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Flambée de l'énergie : L’industrie de la viande porcine est sur le gril

La flambée du prix de l’énergie inquiète l’aval de la filière qui réclame la mise en place d’un bouclier tarifaire. En attendant, ce sont les plus petits opérateurs qui sont menacés à court terme.

Avec un prix de l'énergie multiplié par cinq pour l’électricité et par près de deux pour le gaz en deux ans, la pression est maximale chez les abatteurs et les transformateurs.
Avec un prix de l'énergie multiplié par cinq pour l’électricité et par près de deux pour le gaz en deux ans, la pression est maximale chez les abatteurs et les transformateurs.
© D. Poilvet

Ces dernières semaines, les syndicats professionnels ont alerté le gouvernement et les consommateurs de la situation difficile que rencontrent leurs adhérents sur le front de l’énergie. L’interprofession Inaporc évoquait le 17 novembre une « filière porcine au bord de la rupture » et soulignait le risque d’importations en hausse. Dans un communiqué publié le 17 octobre, la fédération des charcutiers-traiteur (la Fict représente 85 % du secteur avec 300 entreprises adhérentes) pointait du doigt le risque de défaillance des entreprises. Avec un prix multiplié par cinq pour l’électricité et par près de deux pour le gaz en deux ans, la pression est maximale, surtout chez ceux qui « doivent renégocier sur cette fin d’année leur contrat d’énergie pour les trois prochaines années », explique Paul Rouche, directeur de Culture viande, syndicat des industries de la viande — 180 à 200 établissements d’abattage-découpe et de transformation (80 % du secteur, hors Cooperl qui n’adhère pas).

Les grands industriels les plus exposés

Pour les entreprises de charcuterie, le seul surcoût du prix de l’énergie sur l’année 2022 devrait représenter 3,3 % de leur chiffre d’affaires en moyenne, voire près de 8 % pour ceux ayant signé le contrat le plus défavorable, précise la Fict. Une charge difficilement surmontable quand on connaît la marge nette moyenne du secteur de la charcuterie sur les cinq dernières années : entre 1,2 et 2,7 %, toujours selon la Fict. Les industriels demandent la mise en place d’un bouclier tarifaire efficace pour protéger les entreprises. La création d’un guichet d’aides publics annoncée en octobre lors du Salon international de l’alimentation (Sial) à Paris va dans le bon sens, disent les spécialistes du secteur. « Mais en réservant son accès à ceux dont le poste énergie représente plus de 3 % du chiffre d’affaires, c’est-à-dire aux très petites entreprises, il exclut d’emblée les grands industriels », déplore Paul Rouche. Pour Culture viande, ce sont « 10 à 15 % des entreprises du secteur qui pourraient stopper leurs activités ».

Répercussion auprès des clients marginale

 

 
« 10 à 15 % des entreprises du secteur qui pourraient stopper leurs activités »
« 10 à 15 % des entreprises du secteur qui pourraient stopper leurs activités » © Culture viande
Avec une telle progression des charges, les industriels n’ont pas d’autre choix que d’augmenter le prix de vente de leurs produits. Or, « la répercussion des surcoûts de gaz et d’électricité dans les contrats commerciaux avec les clients distributeurs reste aujourd’hui très marginale », souligne la Fict. Dans le même temps, les principaux pays producteurs européens de porcs ont mis en place des boucliers efficaces. « L’Allemagne annonce […] un plafonnement du prix de l’électricité à 130 euros le MWh, l’Espagne et le Portugal à 200 euros alors que plusieurs entreprises françaises (l’ont payé) plus de 500 euros », déplore l’interprofession Inaporc. Ce différentiel de prix dégrade la compétitivité de la filière française et accélère le flux des importations. Sur les sept premiers de l’année, les importations de porcs ont progressé de 6,6 % selon Inaporc, celles de produits de charcuterie de 31 % (dixit la Fict), mettant à mal l’idée de souveraineté alimentaire.

 

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