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Dans le Cher
Une journée au marché au cadran de Sancoins

Chaque mercredi matin, le marché de Sancoins attire vendeurs et négociants d'ovins.

Aux alentours de 10 h 30, mercredi matin, jour de marché ovin, les négociants et vendeurs commencent à s’activer dans les allées du hall ovin du marché de Sancoins (Cher). Les derniers animaux arrivent et sont parqués. Alors que certains négociants partagent un café afin de se réchauffer, d’autres font le tour des lots afin d’en connaître le poids, l’origine et tester leur état corporel. Dans le hall destiné aux bovins la vente se termine. À 11 h 30 précises, les choses sérieuses commencent, Samuel Bionda, le chef de vente du marché, arrive avec sa nacelle. Sancoins est un marché au cadran mobile, Samuel Bionda va dont rester perché sur sa nacelle pendant toute la vente afin d’annoncer les lots les prix et diriger les enchères. La nacelle se déplacera au gré des ventes. Le prix est aussi affiché sur un écran sur cette même nacelle. "Messieurs, Dames, il est l’heure. Nous commençons par le lot numéro 1 à gauche de l’allée. 44 brebis charollaises à 26 euros l’animal, personne ?" Pas de chance pour le vendeur de ce lot, les enchères descendant trop bas le lot restera invendu. Dans ce marché, c’est un système d’enchère dégressive qui est appliqué mais si le prix descend trop bas le lot restera invendu. Ce système permet d’accélérer les ventes. Aux côtés des lots d’ovins, se trouvent aussi de petits lots de caprins qui seront aussi proposés à l’enchère ce mercredi.

Les négociants continuent à arpenter les allées en suivant la nacelle et le chef des ventes en fonction des lots annoncés. Tous semblent bien se connaître et discutent de la qualité des lots. Ils se retrouvent régulièrement dans les marchés de la région, l’ambiance est conviviale. Quand un lot les intéresse, ils font leurs enchères par simple pression sur les boutons du « cliqueur », un boîtier électronique retiré lors de l’inscription à la vente. Ces enchères sont automatiquement transmises au centre de commandement situé sur la nacelle du chef de vente et le gagnant de l’enchère est ainsi enregistré informatiquement. Les vendeurs suivent attentivement les enchères pour leur lot. Patrice Mouchet est un négociant et vendeur habitué du marché. Il vient au marché ovin de Sancoins tous les mercredis matin.

Acheter et revendre le lendemain

Il préfère acheter ici car, selon lui, il peut "mieux contrôler la qualité des lots et j’aime le jeu de la négociation en direct, le partage avec les collègues. On se connaît tous c’est toujours un plaisir de venir ici ". Il achète entre 150 et 200 brebis et chèvres par semaine. Généralement, ils les achètent au marché de Laissac (Aveyron) du mardi matin, les charges et les amènent le lendemain pour les revendre au marché de Sancoins. Il préfère ce métier à celui d’éleveur car il lui permet "de se déplacer, d’aller à la rencontre des acteurs de la filière et surtout les investissements sont moins importants, précise Patrice Mouchet. Pas besoin de bâtiments et de terrain pour loger les animaux". Il aime aussi la "dynamique du métier de négociant". Une fois un lot acquis, les négociants les chargent dans leur bétaillère à l’aide de leur chien de troupeau. Ils iront ensuite soit les engraisser pour les revendre plus tard, soit, comme Patrice Mouchet, les revendre sur un autre marché la semaine même. Pour le négociant, ce système est généralement "rentable mais on peut aussi se tromper et perdre de l’argent sur les ventes, mais après c’est là où l’œil du négociant entre en jeux afin de savoir quel lot acheter et où le revendre".

Le marché fini, Samuel Bionda range la nacelle, les parcs se vident et les lots repartent soit avec leur vendeur s’ils n’ont pas été acquis, soit avec les acheteurs. Ce jour-là dans le froid du Cher et la brume de novembre, la chance n’était pas du côté des vendeurs puisque, sur les 40 lots, de nombreux sont restés invendus. Le chef des ventes repart donc "déçu de cette journée. On n’avait pas beaucoup de lots à vendre et peu ont été achetés ou à des prix trop petits. C’est une bonne journée pour les acheteurs pas pour les vendeurs", conclut-il. Les ventes seront sans doute meilleures lors du prochain marché.

Jouer le jeu de la négociation en direct

Marché au gré à gré ou au cadran ?

Dans les marchés aux bestiaux, on distingue deux types de système de vente d’animaux : les marchés au gré à gré et les marchés au cadran. Dans les marchés présentant des ovins, il existe huit marchés au cadran et 14 marchés au gré à gré. Le marché au gré à gré permet aux opérateurs de vendre et d’acheter en négociant directement auprès des opérateurs intéressés par l’animal ou le lot d’animaux. Les animaux sont amenés le jour du marché et installés en parcs. La vente commence à heure fixe et les acteurs négocient directement entre eux. Le marché au cadran fonctionne, lui, selon un système d’enchère électronique. Les informations relatives aux animaux présentés ainsi que les enchères sont affichées sur écran géant. Les animaux sont annoncés au marché quelques jours avant, de façon à ce que les acheteurs potentiels prennent connaissance du nombre d’animaux et des catégories présentées. Dans les marchés au cadran, plusieurs systèmes de présentation des animaux existent. Le premier système est le passage sur le ring, les bovins et les ovins par exemple passent en lot sur le ring de pesée. La vente peut aussi se faire sur catalogue ce qui évite de déplacer des lots d’animaux sur un ring. Les acheteurs peuvent passer dans les parcs avant la vente leur donnant ainsi l’occasion d'observer les animaux et se faire une idée sur la qualité des lots. Ils s’installent ensuite aux pupitres d’achat pendant la vente en elle-même. Les animaux ne sont donc pas présentés sur le ring mais annoncés lot par lot. Le dernier système de vente est la vente à la criée. Les animaux sont installés dans des parcs. Les acheteurs sont présents dans les allées entre les parcs et peuvent visualiser de près les animaux pendant la vente. Le chef de ventes se déplace sur un chariot mobile équipé d’un écran qui annonce les prix et les lots. Il se déplace dans les allées du parc et ce système est aussi appelé cadran mobile. En 2015, près de 60 % des 295 000 ovins vendus sur les marchés français l'ont été au cadran.

Vingt-deux marchés aux bestiaux ovins en France

Un marché aux bestiaux est une structure ayant reçu un agrément sanitaire de la part de la DDCSPP (direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations), selon l’arrêté du 16 décembre 2011 relatif aux conditions d’agrément des centres de rassemblement et d’enregistrement des opérateurs commerciaux. En France, il existe 22 marchés aux bestiaux qui traitent des ovins. Ils sont répartis principalement dans les gros bassins de production ovine. Les plus gros marchés se trouvent principalement dans le centre de la France : Parthenay dans les Deux-Sèvres (52 000 têtes), Sancoins dans le Cher (44 000), Réquista dans l'Aveyron 40 000) et Saugues en Haute-Loire (32 000). Ces marchés sont rarement spécialisés en ovins et ils traitent aussi des bovins, des caprins, etc. Le congrès annuel de la Fédération française des marchés de bétail vif se tiendra les 30 et 31 mars à Saugues.

Le saviez-vous 

Le chef d’orchestre dirige marché au cadran

Le chef des ventes d’un marché au cadran organise les transactions en faisant monter ou descendre les enchères d’animaux présentés sur un ring ou dans les parcs pour le cadran mobile. Disposant d’une solide connaissance du marché et des animaux (conformation, état d’engraissement) ainsi que des réglementations française et européenne pour le commerce de bétail, il établit le lien entre le vendeur (éleveur ou commerçant) et les acheteurs (négociants en viande, engraisseurs, exportateurs et importateurs). Le métier est partagé entre une activité en extérieur : auprès des éleveurs, des commerçants, dans les fermes ou sur les marchés, et une activité sur le marché pour la gestion et l’organisation de la vente. Le chef des ventes est le pivot du marché au cadran.

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