Jeune installé en porc : « Devancer les contraintes pour en faire des opportunités »
Kevin et Benjamin Coupu sont installés depuis 2018 sur l’exploitation familiale. Ils ont repris en complément une ferme voisine pour gagner en autonomie et ont investi dans un bâtiment d’engraissement « bien-être », qui sécurise une partie de leur revenu.
Kevin et Benjamin Coupu sont installés depuis 2018 sur l’exploitation familiale. Ils ont repris en complément une ferme voisine pour gagner en autonomie et ont investi dans un bâtiment d’engraissement « bien-être », qui sécurise une partie de leur revenu.
À l’élevage de 340 truies naisseurs-engraisseurs de l’EARL La Foutelais à Saint-Jouan de-l’Isle, dans les Côtes-d’Armor, les projets foisonnent. « C’est ce qui nous anime. En porc, on peut évoluer en permanence, c’est motivant ! L’enjeu est d’arriver à devancer les contraintes, qu’elles soient environnementales ou sociétales, pour les transformer en opportunités », relèvent Kevin et Benjamin Coupu. Leur élevage a intégré le cahier des charges porc sans antibiotique à 0 jour et a été parmi les premiers à déployer la technologie des puces RFID. « Elle est source de gain de performances », assure Kevin. La construction en 2019 d’un bâtiment d’engraissement de porcs alternatif intégrant un cahier des charges bien-être, en partenariat avec leur groupement Cooperl, en est une nouvelle illustration. Elle a été réalisée dans le cadre de l’installation des deux frères sur l’exploitation de leurs parents Pascale et Gilles Coupu.
Augmenter le lien au sol
Technicien porc durant trois ans, Kevin, 33 ans, est revenu sur l’exploitation familiale dès 2014 comme salarié. Benjamin, 29 ans, les a rejoints quelques mois avant leur installation, officialisée un même jour de décembre 2018. Leur projet, réfléchi de longue date, visait deux objectifs. Il s’agissait d’une part de poursuivre la restructuration de l’élevage de porc initiée par leurs parents et d’améliorer sa cohérence en augmentant la capacité d’engraissement, une partie des porcs étant élevée en façonnage. Leur souhait était aussi d’augmenter la capacité foncière de l’exploitation afin de gagner en autonomie alimentaire et d’épandage. « Notre cheval de bataille est de trouver le bon équilibre entre la taille de l’élevage de porcs, les surfaces céréalières et la gestion du lisier, confirment-ils. Cette autonomie nous permet d’être économiquement plus solides. »
30 % d’autonomie alimentaire
Dans cette optique, l’EARL a investi dès 2016 dans une Faf partielle, pour valoriser ses propres céréales en mélange avec un complémentaire. Puis en 2018 dans le cadre de leur installation, Kevin et Benjamin ont repris une exploitation voisine avec 50 hectares de SAU. Ils disposent désormais d’une superficie totale de 140 hectares. Ils sont principalement destinés à la culture de maïs et de blé et permettent d’atteindre une autonomie alimentaire de 50 % en engraissement et de 30 % sur l’ensemble de l’élevage porcin.
Un bâtiment avec aire paillée
Avec le nouveau bâtiment de 450 places, l’EARL est désormais 100 % autonome en capacité d’engraissement. Kevin et Benjamin ont saisi l’opportunité présentée par Cooperl qui cherchait un bâtiment alternatif, pour répondre à un nouveau débouché de valorisation avec Bordeau Chesnel. Il concerne aujourd’hui la commercialisation de 24 porcs par semaine. Inspiré du modèle de bâtiment du président du groupement Patrice Drillet construit en 2018, il s’agit d’une structure à grand volume avec une entrée de lumière par un large lanterneau et un raclage en V des déjections (reprise de la partie solide par Cooperl destinée à la station de méthanisation de Lamballe).
Un surcoût lié à la densité plus faible
Pour ce bâtiment, les éleveurs ont signé un contrat de commercialisation sur douze ans avec une plus-value indexée sur le prix de l’aliment pour compenser le surcoût (coût à la place multiplié par deux par rapport à un bâtiment classique). Kevin a par ailleurs adhéré au contrat Jeune coopérateur Cooperl qui prévoit une rémunération d’une partie des porcs avec un prix plancher garanti. « En cumulant le cahier des charges Bordeau Chesnel et le contrat jeune Cooperl, on arrive à quasiment 50 % de contractualisation, calcule Georges Durand, responsable de zone Cooperl. C’est un élément qui a rassuré le banquier lors de la demande de financement. »
Il reste désormais à rapatrier les places de porcelets en façonnage sur l’exploitation avec la construction d’un bâtiment de post-sevrage, prévue l’an prochain. Toujours en mode projet et en se basant en permanence sur des indicateurs de performances technico-économiques, Kevin et Benjamin ont aussi prévu d’investir dans une chaudière à bois pour réduire leur coût énergétique et valoriser leurs haies bocagères.
« La contractualisation d’une partie de la production a rassuré la banque qui finance l’installation »
Curriculum
Kevin Coupu
33 ans
Ingénieur en agriculture de Beauvais
Technicien porc 3 ans
2014 : salarié sur l’exploitation familiale
Décembre 2018 : installation
Benjamin Coupu
29 ans
BTS productions animales
Salarié à l’élevage de La ville Poissin 1,5 an
Technicien porc 3 ans
Décembre 2018 : installation
Fiche élevage
EARL de la Foutelais
3 associés
5,5 UTH
340 truies naisseurs-engraisseurs sur 2 sites
Conduite en 7 bandes, sevrage à 21 jours
140 hectares de SAU
Groupement Cooperl
Génétique : Nucléus
20 vaches allaitantes en vente directe
Côté Eco
Prix d’équilibre prévisionnel situé dans les 25 % supérieurs de la référence Cooperl
Prix pivot du contrat Jeune coopérateur selon le prix des matières premières (sur un tiers des porcs charcutiers)
Un contrat jeune agriculteur Cooperl pour faciliter l’installation