Le porc de Haute-Loire se déguste sur place
Au groupement Gepva de Haute-Loire, les éleveurs naisseurs ont passé un accord avec les engraisseurs et des transformateurs du département. Ces derniers valorisent leur production auprès des consommateurs du département.
Au groupement Gepva de Haute-Loire, les éleveurs naisseurs ont passé un accord avec les engraisseurs et des transformateurs du département. Ces derniers valorisent leur production auprès des consommateurs du département.
Le Gepva (groupement des éleveurs de porcs Velay-Auvergne) basé à Counon, près du Puy-en-Velay en Haute-Loire, est sans doute l’un des plus petits groupements de France.
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Il réunit 17 adhérents d’élevages indépendants dont la taille du cheptel varie de 90 à 250 truies. Mais l’écosystème mis en place par ces éleveurs depuis une dizaine d’années dans ce département du sud du Massif central justifie pleinement son existence. Grâce à un accord passé avec des engraisseurs locaux, ils vendent leurs porcelets à un prix déconnecté du marché leur permettant de couvrir le coût de production et de dégager un revenu stable. Ces engraisseurs peuvent se le permettre, car ils créent de la plus-value en vendant en direct tout ou partie de leur production. Les circuits sont très variés, de la vente de carcasse aux bouchers-charcutiers ou à des grossistes jusqu’à la commercialisation de produits élaborés sur les marchés, à la ferme ou dans des magasins créés en association avec d’autres producteurs. « Une récente enquête a démontré que les consommateurs du département demandent avant tout des produits issus d’une production locale de qualité, à partir de porcs nés, élevés, abattus et transformés en Haute-Loire, explique Dominique Chalendard, le président du Gepva. Ils ne veulent pas de signes de qualités officiels de type bio ou label rouge, dont les cahiers des charges ne correspondent pas à leurs attentes et qui coûtent plus cher. » C’est ainsi qu’est née l’association « Le porc de Haute-Loire » qui fédère les éleveurs naisseurs et engraisseurs, les trois abattoirs et des transformateurs du département. « Nous sommes tous interdépendants les uns des autres. C’est ce qui fait notre force. Mais qu’un seul maillon lâche et tout le système s’écroule. »
Complémentarité des productions lait et porc
Cependant, comme partout ailleurs en France, bien des obstacles peuvent mettre à mal la pérennité de la production. « En Haute-Loire, ces ateliers sont pour la plupart associés sur les exploitations à une production bovine, lait ou viande, et à des cultures ou des prairies », explique Ludovic Julien, technicien au Gepva. Leur nombre avait fortement augmenté au début des années quatre-vingt, quand les quotas laitiers limitaient la possibilité de développer les ateliers lait. Très vite, une forte demande en porcelets avait conforté ces éleveurs dans leur activité de naissage. Les porcelets partaient vers des coopératives et des sociétés privées de la vallée du Rhône qui produisaient des porcs charcutiers en intégration. Aujourd’hui, cette activité a pratiquement disparu, du fait de l’arrêt de certaines structures et du développement de maternités de grande taille. Par ailleurs, les possibilités d’engraisser les porcelets sur place sont limitées à cause d’un manque de terres d’épandage, de céréales locales et de difficultés d’investir dans des bâtiments. « Les structures en polyculture élevage ont des qualités du fait de la complémentarité des productions. Mais la non-spécialisation limite les possibilités d’investir, notamment dans des productions nécessitant beaucoup de capitaux comme le porc, souligne Ludovic Julien. Beaucoup de jeunes qui s’installent choisissent de garder la production bovine qui rassure par son matelas d’aides PAC et qui valorise les prairies permanentes très présentes dans la région. »
Des jeunes s’installent
Aujourd’hui, le renouvellement des chefs d’exploitations est encore la principale préoccupation du groupement. Cependant, des jeunes font toujours le choix de s’installer, à l’image de Dimitri Souvignet qui a rejoint le Gaec familial en avril 2022 après avoir passé quinze ans à travailler dans une entreprise agroalimentaire. Avec un atelier naissage post-sevrage de 220 truies, un troupeau de 80 vaches laitières et 100 hectares de SAU, l’exploitation est représentative des structures agricoles de la Haute-Loire. Dimitri a choisi de pérenniser l’atelier porc en investissant dans une nouvelle maternité liberté et dans une quarantaine. Il projette aussi d’augmenter le nombre de places en post-sevrage pour garder tous ses porcelets jusqu’à leur vente à 30 kg. « Le prix de vente garanti pérennise l’atelier, permet d’en vivre correctement et d’investir pour l’avenir », affirme-t-il. Cependant, pas question pour le moment d’engraisser la production. « Le plan d’épandage est occupé par les vaches laitières et il est très difficile de trouver des prêteurs de terres. » Difficile aussi de trouver des salariés spécialisés en production porcine. Dans l’immédiat, le jeune éleveur s’inquiète surtout des fluctuations importantes des prix des intrants qui ont provoqué une forte hausse du coût de production. L’indexation du prix de vente sur l’indicateur Ifip diffusé par Inaporc a cependant permis de prendre en compte l’inflation de toutes les charges consécutives à la crise du Covid-19 et de la guerre en Ukraine. « Nous avons aussi la chance de travailler en bonne entente avec les engraisseurs qui achètent notre production. Ces relations de proximité sont la réponse à nos besoins de sécuriser notre revenu de pérenniser nos élevages », conclut-il.
Dominique Poilvet