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Aérer sans courant d’air

Les brebis, et encore plus les agneaux, craignent les courants d’air. Il faut pouvoir ventiler sans vitesse excessive de l’air.

© Pâtre

La ventilation de la bergerie joue un rôle décisif sur trois facteurs qui influencent le développement microbien : la régulation de la température, l’évacuation de l’humidité et celle des gaz toxiques tels que l’ammoniac. Les températures élevées associées à l’humidité favorisent en effet le développement des microbes.

La sous-ventilation ou la présence de courants d’air sont souvent à l’origine de problèmes pathologiques récurrents. Dans la conception d’un projet de bâtiment neuf, la prise en compte de la ventilation est ainsi un élément décisif de réussite. Dans un bâtiment déjà construit, des traces de condensation sont un indice d’une ventilation insuffisante et donc de risques pour les animaux. De plus, un excès d’humidité est aussi source de dégradation accélérée (moisissures, rouille) du bâtiment comme des aliments et matériels qui y sont stockés. Pour ces deux raisons, un réaménagement s’avère alors nécessaire.

Les brebis préfèrent le froid

Pour éviter de transformer un bâtiment en nid à microbes, la température et l’humidité doivent être proches de celles de l’extérieur. Une centaine de brebis avec leurs agneaux dégagent de 3 à 4 litres d’eau par jour sous forme de vapeur et une chaleur équivalente à un radiateur de 10 kWatt.

En cas de températures extérieures particulièrement basses, il ne faut pas craindre pour les animaux adultes. Leur production de chaleur alliée au pouvoir isolant de la laine leur permet de supporter le froid, s’il n’est pas aggravé par un courant d’air ou une humidité élevée. Par contre, ils souffrent rapidement dès que la température augmente. Une brebis est ainsi beaucoup plus à l’aise à 0 °C qu’à 25 °C ! Par contre, les jeunes agneaux plus sensibles méritent des précautions : une litière propre, un endroit clair et non confiné à l’écart d’un mur froid, etc. Des aménagements spécifiques créant un microclimat sont nécessaires quand les agnelages ont lieu en période très froide.

Des brise-vent pour ralentir l’air

En fait, les animaux craignent particulièrement les courants d’air, même très localisés. Il faut pouvoir renouveler l’air sans courant d’air. Pour les brebis, la vitesse de l’air ne doit pas dépasser 0,5 mètre par seconde et 0,25 m/s pour les agneaux. Un diagnostic d’ambiance mesure ce type de critère. Réalisé par un conseiller bâtiment d’élevage, ce diagnostic vous permettra d’avoir une situation précise du bon fonctionnement de la ventilation de votre bergerie ou projet de bergerie et vous apportera des propositions d’amélioration. Compter entre 200 et 400 € (2015) pour un diagnostic d’ambiance.

Pour atteindre ces objectifs, les ouvertures ventilantes doivent être aménagées avec un dispositif brise-vent, que ce soit un filet, du bardage en bois ou de la tôle perforée. La pose de déflecteur d’air peut aussi être nécessaire pour limiter les retombées d’air froid sur les animaux à proximité de ces ouvertures. D’autre part, il faut éviter les filets d’air provenant des bas de porte, d’un filet brise-vent déchiré, d’une porte fermant mal ou laissée trop souvent entrebâillée ou de petites ouvertures dans les murs. Ouvrir une porte pour aérer son bâtiment est une pratique à proscrire : l’effet « courant d’air » est certain et bien plus néfaste que l’effet « ventilation » espéré.

Attention, dès qu’un brise-vent est installé pour diminuer la vitesse d’air, il réduit aussi le débit d’air. Il faut donc compenser cette réduction du débit en augmentant la surface de l’ouverture protégée par le brise-vent. En toiture, une faîtière ouverte avec paravent est le moyen le plus efficace pour assurer des sorties d’air avec l’effet cheminée, à condition qu’elle soit bien posée par rapport à la pluie et au vent dominant.

Améliorer l’existant : Un caisson pour diffuser l’air

La ventilation latérale par bandeau translucide décalé est un dispositif très courant. Il permet une bonne ventilation mais entraîne souvent une vitesse d’air excessive. Pour tenter de réguler les débits d’air, il est possible de rajouter des volets en bois à l’intérieur qui vont plus ou moins boucher les entrées d’air. Mais cette solution est imparfaite car les débits sont mal maîtrisés et il peut y avoir de violents courants d’air.

Pour améliorer la situation et s’assurer que l’air passe bien au-dessus des animaux, il est possible d’ajouter une plaque translucide de 80 centimètres de haut environ qui formera un caisson. On limite ainsi le risque de courants d’air quand le volet est complètement ouvert. Un deuxième niveau d’amélioration de ce dispositif est d’agrandir encore ce caisson de diffusion en ajoutant un guide en partie haute du caisson. Cette solution implique d’avoir un plafond lisse, une isolation sous pannes par exemple, pour éviter une butée de l’air sur les premières pannes.

Cette amélioration de l’existant est réalisable en auto-construction avec un prix des matériaux variant de 10 à 20 euros le m² selon s’il faut ou non rajouter une ossature pour fixer les caissons.

Améliorer l’existant : un brise-vent devant une guillotine

Les guillotines réglables permettent d’adapter les débits de ventilation en toute saison grâce à leur amplitude de réglage très large (de fermé à un mètre d’ouverture libre). Mais, en période hivernale, la moindre ouverture crée du courant d’air. L’amélioration consiste donc à rajouter une grille ou un filet brise-vent en hauteur sur 40 % de la surface. Il faudra alors ouvrir un peu plus les panneaux coulissants pour avoir le même volume d’air échangé mais la vitesse de l’air sera réduite. Le filet brise-vent devra être posé sur un cadre et on rajoutera un joint d’étanchéité avec une bande caoutchoutée de bas de porte pour éviter les accélérations d’air. Cette amélioration relativement simple à mettre en œuvre revient à une dizaine d’euros le mètre carré en comptant le cadre et le joint d’étanchéité.

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