La Chine veut réduire sa dépendance au porc US
Un article publié par deux économistes chinois décrit l’évolution les relations politiques et commerciales fluctuantes entre la Chine et les États-Unis ces 40 dernières années. Le dernier conflit en date a débuté en 2018. Cette guerre commerciale sino-américaine avait entraîné un repli massif des importations chinoises en provenance des États-Unis, ainsi qu’une imposition de droits de douane élevés. Finalement, après 18 mois de conflits, les deux parties sont parvenues à trouver une entente temporaire en 2020, aboutissant à la signature de la première phase d’un accord commercial entre les deux pays.
L’auteur prévoit une hausse des échanges commerciaux sur la période 2020-2025, en particulier en 2021 et 2022, puisque la Chine était tenue d’après l’accord d’importer davantage de produits du porc américains au cours des deux années consécutives à la signature. Ensuite, le commerce se contractera puis diminuera. En effet, l’approvisionnement en produits américains a permis de réduire la tension entre offre et demande et stimulé le développement du secteur de la viande en Chine. L’année 2022 devrait constituer un tournant : pour protéger ses propres intérêts, la Chine cherche à diversifier ses importations et réduire son degré de dépendance vis-à-vis des États-Unis. Les États-Unis, cependant, souhaiteront limiter la montée en puissance de la Chine, ce qui pourrait faire réapparaître les tensions et affecter les échanges mondiaux agricoles.
Avis : Elisa Husson, Ifip-Institut du porc
De mauvais augure pour les Européens
« Malgré la signature d’un accord en 2020, les tensions se sont récemment ravivées entre la Chine et les États-Unis autour de la question de Taïwan. Ces conflits impactent les marchés agricoles internationaux, compte tenu de l’importance de ces deux pays dans le monde. En 2018 et 2019, alors que la crise entre les deux puissances était au plus fort, les exportateurs européens et brésiliens ont largement profité de l’instauration de droits de douane à l’import prohibitifs pour les Américains, de l’ordre de 25 % en moyenne selon les produits. Cependant, la Chine montre d’ores et déjà une volonté de réduction de sa dépendance aux importations. Elle a décidé en début d’année de relever ces droits de douane pour l’ensemble des fournisseurs. Ils passeront de 8 à 12 %. Ceci n’est pas de bon augure pour les exportateurs européens, alors même que la demande chinoise montre depuis plusieurs mois des signes d’affaiblissement. »
Côté biblio
Sino-US agricultural trade in the past 40 years : Retrospect and prospects on the signing of the first phase Sino-US economic and trade agreement. Cheng, E., & Luo, Y. (2021).