« Je construis un projet équilibré autour du porc »
Arnaud Collette s’est installé en 2017 avec ses parents sur la ferme familiale à Merdrignac, dans les Côtes d’Armor. Avec la construction d’un bloc naissage de 210 truies et d’une Faf, il lance son projet de carrière sur la base d’une optimisation des coûts de production et de la valorisation de ses produits.
Arnaud Collette s’est installé en 2017 avec ses parents sur la ferme familiale à Merdrignac, dans les Côtes d’Armor. Avec la construction d’un bloc naissage de 210 truies et d’une Faf, il lance son projet de carrière sur la base d’une optimisation des coûts de production et de la valorisation de ses produits.
En arrivant sur l’exploitation d’Arnaud Collette, nous sommes accueillis dans des locaux techniques confortables, point d’accès à l’élevage obligatoire et accessible uniquement après être passés par la douche. Ces locaux font partie du bloc naissage et du post-sevrage neuf qu’il a construit l’année dernière pour loger 210 truies et leurs porcelets. Les bâtiments de l’ancien élevage de ses parents ont été aménagés pour engraisser toute la production, complétés par un bâtiment sur un second site.
À côté, s’élève la nouvelle fabrique d’aliment avec ses cellules permettant de stocker l’intégralité des céréales nécessaires pour alimenter tous les animaux. « Cet ensemble est la base de mon projet de carrière » explique le jeune éleveur, qui gère désormais l’exploitation avec sa mère, et avec l’aide de Jean-Jacques Le Duc, son salarié. Son parcours avant l’installation l’a aidé à définir ses choix. Trois ans de salariat en élevage, deux ans au Sdaec, puis création d’une société pour faire des remplacements à son compte. « J’ai travaillé dans une soixantaine d’élevages. Cela m’a permis de voir des modèles qui fonctionnent bien et d’autres qui fonctionnent moins bien ». Son projet a été rondement mené. En mars-avril 2019, il organise une table ronde avec son groupement Porc Armor Evolution et son centre de gestion Cogedis pour réaliser une étude de faisabilité, évaluer son impact environnemental. La banque valide le projet en octobre 2019. Les premières cochettes arrivent mars 2021 dans le nouveau bâtiment.
Renforcer le lien au sol
Le premier de ses objectifs initiaux est de limiter le coût de production. « Cela passe par la fabrication des aliments. La flambée actuelle des cours des matières premières me conforte dans mes choix. Le lien au sol est désormais un préalable indispensable pour mieux maîtriser son coût alimentaire ». L’acquisition de terres lors de son installation, puis 3 ans après, lui a permis de porter sa SAU à 172 hectares qui assurent la totalité de son plan d’épandage. « La récolte de 2022 nous permettra de couvrir tous nos besoins en céréales », souligne-t-il. L’éleveur a fait l’acquisition d’une remorque distributrice pour utiliser l’aliment d’engraissement sur le site extérieur situé à 3 kilomètres. L’autonomie alimentaire de l’atelier porc sera prochainement confortée par l’arrêt du troupeau de vaches laitières dont s’occupent sa mère et son père. « C’est une activité trop chronophage. Je préfère me spécialiser dans le porc tout en optimisant les coûts de production et la valorisation des produits ».
Une partie de la production est contractualisée
Une valorisation qu’il a trouvée auprès de Porc Armor Evolution et de l’abatteur Kermené qui lui ont proposé de s’engager dans la démarche Collectif 2. « Elle permet de rémunérer jusqu’à 70 % de nos ventes sur la base du coût de production. En contrepartie, nous avons installé des cases liberté en maternité.
Les truies ne sont pas bloquées en verraterie, excepté au moment de l’insémination.
Et les animaux bénéficient de la lumière naturelle dans la totalité de nos bâtiments (3 % de la surface au sol) », explique Arnaud. Ce contrat qui court sur cinq années est révisable tous les ans et le niveau de contractualisation peut varier. À cela, s’ajoute une utilisation de produits de santé très limitée grâce au dépeuplement-repeuplement de l’élevage lors de la construction du nouveau bâtiment et la reconstitution du cheptel reproducteur avec des cochettes saines. « Nous bénéficions de la plus-value correspondant au cahier des charges porcs sans antibiotique dès la naissance », précise-t-il.
Des bâtiments fonctionnels et faciles à gérer
La démarche de maîtrise des coûts s’est traduite également dans le choix des équipements de son nouveau bloc naissage, simples mais très fonctionnels, permettant une réelle optimisation de la charge de travail. Seule exception, la partie gestante sur paille, où les truies disposent d’une surface au sol de 6 m2.
« Nous disposons de paille en abondance. Le fumier est valorisé par les cultures. La surface importante va dans le sens d’un meilleur bien-être animal, » justifie-t-il. Un bien-être présent aussi en maternité avec les cases liberté de 6,5 m2 (Galvelpor), et un nid à porcelets équipé d’un plancher chauffé à l’eau chaude produite par une chaudière au gaz. Le post-sevrage est aussi très simple avec un sol constitué d’un mix caillebotis béton + plastique devant les nourrisseurs.
À noter la présence du caillebotis béton chauffant Modulo-Therm de Fournier. « Il procure une zone de confort aux porcelets sans avoir besoin d’installer des niches ou des chauffages d’appoint », souligne l’éleveur.
Une faf complète et évolutive
Arnaud a privilégié une alimentation à la soupe pour les truies, et une distribution à sec au nourrisseur en post-sevrage (Asserva).
Pas de multiphase pour les porcelets, mais deux chaînes d’alimentation, une par bande (deux salles de 300 places) reliées aux silos dédiés aux post-sevrages. « Avec une conduite en quatre bandes, deux silos sont suffisants pour distribuer les trois aliments nécessaires (1er âge, 2e âge et nourrain) ». La machine à soupe est constituée de deux cuves de 1 800 litres. « En maternité, une seule cuve est utilisée. Sa faible dimension, associée à des canalisations de diamètre réduit, permet une alimentation de précision », constate l’éleveur. Pour les volumes distribués plus importants en gestante et en engraissement, les deux cuves fonctionnent alternativement en mode préparation et distribution, afin d’assurer une continuité dans le suivi des repas. "Germain Robillard de la société Vetagri est à l’origine de la prise de décision de fabriquer notre aliment. Il nous a également accompagnés dans les besoins de stock et a établi un prévisionnel de consommation pour nous organiser dans les couvertures de tourteaux notamment."
Tous les aliments excepté le 1er âge sont fabriqués dans la fabrique d’aliments construite en même temps que le bloc naissage. La particularité de l’installation (Asserva + Toy) est d’avoir la totalité des cellules de stockage à l’extérieur du hangar qui abrite uniquement le cœur de faf.
« Nous sommes partis d’une feuille blanche pour concevoir un ensemble performant et évolutif », souligne Arnaud. « Des emplacements sont disponibles pour ajouter si besoin de nouveaux silos ou des cuves pour des produits liquides permettant d’optimiser les formules d’aliment ». Des panneaux photovoltaïques ont été installés sur la toiture du hangar. L’électricité produite est autoconsommée pour réduire la facture énergétique.
Optimiser l’existant et gagner en autonomie
Les projets à court et moyen terme ne manquent pas pour Arnaud. « Nous devons finir d’aménager les abords des bâtiments et la biosécurité externe, deux composantes importantes des cahiers des charges VPF et Kermené ». Le parc bâtiment engraissement devra progressivement être refait, et l’engraissement extérieur sera sans doute rapatrié sur le site principal de l’exploitation. « L’objectif est d’optimiser les installations existantes et de gagner en autonomie, pas d’augmenter en taille », résume-t-il. Quand sa mère partira à la retraite, Arnaud a prévu de gérer l’exploitation (élevage, faf et cultures) avec deux salariés, sans faire appel à de la sous-traitance.
Fiche élevage
Gaec Collette à Merdrignac (Côtes d’Armor)
Curriculum
Arnaud Collette
Fournisseurs des nouveaux bâtiments
Le coût des installations neuves (1)
Laurent Abiven, Porc Armor Evolution
« Un projet en quasi-autonomie »
« Le point fort du projet d’Arnaud est de viser une quasi-autonomie de fonctionnement, avec notamment le choix d’investir dans une Faf. Ce projet se caractérise aussi par une forte volonté de créer un élevage qui répond aux attentes sociétales, sans pour autant faire de concessions sur les performances techniques et les conditions de travail. Avec du recul, nous savons aujourd’hui qu’il est possible d’exprimer pleinement le potentiel de prolificité des truies en cases liberté, moyennant une conduite d’élevage adaptée. Ces investissements « sociétaux » peuvent être aujourd’hui financés au moins en partie par des démarches de filière de type Collectif 2 de Kermené. Il faudra cependant veiller à ce que ces démarches se pérennisent dans le temps, car avec ces équipements spécifiques qui coûtent plus cher que des équipements standards, l’éleveur prend un risque financier sur le long terme ».