Les instituts techniques cartographient la biomasse agricole
Un outil de représentation géographique des déjections animales et de la biomasse végétale est en accès libre sur internet. Connaître leur répartition territoriale permet de mieux les gérer.
Un outil de représentation géographique des déjections animales et de la biomasse végétale est en accès libre sur internet. Connaître leur répartition territoriale permet de mieux les gérer.
Le développement de projets de méthanisation ou toutes autres formes de valorisation et de gestion des biomasses agricoles passe notamment par une meilleure connaissance de leur disponibilité (quantité, nature, localisation) avec un maillage aussi fin que possible. Le projet Elba (évaluation de la biomasse agricole), réalisé par les Instituts techniques animaux (Ifip, Idele et Itavi) et Arvalis, a produit un outil partagé d’évaluation et de représentation géographique des ressources en biomasse agricole en France : effluents des élevages de porcs, ruminants et volailles, coproduits de grandes cultures et cultures dédiées. L’ensemble des données sont regroupées sur le site https://elba.arvalis-ext.com.
18 millions de tonnes de lisier et 640 000 tonnes de fumiers
La quantité de déjections produite est principalement le reflet des effectifs d’animaux. L’outil Elba montre qu’à l’échelle nationale, la filière porcine produit 18 millions de tonnes de lisier et 640 000 tonnes de fumiers. La Bretagne en représente respectivement 58 et 27 %. 40 % des lisiers étant produits sur les seuls départements du Finistère et des Côtes-d’Armor. La région Pays de la Loire est la seconde région productrice de porc. La proportion de porc sur paille demeure minoritaire par rapport au caillebotis, mais dans une bien moindre mesure qu’en Bretagne, puisqu’elle produit un peu moins de 12 % de la production nationale des lisiers et 22 % des fumiers.
Si 50 % des lisiers et fumiers porcins français étaient méthanisés, cela permettrait de produire au total 1,02 TWh d’énergie primaire, soit l’équivalent de la consommation d’énergie finale de 65 000 ménages, chauffage compris. Cet outil montre que l’ensemble des déjections animales (lisier, fumier et fiente) représentent 120 millions de tonnes (Mt) de matières brutes, 24,2 Mt de matière sèche et 19,4 Mt de matière organique. Convertis en biogaz, ils correspondraient à 45 TWh d’énergie primaire (l’équivalent des besoins en énergie finale de 2,6 millions de ménages) issue à 76 % de la filière ruminant, 10 % de la filière équine, 9 % de la filière avicole et 5 % de la filière porcine. La Bretagne est la première région productrice de déjections animales brutes devant les Pays de la Loire (respectivement 18 et 14 % de la production nationale) mais cette dernière devance la Bretagne en termes d’équivalent énergie primaire (respectivement 14 et 13 %).
Biomasse végétale durablement disponible
Outre les déjections animales, l’outil Elba dispose de la biomasse végétale durablement disponible. Il s’agit de la production techniquement récoltable moins les usages identifiés à ce jour (comme notamment les besoins de paillage des animaux). À l’échelle nationale, ce gisement est actuellement estimé à 6,6 Mt de matière brute. Il se répartit entre rafles de maïs et pailles à céréales (38 % du total national pour l’un et l’autre), paille de colza (12 %), paille de pois (6,4 %) et paille de tournesol (5,5 %). Avec 33 et 27 % du total national, les anciennes régions Champagne-Ardenne et Centre sont respectivement la 1re et la 2nde région en termes de production durable de paille de céréales. Avec un peu moins de 19 % chacune, les anciennes régions Aquitaine et Midi-Pyrénées sont aux premiers rangs de la production nationale de rafles de maïs.
La base de données a été construite avec une résolution cantonale. Des interfaces web de calcul et de consultation permettent d’accéder librement aux résultats à l’échelle régionale et départementale. Les extractions peuvent avoir lieu sous forme de cartes ou de fichiers Excel. L’architecture mise en œuvre assure la sécurité des données et leur mise à jour. Si quelques paramètres méthodologiques restent à améliorer afin de mieux prendre en compte les spécificités locales, cet outil constitue néanmoins une première étape vers une plateforme nationale d’évaluation de la biomasse agricole.
pascal.levasseur@ifip.asso.frMéthodologie
Le recensement agricole 2010, les statistiques agricoles annuelles, les enquêtes pratiques d’élevage, les références expérimentales et expertises des instituts techniques ont été les principaux moyens mis en œuvre pour la réalisation de cet outil. Les ressources brutes sous l’animal pour les effluents d’élevage, sur pied pour les végétaux ont d’abord été évaluées. Des réfactions ont ensuite été appliquées pour la biomasse végétale (pertes à la récolte, besoins en paille pour la litière) et les ruminants (déjections épandues directement au champ lors du pâturage). Pour les porcins, il s’agit de la production d’effluents avant traitement pour résorption d’excédents structurels ou méthanisation.