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« Deux sites porcins réunis pour pérenniser l’élevage »

Mathieu Lemée s’est installé avec son père à Tennie dans la Sarthe le 1er septembre 2019, avec un projet de création d’un atelier de 250 truies naisseur engraisseur. Pour cela, il a fusionné la ferme familiale avec une seconde exploitation située à 5 km de distance.

Cela faisait quatre ans que le projet d’installation prenait forme dans la tête de Mathieu Lemée, un jeune éleveur sarthois de 28 ans, désormais à la tête avec son père d’un élevage de 250 truies naisseur engraisseur, 170 hectares de SAU et 35 vaches allaitantes « pour occuper les prairies non labourables », tient-il à préciser. L’exploitation familiale dirigée par son père Laurent n’était pas suffisamment grande pour faire vivre deux foyers. L’élevage de 150 truies naisseur engraisseur partiel était vieillissant, et la SAU (60 hectares) insuffisante pour assurer l’épandage des déjections de truies supplémentaires. La solution passait donc par l’acquisition d’une exploitation voisine dont la structure aurait permis de monter un outil de production cohérent.

Le déclic est venu de la proposition d’un exploitant à la tête d’un élevage de 170 truies naisseur engraisseur, situé à 5 kilomètres de la ferme familiale. À la recherche d’un successeur, il proposait à Mathieu un poste de salarié en attendant de trouver la meilleure formule pour assurer la transmission de l’exploitation. « Cette période de salariat de quatre ans m’a permis de mûrir le projet avec cet éleveur et avec mon père, Bertrand Chaumier le technicien bâtiment de la coopérative Agrial, et Éric Janvier, le technicien qui suit l’élevage », souligne Mathieu. Au final, les éleveurs ont décidé de dédier le site extérieur à l’engraissement des porcelets. L’atelier a été vidé de ses truies. Il est désormais composé de 500 places de post-sevrage et 1 500 places d’engraissement. Une FAF partielle (blé, maïs humide et complémentaires) valorise les céréales de l’exploitation. L’atelier bovin situé sur ce site où Mathieu a élu domicile est géré par le jeune éleveur.

La maternité neuve, clé de voûte du projet

Sur l’exploitation familiale, les bâtiments existants ont été réorganisés pour loger les 250 truies et 300 porcs à l’engrais. Une faf partielle permet également de valoriser les céréales. Le seul bâtiment neuf construit lors de l’installation est une maternité de deux fois 30 places. « C’est le poste le plus important de l’élevage, celui qui détermine la rentabilité de l’atelier », justifie l’éleveur. L’objectif de 12,5 porcelets sevrés par portée et de 375 porcelets par bande fixé par l’étude prévisionnelle d’installation est déjà largement atteint, moins d’un an après l’installation. « Les truies sèvrent actuellement 12,8 porcelets par portée, à 8,2 kilos de poids moyen, malgré un cheptel démographiquement déséquilibré par l’achat de 100 cochettes Youna sur sept bandes. La barre des 13 va rapidement être atteinte », affirme Laurent Lemée.

Continuité de l’outil de production

L’autre élément clé de l’installation a été la part importante d’autoconstruction et la continuité de l’outil de production. Pour limiter les pertes d’exploitation, les éleveurs ont choisi de ne pas dépeupler l’élevage, et de mener les travaux au fur et à mesure des besoins en places liés à l’augmentation du cheptel. « Le calendrier a été parfois difficile à tenir. Nous avons clairement sous-estimé le temps de travail nécessaire à la transformation des bâtiments existants. » Cependant, Mathieu ne regrette pas ses choix. Grâce à l’autoconstruction et à l’amélioration des performances en maternité, le coût de production d’un porcelet n’est que de 32 euros, main-d’œuvre comprise. « L’augmentation de la productivité des truies permet de payer la nouvelle maternité », calcule Éric Janvier.

Engagés dans une démarche qualité

Sur la base des performances techniques et des niveaux d’investissement retenus dans l’étude prévisionnelle, le prix d’équilibre est prévu à 1,20 euro par kilo de carcasse base cadran, rémunération des éleveurs comprise. Par ailleurs, Mathieu et Laurent Lemée se sont engagés dans la démarche qualité Porc confiance proposée par leur coopérative Agrial. Le cahier des charges impose l’absence d’antibiotiques à partir de 42 jours d’âge, une alimentation sans OGM ni huile de palme, et l’ajout de graine de lin en engraissement. Les carcasses sont valorisées par la charcuterie Brient à Mordelles, en Ille-et-Vilaine, une entreprise de la branche viande d’Agrial. « Cette filière, qui n’existe que depuis un an, rémunère 33 % de la carcasse à un prix garanti. L’objectif est d’atteindre rapidement 50 % », explique Éric Janvier. Ce prix garanti est indexé sur le prix moyen des aliments. Il est actuellement de 1,42 euro par kilo, auquel il faut ajouter les plus-values qualité."Cette filière apporte un plus en sécurisant une partie du revenu. Son intérêt est aussi sa simplicité. Pas besoin de modifier l’outil de production pour satisfaire au cahier des charges", souligne Mathieu Lemée. Agrial soutient également le jeune éleveur en achetant l’excédent de porcelets sevrés sur la base d’un prix permettant de couvrir au minimum le coût de production.

Le prochain objectif de Mathieu est de construire les places d’engraissement manquantes pour engraisser les porcelets excédentaires. Difficile cependant de prévoir le nombre de places nécessaires, tant la productivité des truies augmente rapidement. « D’ici un an, nous allons probablement bâtir ce projet sur une base de 14 porcelets sevrés par portée », conclut Bertrand Chaumier.

Le débouché rémunère 33 % de la carcasse sur la base du coût de production

Côté éco (ou chiffres clés)

Prix d’équilibre prévisionnel base cadran : 1,20 €/kg de carcasse
Coût de production du porcelet sevré, main-d’œuvre comprise : 32 €
Prix garanti (33 % de la carcasse) : 1,42 €/kg base cadran

Curriculum

Le parcours de Mathieu Lemée

Bac STAV
BTS PA (LA laval)
CS compta-gestion
Salarié d’élevage pendant huit ans, dont quatre ans dans l’exploitation qu’il a repris

Fiche d’élevage

L’EARL Lemée à Tennie (Sarthe)

Laurent et Mathieu Lemée
250 truies naisseur engraisseur
Conduite en 7 bandes de 30 truies à la mise bas, sevrage à 28 jours
170 hectares de SAU
35 vaches allaitantes
2 UTH
Groupement : Agrial
Génétique : Axiom (Youna x Piétrain)

Un dispositif complet pour les jeunes éleveurs chez Agrial

Agrial propose le dispositif Agriboost pour l’ensemble des jeunes installés. Ce plan d’accompagnement a été mis en place par la commission Jeunes de la coopérative afin de favoriser la réussite des installations et la pérennité des exploitations. Il se décline autour de trois axes : l’accueil des jeunes au sein de la coopérative, le partage entre les jeunes adhérents et les aides financières permettant de financer des services, des mesures métiers, du capital social… Dans ce cadre, l’OP Porcs d’Agrial propose aux jeunes installés en production porcine le contrat jeune investisseur (prix d’acompte garanti), des avances de trésorerie, la prise en charge d’une partie des frais d’hypothèque et l’étude économique d’installation gratuite. Le groupe « jeunes éleveurs de porcs » constitué au niveau de l’OP Porcs permet de travailler sur des problématiques spécifiques au métier. Ce dispositif Agriboost est ouvert à tous les adhérents de la coopérative Agrial installés depuis moins de cinq ans, seuls ou en société. Depuis 2015, la coopérative a accompagné l’installation de 40 jeunes éleveurs de porcs, dont 11 en 2019. En 2020, huit installations sont déjà prévues.

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