Les Danois ont les plus faibles coûts de revient de l’UE en élevage porcin
L’institut technique du porc danois (Seges) analyse la compétitivité des élevages danois, à partir des données du réseau Interpig, comparant l’Union européenne (UE), les États-Unis, le Canada et le Brésil. En 2018, les Danois obtiennent les plus hauts coûts de revient du porc charcutier les plus bas de l’UE (1,38 €/kg de carcasse), devant les Espagnols, mais derrière les éleveurs d'Amérique. Parmi les pays étudiés, les élevages danois sont les plus prolifiques avec 14,8 porcelets sevrés par portée, devant les Néerlandais, deuxièmes avec 13,0 porcelets sevrés par portée. En revanche, les prix perçus par les producteurs au Danemark sont les plus faibles d’Europe (1,27 €/kg de carcasse), en baisse de 18 % entre 2017 et 2018. Le marché à l’export faiblement porteur ainsi que les pertes subies par Danish Crown avec sa filiale Tulip UK, vendue en août 2019, ont affecté les prix de vente. Bien que le pays scandinave soit très compétitif sur la partie naissage, avec des coûts de revient des porcelets à 30 kilos parmi les plus bas d’Europe (51 €/tête), la production de ces porcelets n’apparaît pas rentable en moyenne sur les années 2009-2018. Néanmoins, les suppléments de prix pour lots de grande taille (jusqu’à 680 porcelets), qui ne sont pas inclus dans cette indication du prix perçu, conduisent à un résultat positif pour les naisseurs post-sevreurs. Les auteurs du Seges rappellent que la Commission européenne a dénoncé en 2019 la TVA forfaitaire pratiquée par les élevages allemands. Si ces derniers perdent leur combat judiciaire, cela pourrait se répercuter sur les naisseurs danois, car le prix des porcelets viendrait à baisser. En revanche, les engraisseurs danois tireraient parti de ce nouveau contexte en raison de la baisse des cours des porcelets et de la moindre rentabilité de l’engraissement allemand.
Avis d’expert : Lisa Le Clerc, Ifip-Institut du porc
« Les naisseurs danois sont performants mais vulnérables »
« En 2018, 46 % des porcelets nés au Danemark ont été exportés. Cette spécialisation en naissage se renforce chaque année en raison d’une demande en porcelets qui ne faiblit pas (Allemagne et Pologne) et d’une compétitivité dégradée de l’industrie de la viande danoise, qui a découragé l’engraissement. La spécialisation, dont découle la très forte productivité, s’est faite au prix d’une forte sélection et d’un agrandissement des exploitations. Cette stratégie se heurte aujourd’hui aux risques de restriction des transports en Europe de l’Est, touchée par la fièvre porcine africaine (FPA). La reprise des exportations de viandes vers l’Asie pourrait toutefois inverser les tendances et offrir une porte de sortie aux éleveurs danois, qui miseraient alors plus largement sur l’engraissement. »