Les recherches de l’Anio pour améliorer la reproduction
L’Association nationale d’insémination ovine (Anio) réunit les neuf centres d’IA ovin français pour mutualiser les recherches sur la reproduction. État des programmes en cours.
![Jean-Pierre Josselin, président d’Anio. « Le seul moyen d’avoir plus d’agneaux, c’est la génétique » © D. Hardy](https://medias.reussir.fr/patre/styles/normal_size/azblob/2023-06/_RPA636_SINF_ANIO_ENC11.JPG.webp?itok=icvxv2ma)
![En 2014, près de 810 000 inséminations ovines ont été réalisées avec de la semence issue de béliers de 24 races. © D. Buisson](https://medias.reussir.fr/patre/styles/normal_size/azblob/2023-06/_RPA636_SINF_ANIO_1.JPG.webp?itok=zg3HOaJK)
C’est au sein de l’Anio(1) que l’ensemble des neuf centres français d’insémination ovine se retrouvent plusieurs fois par an avec les ingénieurs et chercheurs de l’Institut de l’Élevage, l’Inra et Allice pour définir et construire les programmes collectifs d’études en matière de reproduction ovine. Pour l’Anio, il s’agit de partager les problématiques en matière de reproduction ovine (IA mais aussi monte naturelle) et de mettre en commun et mutualiser les programmes de recherche et développement. Actuellement, le programme de travail s’articule autour de trois projets.
1 Des maxi-mâles pour booster la production de semence et les schémas de sélection
Le projet Maxi’male(2) vise à améliorer la fonction sexuelle du bélier et la production de la semence ovine. Ce projet, porté par l’Institut de l’Élevage et associant Allice, Inra, Anio/Ovitest, Capgenes et Laboratoire national du contrôle des reproducteurs, s’intéresse à l’utilisation des béliers dans les centres de production de semence. En effet, dans les schémas de sélection, de nombreux mâles sont éliminés avant qu’ils aient démarré leur carrière de reproducteur, ce qui engendre un coût et une perte d’efficacité. Maxi’mâle veut donc réduire ces réformes subies, améliorer la capacité de production des reproducteurs et donc d’optimiser la gestion des futurs mâles améliorateurs. Pour cela, les recherches portent sur l’élimination anticipée des mâles et les indicateurs de précocité sexuelle. Le projet cherche aussi à déterminer quelles sont les meilleures pratiques d’élevage et méthodes d’entraînement pour faciliter la collecte de semence. L’idée est aussi de prédire le potentiel génétique des futurs reproducteurs en se basant sur les caractères de production de semence.
2 Augmenter la durée de conservation de la semence et mieux comprendre le franchissement du col
Le projet Oueb, porté par Allice et associant l’Inra et l’Anio/Oson, s’inscrit dans la continuité des efforts faits par l’Inra depuis le début de l’IA ovine dans les années 1970 pour essayer d’augmenter la durée de conservation de la semence ovine. Si la congélation de la semence ovine ne pose pas de problème technique sa mise en place en utilisant des techniques d’IA cervicale (dépôt de la semence dans le col de l’utérus) conduit à des résultats de fertilité de l’ordre de 20 à 30 %. À l’inverse, la semence conservée en frais (avec un délai maximal de l’ordre de 10 à 12 heures) permet une fertilité moyenne de plus de 60 % en IA cervicale. Le projet Oueb vise optimiser la conservation de la semence à 15 °C afin d’augmenter le délai d’utilisation de la semence fraîche. Il cherche aussi à améliorer la qualité de la semence congelée afin qu’elle puisse passer le col de l’utérus de la même façon que les spermatozoïdes frais. Enfin, il étudie la modification des propriétés du mucus cervical, pour favoriser le passage des spermatozoïdes dans l’utérus.
3 Comprendre pour mieux conseiller sur les problèmes de fertilité femelle
L’Institut de l’Élevage en partenariat avec l’Inra, Allice et en relation étroite avec l’ensemble des membres de l’Anio a animé une réflexion sur la fertilité des femelles. Il en est ressorti une méthodologie et un outil d’audit sur la fertilité nommée Reprovine. Cette méthode commune d’analyse et de conseil s’appuie sur les résultats de fertilité issus des données individuelles d’inventaire et de reproduction et sur une analyse quantitative et qualitative des facteurs de risques actuellement connus. Ces données sont issues des systèmes d’information génétique Ovall et SIeol dans lesquels les données de base sont disponibles. Cette démarche sera testée en 2016 et 2017 dans une quarantaine d’élevages ovins laitiers et allaitants. Après cette phase de test, l’outil Reprovine a vocation à être diffusé le plus largement possible.
L’Anio change de président
Après plus de six ans à la présidence de l’Anio, Philippe Boudou a passé la main à Jean-Pierre Josselin, par ailleurs président d’Oson. Éleveur-sélectionneur de brebis Ile-de-France dans l’Oise depuis 1995, Jean-Pierre Josselin est un fervent défenseur de la génétique. « L’insémination apporte du gain génétique mais c’est aussi une façon de s’organiser avec des dates d’agnelage programmées qui évitent que les mises bas ne se télescopent avec d’autres chantiers. Cette programmation des naissances est aussi une attente de l’aval. »