Quel financement pour l’accompagnement technique ovin renouvelé ?
La filière ovine aimerait renforcer le suivi technique mais, avec moins de crédits publics, les coopératives devront sûrement davantage faire payer les éleveurs.
La filière ovine aimerait renforcer le suivi technique mais, avec moins de crédits publics, les coopératives devront sûrement davantage faire payer les éleveurs.
Lors d’un webinaire de la filière ovine, La Coopération agricole s’est interrogée sur le moyen de financer le nécessaire accompagnement technique. « La filière a besoin de conseillers en élevage ovin, rappelle Maurine Grivaz, l’animatrice ovine de la fédération des coopératives. C’est capital pour aller vers les demandes de la filière : plus d’agneaux, avec des viandes qui répondent aux besoins du marché en matière de régularité ou de qualité. »
Mais l’accompagnement des éleveurs est menacé par la suppression des crédits FranceAgriMer et la difficulté d’obtenir des soutiens régionaux. Sans compter qu’il est parfois compliqué de recruter et conserver les conseillers ovins. Pourtant, dans le cadre d’Inn’ovin, la filière veut proposer un accompagnement technique renouvelé. Cet accompagnement se base sur un conseiller référent qui coordonne les différents conseillers de l’élevage. Il travaille en équipe et va chercher les compétences des spécialistes. « Un suivi plus facile à mettre en place dans les coopératives polyvalentes qui peuvent bénéficier de tout le réseau technique de la coopérative, avec des spécialistes des bâtiments, de l’alimentation ou des cultures », observe Jean-Pierre Arcoutel, éleveur coopérateur du Lot.
Dans le nouveau schéma préconisé, le technicien référent établit un diagnostic, élabore un plan d’action auquel adhère l’éleveur, visite régulièrement l’éleveur lors de l’accompagnement technique puis dresse un bilan qui permet de mesurer la plus-value obtenue par l’éleveur.
Au-delà de ce technicien référent, l’accompagnement de demain doit s’appuyer sur un réseau social numérique pour s’échanger facilement astuces et bons tuyaux. L’accompagnement technique collectif garde aussi toute sa place. Éleveuse en Vendée, Marinette Bobineau le confirme : « Il faut aussi et surtout du collectif. C’est encore plus important que les éleveurs puissent se rencontrer et échanger ».
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Enfin, l’accompagnement technique renouvelé pourra s’appuyer sur des campagnes de communication démonstratives et incitatives avec des témoignages, des modules de démonstration, des fiches ou des vidéos. En 2021, les messages porteront sur les échographies et les brebis improductives.
Si les ambitions sont grandes, la question du financement demeure. « Cet accompagnement technique a un coût pour la structure et pour l’éleveur, reconnaît Marinette Bobineau de la Cavac. Mais le jeu en vaut la chandelle. Il y a un vrai retour sur investissement en termes de résultats techniques ou de régularité des approvisionnements. En échangeant surtout avec un seul technicien référent, l’éleveur se sent en confiance et peut progresser ».
« Il ne faut pas qu’internet deviennent le service technique des éleveurs, alerte Jean-Roch Lemoine, coopérateur dans l’Aube. C’est à nos coopératives d’assurer le conseil technique, quitte à ce que ça coûte aux éleveurs. » Une facturation difficile à mettre en place dans certaines zones où il y a de la concurrence sur la mise en marché. « Dans l’accompagnement technique renouvelé, l’appui des conseillers doit être vu par l’éleveur comme un investissement qui rapporte, conclut Maurine Grivaz. Il faut que l’éleveur soit prêt à investir ».