Dégradation du revenu ovin lait en Pyrénées-Atlantiques
Résultats économiques et efficience alimentaire étaient au menu des rencontres de l’interprofession lait de brebis des Pyrénées-Atlantiques. Avec un indice Ipampa au plus haut, l’analyse des postes de charges est importante.
Résultats économiques et efficience alimentaire étaient au menu des rencontres de l’interprofession lait de brebis des Pyrénées-Atlantiques. Avec un indice Ipampa au plus haut, l’analyse des postes de charges est importante.
Une soixantaine d’éleveurs et lycéens ont participé aux rencontres économiques de l’interprofession lait de brebis des Pyrénées-Atlantiques le 8 mars dernier. L’occasion de faire le point sur l’économie de la filière ovine laitière en France et à l’international, et de mettre en avant des sujets techniques, notamment l’efficacité alimentaire, dans un contexte de charges en forte hausse. « On n’obtient pas d’excellents résultats techniques et économiques en un jour, a rappelé en introduction Daniel Bordarrampé, président de l’interprofession. C’est un travail du quotidien et sur le long terme. »
Odile Sallato de la chambre d’agriculture, Félicien Urrutia de l’Ader et Mattin Irigoyen de l’Afog ont présenté les données de l’observatoire économique interprofessionnel issues de 136 exploitations. « Entre 2016 et 2020, à échantillon constant, on observe une augmentation générale de la taille des troupeaux, du volume de lait produit et du produit ovin, ont-ils exposé. Dans le même temps, les charges augmentent de façon importante, entraînant une baisse du revenu pour tous les systèmes de la base de données : « traditionnels transhumants », « intermédiaires transhumants », « non transhumants », « fromagers » et « Lacaune » ».
Le revenu disponible par UMO exploitant variait de 17 824 euros à 29 106 en 2020, avec une forte disparité entre et au sein d’un même système. « Les amortissements et frais financiers ont un poids élevé, ils représentent en moyenne 41 % des charges de structure. Vient ensuite le poste mécanisation, 21 %, et les services, 21 % également », ont détaillé les experts.
« Avec un chargement compris entre 2 et 3 UGB/ha, contre en moyenne 1 UGB/ha dans les autres régions, la dépendance aux achats d’aliment est forte dans les Pyrénées-Atlantiques. Cela explique l’importance du poste « aliments achetés » dans les charges opérationnelles », a expliqué Emmanuel Béguin de l’Institut de l’élevage.
« Sur la campagne 2021, l’indice Ipampa a pris 5,6 %, a-t-il poursuivi. Il faut s’attendre à une forte progression en 2022 entre le coût de l’énergie, de l’engrais, du blé, du maïs… On ne va pas vers des jours très favorables. Il est très important de maîtriser le triptyque productivité, charges alimentaires et de structure », a conclu Emmanuel Béguin.
Enfin, Violaine Salaun de l’interprofession a présenté le plan d’accompagnement de la diffusion de la génétique lancé il y a cinq ans suite au constat d’une dégradation de la richesse du lait. Il comprend des éléments techniques, la mise en place d’une analyse d’urée sur toutes les analyses paiement du lait, une étude sur les conduites d’élevage favorisant la richesse du lait, et le déploiement d’un système incitatif à la diffusion génétique : aide à la réalisation d’insémination et à l’achat de béliers certifiés améliorateurs. Les résultats semblent s’améliorer sur les deux dernières années.
Contractualisation obligatoire au 1er octobre
La loi Egalim 2 vise à « assurer une meilleure répartition de la valeur entre l’amont et l’aval en rééquilibrant le rapport de force entre agriculteurs, industriels et transformateurs ». « Parmi les mesures instaurées par cette loi, il y a la généralisation de la contractualisation, a exposé Fabienne Millet aux éleveurs présents lors des rencontres économiques de l’interprofession lait de brebis des Pyrénées-Atlantiques. Celle-ci sera obligatoire à partir du 1er octobre 2022 et concerne tous les livreurs de lait de brebis, adhérents ou non d’une organisation de producteur. » De nombreuses questions restent encore en suspens à six mois de l’échéance. Un travail collectif est mené par les interprofessions au sein de France Brebis Laitière avec notamment la rédaction d’un guide des bonnes pratiques contractuelles. « Un nouveau challenge pour notre filière », conclut-elle.