Des traces de bergers préhistoriques dans les Pyrénées espagnoles
Des fouilles archéologiques dans une grotte espagnole permettent de remonter aux sources du pastoralisme pyrénéen, il y a plus de 7 000 ans.
Des fouilles archéologiques dans une grotte espagnole permettent de remonter aux sources du pastoralisme pyrénéen, il y a plus de 7 000 ans.
La grotte d’Els Trocs, à San-Feliu-de-Veri, est isolée sur un plateau karstique à 1 560 m d’altitude, au fond des Pyrénées aragonaises. Cette simple salle de 10 mètres sur 6 a été occupée de tout temps par les bergers. Dix années de fouilles dirigées par des équipes d’archéologues du CSIC, l’équivalent espagnol du CNRS français, ont permis de reconstituer l’histoire de la transhumance sur le versant sud des Pyrénées.
En forant le plancher de la grotte, les chercheurs ont collecté près de 20 000 spécimens de morceaux d’os, de dents, de végétaux minéralisés ou d’œufs de parasites. Récupérés à différentes profondeurs, ces dépôts ont permis de dater ces pièces entre le sixième et le quatrième millénaire avant Jésus-Christ.
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La majorité des spécimens répertoriés sont issus d’ovins. L’étude des dents, de leur usure et le développement des molaires ont servi à déterminer l’âge des animaux, qui semblent avoir été principalement élevés pour la viande. L’analyse des isotopes d’oxygène et du carbone des débris a permis de caractériser la disponibilité en eau et les régimes alimentaires des animaux. Ces isotopes sont très proches de ceux obtenus sur des troupeaux transhumants actuels, signe que les restes enfouis dans la grotte correspondent à des animaux transhumants entre des plaines à végétation de régions plus chaudes et la haute montagne à plus de 2 000 mètres d’altitude. La grotte semble être un lieu de passage à la fin du printemps surtout et à l’automne vraisemblablement.
Entre le sixième et le quatrième millénaire, la durée de vie et l’âge moyen à l’abattage vont considérablement évoluer, avec une baisse importante de la mortalité périnatale. La plus grande maîtrise de l’élevage va passer par le désaisonnement des brebis, avec l’apparition de l’agnelage d’automne dès le cinquième millénaire avant J.-C. Les troupeaux semblent aussi s’agrandir, comme en témoignent également des formes de parasitisme plus intenses. La nature de ces parasites laisse entrevoir la nature des terres parcourues, alternativement plus humides (grande douve, paramphistome) puis plus séchantes (petite douve).
La petite grotte d’Els Trocs n’a pas fini de livrer ses secrets. Les investigations se poursuivent.