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« Les agriculteurs ont le moral au fond des bottes » : après les panneaux retournés, manifestation à Toulouse le 16 janvier

Plusieurs milliers d’agriculteurs sont attendus ce 16 janvier dans les rues de Toulouse (mais aussi à Avignon) pour protester contre les hausses de charges. Faut-il y voir les prémices d’un mouvement de contestation comme celui qui agite les agriculteurs en Allemagne ?

Manifestation agricole le 22 novembre à Toulouse
© Jeunes agriculteurs de Haute Garonne

Environ 400 tracteurs et 2000 agriculteurs de toute l’Occitanie devraient converger jusqu’à la place du Capitole dans le centre-ville de Toulouse mardi 16 janvier 2024, selon France 3 Occitanie. 

Quelques semaines après une série de manifestations dans plusieurs départements de la région, les agriculteurs veulent faire entendre leur colère. 

Les charges augmentent et les prix ne suivent pas

« Les agriculteurs ont le moral au fond des bottes, on marche sur la tête. Les charges augmentent et les prix ne suivent pas », explique Philippe Jougla, président de la FRSEA Occitanie, dans une vidéo postée sur Facebook et qui appelle les agriculteurs à venir manifester tout en s’excusant auprès des Toulousains pour le dérangement.

Lire aussi : Panneaux retournés : qui est derrière cette opération qui se répand en France ?

Des injonctions contradictoires pointées du doigt par la FRSEA et les JA Occitanie

« Face à toutes les contraintes qui s'accumulent sur nos exploitations, aux injonctions contradictoires, aux décisions court-termismes en contradiction avec la réalité de notre modèle agricole... les agriculteurs d'Occitanie n'en peuvent plus ! », écrit la FRSEA Occitanie sur les réseaux sociaux.

On demande tout et son contraire aux agriculteurs qui sont déboussolés pour gérer leurs exploitations

« Le message est simple, on demande tout et son contraire aux agriculteurs qui sont déboussolés pour gérer leurs exploitations. La mobilisation de Toulouse s’inscrit dans la continuité d’On marche sur la tête », commente auprès du Paysan tarnais Christopher Régis, président des Jeunes agriculteurs du Tarn, à l’origine de l’opération des panneaux retournés qui a peu à peu gagné tout le territoire français.

Parmi les injonctions contradictoires, « on nous demande d’un côté de ne plus soigner nos plantes par les produits phytopharmaceutiques, ce qui veut dire qu’il nous reste plus que les interventions mécaniques ou manuelles. Et au même moment, on augmente les taxes du carburant agricole pour dissuader les agriculteurs d’utiliser le moteur thermique », cite de son côté Marie-Line Bruel, coprésidente de la FDSEA81 dans l’article de la presse agricole départementale.
 

La hausse de la fiscalité sur le GNR passe mal

Parmi les messages postés sur les réseaux sociaux, un message de la FDSEA de Haute-Garonne qui relaie une vidéo de Mathieu Maronese, membre des Jeunes agriculteurs de Haute-Garonne, en colère contre la hausse de la fiscalité sur le GNR (2,85 centimes par an par litre pendant 7 ans). « Je consomme 20 000 litres de GNR par an sur mon exploitation, pour moi ça fait au total une hausse de 4000 balles par an, au moment où le cours de nos productions chute, nos charges augmentent, le compte n’est pas bon ».

Je consomme 20 000 litres de GNR, ça fait 4000 balles en plus par an

 

 

 Lire aussi : Prix du GNR : quel taux de TICPE en 2024 et quelles modalités pour le remboursement partiel ?

 

Une manifestation d’agriculteurs également prévue à Avignon

A noter que le 16 janvier 2024 est également prévue une manifestation d’agriculteurs à Avignon devant la Chambre d’agriculture de Vaucluse à l’appel de la FRSEA Paca et des Jeunes agriculteurs de Paca. 

 

Lire aussi : Taxes sur le diesel agricole : les agriculteurs allemands en pleine démonstration de force

Les prémices d’un mouvement massif comme en Allemagne ?

Faut-il pour autant y voir les prémices d’un mouvement de grève des agriculteurs, à l’instar de ce qui se passe en Allemagne, comme s’interroge le journaliste d’Arte Pierre Girard, dans un thread très commenté sur X (ex-twitter) ?

Le gouvernement de @GabrielAttal et son ministre de l’#agriculture commenceront-ils par gérer un mouvement de grève ?
Je suis en #Allemagne depuis lundi, où les tracteurs bloquent des infrastructures clés. D'où vient cette colère ? Il y a eu plusieurs déclencheurs. 
Thread 1/16 pic.twitter.com/R28L5sRC45

— Pierre Girard (@artepierre) January 14, 2024

 

Pas de comparaison possible avec la grogne des agriculteurs allemands selon Arnaud Rousseau

A l’occasion des voeux à la presse, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a tenu à préciser les choses sur la comparaison entre le mouvement de contestation agricole allemand et le mouvement « on marche sur la tête » français.

Il a rappelé que pour boucler son budget, le gouvernement allemand avait décidé de renforcer la taxation du  « gazole blanc  »  (et non GNR) utilisé par les agriculteurs allemands (et les transporteurs) également taxés à l’essieu. Une taxation supplémentaire représentant un montant d’un milliard d’euros. 

Après de premières manifestations, les agriculteurs allemands ont obtenu un délai de trois ans pour une fin de fiscalité avantageuses en 2026.

En France, on a été capables de construire dans la négociation

« Ce que nous avons négocié en juin en France est de conserver un avantage fiscal, avec certes une réduction sur 6 ans, et en parallèle des compensations pour les agriculteurs », a tenu à préciser le président de la FNSEA. « En France, on a été capables de construire dans la négociation. En Allemagne, il ne faut pas oublier que le ministre de l’Agriculture est vert d’où les réactions très vives. Il n’y a pas de comparaison possible avec la France ». 

« En revanche ce qui nous rapproche de la DBV (homologue allemand de la FNSEA), c’est la remise en cause de la vision européenne du Green Deal dans sa partie décroissante », a tenu à préciser Arnaud Rousseau

Lire aussi : Les 10 dossiers agricoles chauds de 2024 selon la FNSEA

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