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Prévenir et la traiter la myiase à Wohlfahrtia magnifica

L’infestation parasitaire provoquée par les larves de la mouche Wohlfahrtia magnifica nécessite la mise en place de mesures de prévention et des soins adaptés et anticipés.

L’infestation cutanée (ou myiase cutanée) provoquée par les larves de la mouche Wohlfahrtia magnifica engendre des plaies importantes et douloureuses principalement sur les ovins mais d’autres espèces peuvent être atteintes. Le traitement des lésions est long et complexe (jusqu’à plusieurs heures quotidiennes) et des surinfections ainsi qu’une ré-infestation sont courantes pendant la période de cicatrisation. Un suivi des soins pendant plusieurs jours est donc primordial pour enrayer l’infestation.

Pour lutter contre cette maladie, il faut prévenir les infestations et soigner rapidement les animaux atteints. Ces actions se basent sur des protocoles adaptés aux différentes situations à mettre en place avec son vétérinaire et son GDS. Le suivi précis de ces protocoles permet une gestion efficace de la myiase. Ces protocoles se basent sur les travaux conduits par les GDS de Charente, de la Vienne et de la Haute-Vienne et par le Copil Wohlfahrtia magnifica de Nouvelle-Aquitaine. Mis en place fin 2016, ce Copil, piloté par la fédération régionale des GDS, comprend les acteurs de la filière ovine de la zone limousine atteinte.

Comment protéger son cheptel en zone atteinte et en zone de vigilance ?

La zone atteinte comprend les communes dans lesquelles des cas de myiases à Wohlfahrtia magnifica ont été recensés. La zone de vigilance correspond à la zone située dans un rayon de 30 km autour de la zone atteinte. Cette distance correspond à l’expansion maximale estimée entre deux années d’après les informations connues à ce jour. Pour connaître la zone dans laquelle son cheptel se situe, l’éleveur peut se rapprocher de son GDS ou son vétérinaire.

La prévention se base d’abord sur la maîtrise, tout au long de l’année, des facteurs de risque liés à la conduite d’élevage et aux soins et ensuite sur la protection corporelle pendant la période à risque, de mi-mai à fin octobre. La maîtrise continue des facteurs de risque nécessite de gérer efficacement les affections du pied grâce à un protocole de gestion défini avec son vétérinaire. Il faut aussi favoriser une bonne hygiène lors de la pose d’éponges pour limiter les écoulements vaginaux. On apportera des soins adaptés à la moindre plaie, même minime, notamment lors de la pose de boucles auriculaires pour favoriser une cicatrisation rapide. Les animaux concernés doivent être rentrés le temps de les traiter. À plus long terme, on veillera à ce que la queue recouvre la vulve des agnelles.

La protection corporelle du cheptel doit se définir avec son vétérinaire en tenant compte des conditions climatiques, de la conduite d’élevage et des impacts environnementaux éventuels. Cette protection vise les ovins adultes (délai d’attente trop long pour les agneaux) et s’organise autour de deux phases : réduire le nombre de mouches en début de saison et empêcher/limiter les déposes de larves sur les animaux sur la période la plus à risque.

Comment prévenir la diffusion de l’infestation ?

Plusieurs mesures visant à prévenir la diffusion de l’infestation de la mouche sont listées dans le tableau suivant. Elles s’appliquent aussi bien dans la zone atteinte, la zone de vigilance et hors zone. Elles visent à limiter la diffusion en zone atteinte et empêcher la propagation hors de cette zone. En effet, en quelques années seulement, la zone atteinte a fortement évolué passant de quelques communes à plusieurs départements. Les mesures prévues pour l’introduction en élevages complètent les mesures sanitaires habituelles à mettre en place lors de chaque introduction d’ovins.

Comment soigner ses animaux ?

Il est nécessaire de :

- Les rentrer en bâtiment fermé le temps de les soigner car la mouche n’y rentre pas (ou peu) naturellement ;

- Contacter immédiatement son vétérinaire afin de mettre en place avec lui et le plus rapidement possible les soins les plus adaptés permettant à la fois de prendre en charge la douleur pour soulager l’animal et de soigner la plaie pour limiter la surinfection et éviter un nouveau dépôt de larves ;

- Appliquer un insecticide prévu (défini avec son vétérinaire) à cet effet directement sur les larves, y compris dans la plaie, lorsque l’on rentre les animaux. Attendre 24 heures avant de retirer délicatement toutes les larves restantes et les détruire sans qu’elles ne tombent sur le sol. En effet, les larves pourraient continuer leur cycle en faisant leur pupaison sous terre ;

- Vérifier qu’aucune larve n’est présente dans la plaie 48 heures après l’application de l’insecticide et attendre la guérison des lésions pour les ressortir afin d’éviter une ré-infestation ;

- Surveiller de façon plus attentive les autres animaux.

Il est également nécessaire de tenir informer son GDS de chaque cas ou suspicion (voir article précédent dans Pâtre n° 674). Cela permet de suivre la situation de la maladie et les zones atteintes. Il convient par ailleurs d’informer ses voisins de pâture afin qu’ils surveillent leurs animaux et mettent en place la prévention nécessaire, en lien avec leur GDS et leurs vétérinaires.

Bien que cette myiase concerne principalement les ovins, l’ensemble des mesures décrites dans cet article peuvent être appliquées pour d’autres espèces suivant la situation et les besoins. Par ailleurs, les éleveurs mixtes ovins-bovins situés en zone atteinte doivent avoir une attention particulière pour les bovins notamment lors de l’écornage ou de toute plaie même petite (nombril, pose de boucle auriculaire, sutures…).

La suite au prochain numéro…

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