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Guerre en Ukraine
Pénurie de tournesol : comment informer les consommateurs sur les ingrédients de substitution dans les recettes alimentaires ?

La guerre en Ukraine va déclencher une pénurie de produits issus du tournesol dont se sert abondamment l’industrie agroalimentaire et cela inquiète l’UFC-Que Choisir et Foodwatch : comment seront en effet informés les consommateurs sur les ingrédients de substitution ?

agroalimentaire
La pénurie de tournesol ukrainien va avoir des conséquences sur l'agroalimentaire.
© J.C. Gutner

Des milliers de produits sont concernés par une pénurie de produits issus du tournesol qui risque de nous toucher de plein fouet d’ici la fin avril. L’UFC-Que Choisir liste les huiles alimentaires comportant de l’huile de tournesol, les margarines, les aliments cuits, panés ou frits à l’huile comme les chips et les poissons panés tout comme les recettes comportant de l’huile, de la lécithine ou des grains de tournesol (biscuits et gâteaux, plats préparés, produits d’épicerie…) mais aussi les produits issus d’animaux (bovins, porcs, volailles, poissons d’élevage) garantis sans OGM.

L’Ukraine était en effet un fournisseur majeur de graines et tourteaux de tournesol non OGM pour l’alimentation du bétail. L’association de consommateurs explique : « Faute de disponibilités, les éleveurs seront contraints de se tourner vers des tourteaux de soja OGM. Or, de nombreux signes de qualité (le bio, les Labels rouges, les AOP, l’élevage plein air ou fermier) exigent une alimentation exclusivement non OGM dans leurs cahiers des charges ». En conséquence, les mentions sur les emballages ne seront plus conformes, faute de réactivité. Étant donné les délais pour changer l’étiquetage sur un emballage, les consommateurs auront une information erronée, ce qui pose problème un problème de santé car les mentions sur les risques allergènes ne seront plus affichées.
 

Sticker sur l’emballage pour les produits allergènes

La situation préoccupe aussi Foodwatch qui explique : « Les opérateurs en aval ont réagi rapidement en décidant de reformuler leurs recettes de produits afin de remplacer l'huile de tournesol. Dans le cas des huiles de friture, il y a eu des remplacements d'huile de tournesol par l'huile de palme, l'huile de soja et l'huile de colza », reconnaît FEDIOL, l'association européenne de l'industrie des huiles végétales et des farines protéiques ».

L’UFC-Que Choisir explique : « La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a réuni associations de consommateurs, fabricants et distributeurs pour définir les mesures à mettre en place. S’agissant du risque allergène qui représente un risque sanitaire potentiellement grave, il devrait y avoir un affichage immédiat sur les produits concernés, via un sticker apposé sur chaque emballage informant de la modification de la recette. Il s’agit principalement des biscuits, gâteaux, chocolats et autres produits dans lesquels de la lécithine de soja aura remplacé de la lécithine de tournesol ». Mais tout cela risque de prendre du temps craint l’association de consommateurs : « Concernant la loyauté de l’information vis-à-vis du consommateur, elle risque de se faire attendre, du fait d’une pénurie de stickers et d’imprimantes au niveau européen. En attendant un retour à la normale, la DGCCRF a prévu un site Internet d’information unique mais qui ne permettra pas d’informer les consommateurs en magasin au moment de l’achat ».

En conséquence, outre la mise à jour des recettes sur les sites de e-commerce des enseignes de la distribution et sur ceux des fabricants, l’UFC-Que Choisir demande des panneaux d’affichage bien visibles dans les rayons concernés, indiquant les modifications de recettes et leurs conséquences sur les produits. Ces propositions sont en cours de négociation entre la DGCCRF, les associations de consommateurs et les professionnels des filières concernées.

Une pétition est lancée

De son côté, Foodwatch a décidé de lancer une pétition pour réclamer un engagement pour une totale transparence de la part des fabricants et des distributeurs. Camille Dorioz, reponsable de campagnes chez Foodwatch explique : « Les fabricants sont d’ores et déjà en train de changer certaines recettes ailleurs en Europe. En France, ce n’est qu’une question de jours et la question reste posée de l’information des consommateurs. Il y a deux ans, en pleine crise de la Covid, les opérateurs avaient déjà reformulé leurs produits sans nous alerter. Foodwatch avait alors exigé la transparence de la part des autorités et l’avait obtenue. Cette fois, nous mettons la pression sur les industriels pour qu’ils s’engagent à informer en temps réel et directement sur les produits des changements d’ingrédients, et qu’ils les expliquent. Car la crise ne doit servir d’alibi ni à des abus, ni à un défaut d’information des consommateurs ». Foodwatch va envoyer chaque soir les signatures  à tous les dirigeants de la grande distribution et à l’Ania.

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