Le porc Capelin, l’atout qualité du Cantal
Une filière Porc Montagne. Dans les montagnes du Massif Central, la coopérative Altitude et son groupement CAPP se reposent sur leur marque le Capelin pour développer la production porcine de la région.
Une filière Porc Montagne. Dans les montagnes du Massif Central, la coopérative Altitude et son groupement CAPP se reposent sur leur marque le Capelin pour développer la production porcine de la région.
Ni label rouge, ni bio, le porc Capelin est tout simplement une marque appartenant au groupe Altitude, une importante coopérative polyvalente du Massif Central basée à Aurillac dans le Cantal. Le cahier des charges de ce porc a été élaboré avant tout pour favoriser la qualité de la viande : carcasses lourdes (gamme de poids comprise entre 80 et 120 kg), engraissement sur paille avec une surface de 1,2 m2 par porc, incorporation de farine de châtaigne dans l’aliment finition, et une génétique composée à 50 % minimum de Large-White, ce qui exclut de facto le verrat Piétrain pur en lignée mâle. À cela s’ajoute l’origine des porcs, obligatoirement nés et élevés en zone de montagne, dans le département du Cantal et les cantons limitrophes. Ils doivent être abattus et transformés à Aurillac dans des outils du groupe. La touche locale est confortée par l’origine des céréales qui composent l’aliment, dont 25 % au moins sont issues de zone montagne. "Toutes ces caractéristiques font du porc Capelin un produit haut de gamme, vendu uniquement chez des bouchers et des restaurateurs, en France et à l’étranger", explique Jean-François Greiveldinger, directeur commercial de Cantal Salaisons, l’une des deux filiales du groupe Altitude spécialisées dans la production de charcuterie. Un créneau haut de gamme, qui, selon lui, est en pleine expansion. "Depuis deux ans, la production de porc Capelin peine à suivre l’augmentation de la demande. Aujourd’hui, les consommateurs recherchent de plus en plus de la viande et des charcuteries de hautes qualités organoleptiques. Ils veulent aussi consommer des produits "locaux", porteurs d’une éthique sociétale forte. Le Porc Capelin leur offre tout cela. Mais pour confirmer ce succès commercial, la production doit se développer !"
10 500 porcs Capelin en 2015
Un message reçu cinq sur cinq par Jean-Luc Doneys, le directeur du groupement CAPP, qui fédère 40 éleveurs de porcs et a commercialisé 40 000 porcs charcutiers en 2015, dont 10 500 porcs Capelins. "Notre objectif est d’arriver rapidement à 15 000 porcs Capelin par an pour satisfaire la demande", affirme-t-il. Pour lui, il existe un réel potentiel de développement de la production sur la zone d’activité du groupe Altitude. "Beaucoup d’agriculteurs de la région veulent développer une production complémentaire à leur activité principale de vaches laitières ou de vaches allaitantes." Le modèle type proposé par la coopérative est un atelier de post sevrage-engraissement sur litière, conçu pour recevoir des lots de 200 porcelets toutes les neuf semaines (un post-sevrage et deux engraissements de 200 places chacun), ce qui permet une production annuelle de 1 100 porcs charcutiers. Les porcelets sont fournis par la maternité collective de Coste Chaude détenue par la coopérative et des engraisseurs du groupement. Le groupe Altitude fournit l’aliment via ses deux usines Centraliment et Equation. La fabrication des aliments à la ferme est encouragée pour ceux qui disposent de céréales à valoriser. Les porcs sont abattus à l’abattoir Covial d’Aurillac, filiale d’Altitude.
Un prix plancher de 1,177 €/kg
Jean-Luc Doneys compte sur une rémunération attractive des porcs charcutiers et sur la synergie qui existe entre les différents maillons de la filière Altitude pour assurer le développement de la production. Aujourd’hui, les producteurs de porcs Capelin, rémunérés sur la base du cadran breton, bénéficient d’un prix de base plancher de 1,177 €/kg. "Les crises qui atteignent régulièrement la production porcine ne doivent pas constituer des points de blocage au développement de la production", justifie-t-il. La plus-value Capelin est de 19 centimes pour les porcs dont le TMP est supérieur à 56. Elle s’ajoute à la plus-value technique et à la prime traçabilité de 2 centimes. "À terme, notre objectif est de sécuriser totalement le revenu des éleveurs de porcs Capelin en leur proposant une prime filière variable en fonction des cours, afin que le prix de vente soit stable." Par ailleurs, de nouvelles aides financières ont été allouées pour la production de porcs montagne. La prime européenne ICHN (indemnité compensatoire de handicap naturel) attribuée aux surfaces agricoles situées en zone montagne (plus de 600 mètres d’altitude) est majorée depuis peu de 10 % si les céréales sont destinées à alimenter des porcs montagne. Les subventions PCAE (Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles) gérées par la région peuvent représenter jusqu’à 40 % du coût des bâtiments, neufs ou rénovés. La coopérative Altitude propose également un prêt à taux réduit et une sécurisation du revenu des jeunes investisseurs.
Trois nouveaux ateliers en 2016
Depuis le début de 2016, trois nouveaux ateliers d’engraissement de porcs Capelins ont été créés, en Haute-Loire, dans le Cantal et dans le Lot (voir ci-dessous). "Il nous faudrait encore cinq ateliers supplémentaires pour répondre aux besoins de l’aval", souligne Xavier Legrand, responsable développement porc à la CAPP. Un potentiel de développement qui, certes, n’a rien à voir avec les filières industrielles de l’Ouest, mais qui démontre que le développement porcin en France ne doit pas reposer sur un modèle unique et qu’il existe encore des opportunités pour des ateliers de petite taille, adossés à une filière permettant la valorisation des produits.
La filière porc Montagne du groupe Altitude
Deux usines d’aliment Centraliment et Equation : 25 000 tonnes de céréales collectées dans la région Auvergne-Limousin et 15 000 tonnes d’aliments porcs par an
Groupement porc CAPP (Coopérative Agricole des Producteurs de Porcs) : 40 éleveurs, 40 000 porcs charcutiers commercialisés en 2015, dont 10 500 porcs Capelins.
Maternité collective Coste Chaude à Leotoing en Haute-Loire : 1 200 truies, 26 000 porcelets produits par an
Abattoir Covial à Aurillac 3 000 tonnes de porcs traitées chaque année
Deux outils de transformation Cantal Salaisons à Aurillac et Porcentre à Volvic (Puy de Dôme)
Une opportunité de développement pour le Gaec de Lasplaces
Ils sont trois jeunes associés au Gaec Lasplaces à Gorses dans le Lot, Frédéric Gasquet, François Rérole et Georges Coulon, à croire au développement du porc Capelin. Le 21 juillet dernier, ils inauguraient l’engraissement sur paille neuf de 250 places qu’ils ont en grande partie construit eux-mêmes, pour compléter un bâtiment existant rénové qui abrite un post-sevrage de 250 places et un autre engraissement de 150 places. Cette production arrive en complément d’un atelier de 320 chèvres laitières, de 70 vaches allaitantes et de 130 hectares de SAU. "Un complément idéal, puisqu’il nécessite peu de main-d’œuvre sans astreinte particulière grâce à une conception qui limite le temps de travail. Par ailleurs, la valorisation de notre production sur des créneaux haut de gamme nous permettra de dégager des plus-values intéressantes", soulignent-ils. Une plus-value qu’ils assurent également par la valorisation des céréales produites sur l’exploitation via une fabrique d’aliment à la ferme, et dont la paille permettra de couvrir la quasi-totalité des besoins de l’exploitation. "L’alternative aurait été de développer l’ancien atelier de naissage pour devenir naisseur-engraisseur sur le modèle breton. Mais cela nécessitait un financement considérable, et l’équilibre de l’exploitation s’en trouvait profondément modifié, avec notamment un lien au sol déficitaire."
Le coût du bâtiment de 250 places a été de 142 700 euros, soit 570 euros la place. Au total, en comptant la rénovation du bâtiment existant, la réhabilitation de l’atelier porc aura coûté 164 300 euros, subventionnés grâce aux aides PCAE à hauteur de 40 %. Le solde a été financé par un emprunt long terme sur 12 ans et par un prêt "fond de développement CAPP" de 30 000 euros à 1 % sur 7 ans. L’amortissement annuel sur 20 ans représente 4,48 euros par porc produit. Désormais, avec ce nouvel outil de production, l’objectif des trois associés est d’optimiser les performances techniques, afin d’en tirer le maximum de revenu. Une stratégie qu’ils appliquent déjà avec succès à leurs deux autres productions animales.
Le Gaec de Lasplaces en chiffres
3 associés Frédéric Gasquet, François Rérole et Georges Coulon
1 100 porcs Capelin produits par an (objectif)
320 chèvres laitières (290 000 kg de lait)
70 vaches allaitantes, production de broutards
130 hectares de cultures, dont 40 ha de céréales et 10 ha de maïs qui assurent 80 % d’autonomie alimentaire et 80 % des besoins en paille
1 FAF (céréales, soja, CMV)