Aller au contenu principal

en Belgique
La FNO tournée vers l’Europe

Pour son 69e congrès, la FNO a rassemblé les éleveurs ovins à Libramont. L’occasion pour la filière française de découvrir l’élevage belge et d’orienter les discussions sur l’Europe et le Brexit à venir.

Pour la première fois depuis sa création, il y a 70 ans, le congrès de la Fédération nationale ovine s’est déroulé hors du territoire national, en Belgique. Cette année, les discussions étaient donc tournées vers l’Europe et les négociations en cours pour le Brexit. La présidente Michèle Boudoin a reconnu l’aspect singulier de ce congrès puisque ce sont à la fois « les soixante-dix ans de la FNO et dans le même temps, les 60 ans du Traité de Rome, soit 60 ans de paix ! Ce congrès est également singulier puisque nous sommes en Belgique, capitale de l’Europe, et nous sommes dans un espace-temps d’élections présidentielles françaises tellement important pour l’avenir de notre nation. »

Les moutonniers français ont eu l’occasion de découvrir la filière belge et plus précisément wallonne. Le premier jour, ils ont été accueillis dans l’exploitation de Jean Devillers, à Marchin, une figure de l’élevage ovin en Wallonie. Il leur a fait visiter son exploitation et a expliqué son mode de production en ovin mais aussi en Blanc bleu belge, race bovine iconique de la Belgique (voir dossier de Pâtre n° 644).

Toute la journée du jeudi 27 avril, les participants au congrès étaient répartis sur des circuits de visites afin de découvrir l’élevage belge et les outils de productions. Ils ont notamment pu visiter le centre de recherche ovine, l’usine Traitex (usine de traitement de la laine), des élevages de races prolifiques, des élevages avec des races natives de Belgique, etc.. Certains participants ont découvert un élevage qui fait de la gestion d’espace naturel. Ce congrès était l’occasion pour les éleveurs français de découvrir et d’échanger avec leurs homologues belges.

Un événement marqué par les élections présidentielles

Lors de la soirée d’accueil, Jean Devillers a commencé par remercier la filière française d’être venue en territoire belge. L’éleveur, qui assiste aux congrès de la FNO depuis maintenant 25 ans, a aussi rappelé que « tout était possible par le travail en groupe mais pas en fermant les frontières ». Cet événement qui s’est déroulé pendant l’entre-deux tours des présidentielles était très empreint de cette élection et les Belges n’ont cessé de rappeler que l’Europe était importante pour les filières françaises et belges qui ont su, au cours des années, tisser des liens.

Les éleveurs français ont aussi pu déguster la production locale lors d’une soirée de gala, agneau de la province de Luxembourg, bière et fromage de brebis notamment. Les Belges avaient vu les choses en grand puisque Willy Borsu, le ministre belge de l’Agriculture, et Thérèse Mahy, la députée de la province de Luxembourg en charge de l’agriculture, étaient présents. Thérèse Mahy a ouvert la soirée en rappelant qu’il était "du devoir des pouvoirs publics de soutenir l’élevage ovin de la région". Le ministre a, quant à lui, exprimé son affection pour les éleveurs, « une profession dont on oublie la noblesse et qui a la mission primordiale de nourrir la planète ». Il a aussi salué les liens d’amitié qui existent entre les filières ovines des deux pays. Cette soirée a aussi été l’occasion de rendre hommage à Raymond Paquay, une figure ovine locale, qui a longtemps œuvré pour la structuration de la filière et a notamment impulsé la création du centre de recherche ovine. Michèle Boudoin en a aussi profité pour célébrer les 70 ans d’existence de la FNO, vœux qu’elle a réitéré lors d’un autre temps fort de ce congrès : l’assemblée générale le vendredi 28 avril.

Le secteur ovin est particulièrement sensible au Brexit

En plus du rapport d’activité 2016 de la FNO, cette assemblée générale a été l’occasion d’une discussion sur la place du mouton en Europe. Michel Barnier, en charge des négociations pour le Brexit, a dû annuler sa venue en raison, justement, d’une réunion entre les états européens pour définir les lignes de négociation avec le Royaume-Uni. Mais il a tenu à s’exprimer par le biais d’une vidéo afin tout d’abord de "féliciter les éleveurs français d’avoir fait le déplacement". Il s’est aussi voulu rassurant en rappelant que dans les négociations à venir, il serait important de "donner du poids aux demandes et aux points de vue des éleveurs" qu’il estime très concernés par les conséquences de ces négociations. Avant le début de la table ronde, la présidente de la FNO a rappelé qu’il était "audacieux de venir en Belgique mais que le thème de la table ronde était cohérent avec ce déplacement ". Le débat était animé par Philippe Chotteau de l’Institut de l’Élevage.

Les participants, comme John Bryan, président du Forum européen sur l’avenir de la production ovine et rapporteur de l’avis du Comité économique et social européen sur « Une redéfinition de la PAC », ont appelé les politiciens à "se lever pour défendre les agriculteurs, à faire des propositions audacieuses et à être prêts à taper sur la table pour que les états investissent plus d’argent pour la Politique agricole commune."

Pour une politique agricole européenne stable et réfléchie

Lors de ce débat, les discussions ont en effet beaucoup tourné autour de la PAC et de son avenir. Dans leur ensemble, les participants ont appelé à ne plus réformer la PAC tous les cinq ans mais à en faire une aide stable afin de permettre aux éleveurs, mais aussi aux préteurs, d’avoir une visibilité sur le long terme notamment lors des installations. Pour Marc Tarabella, eurodéputé belge, « on ne peut pas demander à un jeune de s’installer et d’investir des milliers d’euros en ayant seulement une visibilité des aides sur cinq ans. Si l’on veut favoriser l’installation, il faut rendre cette politique plus stable ». Il a aussi appelé à rendre le métier plus attrayant en augmentant la « solidarité entre les éleveurs et en permettant à tous de respirer et de prendre des vacances grâce au remplacement ». Sur ce point, il a été suivi par Henri Brichart, éleveur de bovins et d’ovins et vice-président de la FNSEA. Il souhaite en effet la fin "des réformes successive de la PAC. Le Brexit pourrait permettre de prendre un vrai temps de réflexion afin de construire un nouveau projet pour l’agriculture européenne." Brigitte Singla, éleveuse dans l’Hérault, a elle aussi appelé à une "Europe forte qui soit fière de son agriculture et respectueuse des hommes qui y travaillent. Nous attendons un soutien à hauteur de nos espérances."

Pour une Europe d’échanges

Sabine Laruelle, de l’entreprise de conseil NSF Euro Consultants, a rappelé que "le premier bien public qu’est l’alimentation est produit par les agriculteurs. On a tellement de nourriture à profusion qu’on l’oublie. Il faut donc le rappeler aux citoyens afin qu’ils comprennent qu’ils doivent continuer à financer la PAC pour maintenir l’agriculture européenne". Henri Brichart a lui insisté sur le fait que "l’Europe devait être la solution et non le problème".

Michèle Boudoin a conclu en rappelant l’importance de l’Europe malgré bien sûr des défauts « C’est parce que nous partageons ses valeurs, parce que nous savons que l’adaptation c’est la résilience à l’adversité et que le pire serait la résignation que nous croyons à une meilleure Europe, à un mieux d’Europe ». Jean Devillers lui croit aussi à une Europe meilleure. Il est en effet persuadé que "les échanges européens sont les solutions aux problèmes internes et que, dans l’avenir, tout est possible à condition d’échanger de voyager par-delà les frontières grâce aux réseaux sociaux en communiquant avec la société civile afin de couper les ailes aux canards qui abîment notre métier."

Une Europe forte et fière de son agriculture

Les activités de la FNO en 2016

L’assemblée générale était aussi l’occasion de présenter les activités menées par le syndicat en 2016. Voici quelques actions menées par le syndicat l’année dernière.

Aide ovine

Afin de proposer un aménagement de l’aide ovine qui fasse consensus au sein de la FNO, un groupe PAC a été constitué. Il est composé de membres du bureau et du conseil d’administration. Le réseau a aussi été sollicité afin de se positionner sur les propositions émanant de ce groupe de travail. En juin 2016, un conseil d’administration extraordinaire a été convoqué afin de se positionner pour soutenir les brebis ayant un taux de productivité supérieur à 0,5 en leur accordant la totalité des aides.

Combat du prix

Lors du Salon international de l’agriculture 2016, la FNO a pris contact avec les responsables des enseignes de grandes distributions afin d’amorcer des discussions bilatérales sur la question du prix. L’objectif étant de réfléchir aux divers contrats qui pourraient être mis en place.

Prédation

En 2016, la lutte contre la prédation a cristallisé de nombreuses actions du syndicat. Plusieurs rencontres ont été organisées avec Ségolène Royal, Stéphane Le Foll et leurs conseillers. Durant ces réunions les thèmes suivants ont été abordés : le déclassement du loup de la convention de Berne et de la directive Habitat, l’arrêté cadre pour la saison 2016-2017. Il a été demandé la prise en compte de la réelle pression de la prédation et le paiement des indemnisations par l’ASP. En juin 2016, la FNO a également travaillé avec l’Institut de l’Élevage afin de mettre en place des formations sur les chiens de protection. Sur le terrain, des manifestations et actions syndicales ont également été mises en place durant l’été 2016. La FNO a également participé à l’ensemble des réunions relatives au lancement de la prospective loup 2025-2030. Toutes ces actions, et d’autres, on permit à la FNO d’obtenir de la part des deux ministères concernés une réelle prise de conscience sur le sujet, des assouplissements de l’arrêté cadre de juillet 2015 ou une augmentation du plafond de prélèvement.

Sanitaire

La visite sanitaire ovine et caprine a été rendue obligatoire par l’arrêté du 24 septembre 2015 qui élargit le dispositif déjà mis en place dans les filières bovine, avicole et porcine. En 2016, la FNO a activement participé aux réunions de travail piloté par la DGAL afin de faire en sorte que cette visite sanitaire ait un intérêt pour les éleveurs. La thématique de la visite pour 2017-2018 est l’avortement. L’objectif recherché étant de poursuivre les efforts de sensibilisation des acteurs sur les enjeux liés à la sous-déclaration des avortements en élevage de petits ruminants d’une part et de faire connaître et appliquer les mesures de prévention des risques zoonotiques en cas d’avortement.

Inn’ovin

Depuis 2013, la FNO anime un groupe d’éleveurs témoins formés à la prise de parole dans les médias. Au printemps 2016, la FNO a recruté et formé de nouveaux éleveurs. Le syndicat a également coordonné la création d’une formation à la manipulation des animaux pour les agriculteurs désireux de se convertir ou se diversifier en élevage ovin.

Les plus lus

Maxime Taupin
« On a beaucoup diversifié, j’ai besoin de revenir au métier d’éleveur ovin »
Maxime Taupin est en Gaec avec ses parents sur une exploitation multi-ateliers, entre troupe ovine, grandes cultures, vente…
Agneaux à l'engraissement en Afrique du Sud
De l’intérêt des levures dans la ration des brebis et des agneaux
Le fabricant de levures Lallemand présentait une série d’études confirmant l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la…
Guillaume Maman
« J’ai créé un atelier ovin complémentaire des grandes cultures avec un minimum d’investissement »
Dans le nord-est de l’Aube, Guillaume Maman a repris l’exploitation familiale orientée grandes cultures et a créé un atelier ovin…
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis
« Nous devons nous réapproprier la mort de nos animaux »
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis à Montréal dans l’Aude et est engagée dans la création d’un abattoir mobile. Suivie…
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »
Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’…
Laurent Loury, sélectionneur ovin
"A cause de la FCO, je vais manquer d’agneaux, de brebis et mes reproductrices sont bloquées sur ma ferme"
Laurent Loury est sélectionneur de brebis Ile de France dans l'Oise. Son troupeau est contaminé par la FCO3, les pertes animales…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre