Surveillance connectée, l’innovation au service des bergers
Vérifier à distance le fonctionnement de sa clôture ou surveiller ces brebis depuis son smartphone, c’est désormais possible. Zoom sur les nouvelles technologies du berger.
Vérifier à distance le fonctionnement de sa clôture ou surveiller ces brebis depuis son smartphone, c’est désormais possible. Zoom sur les nouvelles technologies du berger.
L’Institut de l’Élevage mène actuellement, sur fond de Casdar (1), une réflexion sur le concept de capteurs embarqués sur les animaux. Le projet s’appelle Clochète et les capteurs fonctionneraient avec un GPS et un accéléromètre. Le GPS présente trois fonctionnalités : la localisation des animaux, la délimitation des zones de pâturage et des zones interdites aux animaux et une aide à la gestion pastorale avec une visualisation précise des circuits de pâturage. L’accéléromètre aurait pour rôle, lui, de connaître les activités des animaux, autant au niveau de leurs déplacements que de leurs temps de repos et de rumination. Il pourrait aussi entrer dans la lutte contre les sources de stress des animaux et contre la prédation, puisque l’éleveur pourrait détecter des comportements anormaux de ces brebis, tels que des mouvements très rapides et désordonnés ou à l’inverse une immobilité très longue.
Combiner localisation et étude comportementale
« On souhaite répondre au mieux aux besoins des éleveurs en élaborant un cahier des charges très précis, en collaboration étroite avec une trentaine d’entre eux », explique Pierre-Guillaume Grisot, en charge du projet Clochète pour l’Institut de l’Élevage. « Il y avait une demande importante sur le terrain en matière de références sur l’utilisation des GPS, comment s’en servir et lequel choisir. Nous souhaitons aller plus loin en exploitant les données fournies par les accéléromètres, présents dans les GPS, en tant qu’indications sur le comportement des animaux ». L’intelligence du dispositif combinant GPS et accéléromètre est développée par Aguila technologies, un bureau d’études axé sur les objets connectés. La société a mis sur le marché en septembre 2017 le collier GPS Epasto (2), conçu au Pays basque et fabriqué en France. Adaptable à toutes espèces, le logiciel est consultable sur ordinateur et smartphone. Le boîtier coûte 299 €, ce prix comprenant un an d’abonnement, puis l’abonnement est à 69 € HT/an. Sur le même principe, Philippe Gros et Jean-Michel Coquin ont créé en 2015 Witrace (3) avec l’idée de permettre aux chasseurs de pouvoir géolocaliser leur(s) chien(s) durant les parties de chasse. La technologie initiale a vite dépassé le simple cadre de la cynégétique et se trouve être utilisable dans de nombreux autres domaines, notamment la surveillance des animaux au pâturage. Le dispositif est simple, il s’agit d’un collier comportant un boîtier imperméable et résistant aux chocs dans lequel se trouve une balise GPS.
Définir virtuellement zones de pâturage et zones "interdites"
La balise coûte autour de 300 € et l’abonnement se fait sur une durée définie par l’éleveur ; à titre indicatif, l’abonnement pour un an est à 40 €. L’éleveur décide de l’activation ou non de telle ou telle balise et choisit la fréquence d’émission de celle-ci. Après avoir téléchargé l’application sur son smartphone, l’éleveur voit chacune de ses balises actives sur un fond de carte. « Nous avons deux types de clients : les éleveurs qui veulent juste savoir où sont leurs animaux et les éleveurs qui veulent aussi d’autres informations sur leurs comportements, les chemins qu’ils empruntent, les zones qu’ils préfèrent, si la rumination se passe bien, etc. », détaille Philippe Gros, cofondateur de cette start-up en pleine expansion. Chaque balise est caractérisée par la distance qui la sépare du smartphone, l’autonomie qui lui reste, la couverture satellite à laquelle elle a accès, la vitesse de déplacement de l’animal et sa dernière émission. L’éleveur peut dessiner virtuellement les zones de pâturage et celles où les animaux ne doivent pas se trouver. La start-up travaille avec l’Inra de Montpellier pour orienter l’éleveur dans ses choix d’équipement. « En général, on équipe 10 à 20 % du troupeau, selon la pression de la prédation », explique l’entrepreneur isérois.
Quand les clôtures envoient des SMS
Commercialisé depuis début 2017 par la société Pampaas, le dispositif VigiFence a pour vocation de veiller au bon fonctionnement de la clôture électrique. Très robuste et imperméable, le boîtier comporte une partie électronique reliée à la clôture et une antenne qui va communiquer avec l’entreprise, laquelle décidera ou non de déclencher une alerte par SMS sur le téléphone de l’éleveur. « Trois statuts existent : soit la clôture fonctionne correctement, soit la tension est trop faible, soit le courant est coupé. Cela permet à l’éleveur de déterminer l’action qu’il va mener », détaille Martin Coudière, représentant commercial pour l’entreprise haute-savoyarde. Le boîtier coûte 250 € avec un an d’abonnement, puis 50 €/an ensuite. L’antenne utilise un réseau spécial pour les objets connectés et ne nécessite donc pas de carte Sim. Le boîtier fonctionne sur piles, avec une autonomie de deux ans. « Lors du lancement de VigiFence, nous avions proposé un forfait test à 30 € pour un mois. 95 % des personnes qui l’ont testé ont investi dans la version définitive, se félicite Martin Coudière. C’était vraiment un besoin chez les éleveurs. D’ailleurs, le créateur du concept en est lui-même un ! ».