec un emploi du temps permettant de concilier vie professionnelle et vie privée », souligne Julien. Les deux associés se sont mis d’accord sur des horaires de travail raisonnables, et sur la prise de cinq semaines de congé par an, complétés ponctuellement par des journées au cours de l’année. Les travaux des champs sont intégralement assurés par des prestataires, de même que le transfert des porcelets vers les sites extérieurs et le suivi d’un engraissement de 1 800 places situé en Ille-et-Vilaine. « Nous nous consacrons exclusivement à notre atelier porcin », soulignent-ils. Ils sont aidés pour le moment par un apprenti.

« Nous embaucherons un salarié plus tard, quand nous aurons une meilleure assise financière. » En attendant, ils comptent sur les nouveaux investissements pour les aider à mieux s’organiser. « L’emplacement de la nouvelle verraterie et sa conception nous ont permis de gagner une demi-journée de travail à chaque sevrage », souligne Julien. Ils contribuent aussi à l’amélioration des résultats techniques. « Nous avons une bonne assise sanitaire, grâce notamment à l’autorenouvellement qui a toujours été pratiqué sur l’élevage. » Les dépenses de santé n’excèdent pas 40 euros par truie et par an, grâce à la quasi-absence de traitements médicamenteux et à un programme vaccinal très allégé. La production de mâles entiers expérimentée en partenariat avec un abatteur client du groupement Syproporcs a permis de réduire l’indice global de plus de 0,2 point. La productivité des truies a suivi le progrès génétique, avec désormais plus de 13 porcelets sevrés par portée.
Trouver le bon équilibre
Les deux jeunes éleveurs sont cependant conscients que la pérennité de leur entreprise passera par une bonne entente entre eux. « Nous avons la même vision de l’élevage. Nous nous connaissons depuis longtemps et avons les mêmes passions en dehors du travail, pour le foot notamment, soulignent-ils. Il faut cependant trouver un bon équilibre en termes de prises de décision et de travail, et surtout se méfier d’un excès de confiance qui pourrait engendrer des conflits. »
De son côté, Julien est conscient de son manque d’expérience. « Depuis le moment où Sylvain m’a proposé de m’installer avec lui, je n‘ai travaillé qu’un an dans l’élevage en tant que salarié, sans faire de formation qualifiante. Je me suis spécialisé dans la maternité, que je maîtrise à 80 %. Mais j’ai encore beaucoup de choses à apprendre sur le reste de l’élevage. » Il apprécie particulièrement la diversité du métier. « Les connaissances doivent être multiples », souligne-t-il : technique, vétérinaire, bâtiment, environnement… « C’est un métier très enrichissant. Nous ne connaissons pas la routine. »
Les conditions d’installation jouent aussi un rôle essentiel dans la réussite de leur carrière. « Avec mon père, nous avons réalisé trois expertises pour évaluer au plus juste la vraie valeur économique de l’élevage, se souvient Sylvain. Au moment de procéder à la cession des actifs, les comptes courants associés à l’exploitation peuvent parfois représenter des sommes conséquentes. Il faut en tenir compte dans le prix total de la reprise. » L’accompagnement financier triennal de Syproporcs et du Gouessant (voir encadré) leur apporte un soutien déterminant. « Trois ans, c’est la durée durant laquelle nos remboursements sont au maximum. Actuellement, le prix garanti sur 50 % de notre production nous permet de couvrir l’ensemble de nos charges, malgré la mauvaise conjoncture. Cela nous permettra peut-être d’anticiper la construction de notre nouveau bâtiment d’engraissement », concluent Julien et Sylvain.
« Quand tu as 30 ans, tu dois anticiper les demandes sociétales »
Côté éco
Curriculum
Julien Richeux
Sylvain Boishardy
Fiche d’élevage
SCEA du Bois Joly à Plaintel (Côtes-d’Armor)
Un dispositif complet proposé par Le Gouessant et Syproporcs
« L’installation des éleveurs et leur réussite sont une priorité pour la coopérative Le Gouessant et Syproporcs, en mettant à disposition des porteurs de projet un dispositif complet. Une équipe spécialisée intervient dès la définition du projet.
