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Gaec des Grands Claux, dans l’Aveyron
Une ration mélangée distribuée par des convoyeurs

La famille Barascud a perfectionné la distribution de l’alimentation des brebis avec une mélangeuse en poste fixe et un système de convoyeurs qui transporte la ration jusqu’aux tapis.

Plus de mille bouches à nourrir sous les deux bergeries contiguës : 750 brebis, 250 agnelles et 50 béliers. Le Gaec des Grands Claux à Séverac d’Aveyron produit 2 750 hl de lait bio. Auparavant, il était en double troupeau : Roquefort et lait d’été. Désormais, avec un seul cheptel, il n’y a plus qu’une ration à gérer, ce qui a permis de perfectionner et simplifier la distribution. Après avoir étudié différentes solutions, les éleveurs (Jean, Stéphane et Maxime Barascud) ont opté pour une mélangeuse en poste fixe et un transport de la ration vers les tapis par des convoyeurs. Les brebis sont alimentées toute l’année en ration humide (hiver : ensilage d’herbe et foin ; été : pâturage avec complément d’enrubannage, de fourrage récolté en vert et de foin). Avant, les fourrages étaient distribués séparément. « Avec une seule ration, nous avons décidé de tout mélanger pour homogénéiser la ration », expliquent les éleveurs. Ils ont opté pour une mélangeuse horizontale à pales Keenan de 20 m3. Les éleveurs ont été séduits par la qualité structurelle de la ration et régularité de distribution. La mélangeuse pouvait difficilement être utilisée de manière classique. Il aurait fallu faire de grosses transformations pour circuler dans les bâtiments et prévoir un nouveau tracteur. Elle est donc installée en poste fixe dans la grange, posée sur quatre pieds. « Nous avons plusieurs mélangeuses en poste fixe, mais c’est la première fois qu’elle est associée à un convoyeur », explique Ségolène Labesque, responsable nutrition Sud-Ouest Keenan.

Le convoyage n’a pas été simple à régler

Le convoyeur a été conçu et construit sur-mesure par la société Bayle, une de ses plus grosses réalisations en matière de convoyage. Dans la bergerie, il est installé en aérien pour pouvoir passer dessous avec un tracteur. La ration est déversée à l’arrière de la mélangeuse dans un premier convoyeur sauterelle pour la monter au bon niveau. Un deuxième convoyeur horizontal prend le relais pour transporter la ration jusque dans la bergerie. Elle se déverse ensuite à droite ou à gauche dans des convoyeurs installés perpendiculairement au-dessus des huit tapis d’alimentation (quatre d’un côté, quatre de l’autre). La descente se fait par une goulotte munie d’un volet qui dévie la ration soit dans la goulotte soit vers le tapis suivant. La distribution démarre côté droit. Quand le premier tapis est plein, le volet referme la goulotte et la ration poursuit sa course vers le suivant et ainsi de suite jusqu’au dernier, tout cela de manière automatisée. La distribution se poursuit côté gauche dans la deuxième bergerie. Quand le dernier tapis est plein, le système est arrêté manuellement. Ce convoyage complexe n’a pas été simple à régler. Il fallait que tous les convoyeurs fournissent le même débit. Mais, la plus grosse difficulté a été d’étalonner le système pour distribuer les bonnes quantités aux brebis. « Nous avons mis une année à tout régler », explique Maxime Barascud.

Les commandes sont centralisées devant chaque tapis

Le débit est réglé par l’ouverture de la trappe de déchargement. Une caméra installée à l’avant de la machine permet de contrôler cette ouverture (graduations) sur quatre écrans disposés en des lieux stratégiques dans la bergerie. Des caméras de surveillance sont également placées en plusieurs lieux du convoyage. Toutes les commandes (mélangeuse, convoyeurs, tapis) sont centralisées sur des panneaux situés devant chaque tapis. Des écrans de pesée, qui indiquent la quantité restante dans la mélangeuse, permettent de contrôler les quantités distribuées à chaque tapis. La vitesse d’avancement des tapis peut enfin être réglée pour adapter la quantité de ration en fonction du nombre de brebis présentes dans chaque lot. Les anciens tapis hydrauliques ont dû être remplacés par des tapis à moteur électrique pour pouvoir les automatiser. Ce système de commande et de contrôle a été conçu et installé par un électricien local.

La distribution de l’alimentation est désormais d’une facilité déconcertante. La ration est préparée le matin. En hiver, du 1er février (mises bas) jusqu’au 15 avril (mise à l’herbe), elle est donnée matin et soir (25 min de préparation et 20 min pour les 2 distributions). L’été, avec l’enrubannage et le fourrage en vert, plus longs à préparer, il faut un peu plus de temps (50 min au total). Mais, il y a une seule distribution par jour. L’homogénéité de la ration confectionnée par la mélangeuse a permis d’améliorer l’état sanitaire du troupeau et l’état corporel des brebis et de réduire fortement les refus. Les éleveurs apprécient aussi le silence qui règne dans la bergerie. Les brebis restent d’un calme olympien quand la distribution s’enclenche.

« Ça nous a changé la vie »

L’investissement, réalisé en 2015, s’élève à 160 000 euros pour l’ensemble du système de distribution, dont 58 000 euros de mélangeuse et moteur électrique, 92 000 euros de convoyage et 10 000 euros de montage électrique. Les deux premiers postes ont bénéficié de subventions (respectivement 55 % et 60 % : Europe, État, Région). Ce qui ramène le reste à charge pour le Gaec à 73 000 euros. « L’agriculture biologique nous a permis d’investir. Ça nous a changé la vie. Nous prenons un week-end sur trois, parce que la distribution n’est plus un problème, et une semaine de congé en plus », apprécie Maxime, qui a la responsabilité de cette tâche au sein du Gaec. Le lait est rémunéré 1,40 €/litre (Laiterie Triballat Noyal).

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