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Passer au vrac : quelles stratégies adopter pour les commerces spécialisés et les fournisseurs ?

Le vrac, plus cher ou moins cher que le préemballé ? Quelles stratégies adoptent fournisseurs et commerces spécialisés pour basculer ou se lancer dans le vrac ? Dans quel contexte économique et entrepreneurial ? Célia Rennesson, cofondatrice et directrice générale de Réseau Vrac a apporté des éléments de réponse.

Le vrac, plus cher ou moins cher que le préemballé ? Quelles stratégies adoptent fournisseurs et commerces spécialisés pour basculer ou se lancer dans le vrac ? Dans quel contexte économique et entrepreneurial ? Célia Rennesson, cofondatrice et directrice générale de Réseau Vrac a apporté des éléments de réponse, à l’occasion de la conférence de presse sur l’étude d’impact du vrac sur les fournisseurs et les commerces de vrac.

                       

Le vrac se saisit du e-commerce dans un contexte entrepreneurial dynamique

La dernière étude de Réseau Vrac, basée sur les réponses de ses adhérents commerce spécialisés et fournisseurs de vrac, « représentatif du marché », le souligne : si le vrac a émergé dans les années 2015-2016, énormément d’entreprises ont été créées après 2018 (pour 60 % des répondants). Autre point notable : la diversité des canaux de distribution. Le commerce fixe traditionnel reste majoritaire (85 %) mais Réseau Vrac note une hausse des commerces ambulants (8 %, + 1 point en 2020 vs 2016) et surtout du e-commerce et drive (7 %, + 5 points vs 2016).

« Le drive Tout Nu, Vrac ‘n Roll, Bocaux Locaux…, illustre Célia Rennesson. La digitalisation est un fait dans le commerce traditionnel. Il y a donc la volonté des nouveaux entrants de s’ancrer dans cette dynamique mais dans une démarche plus vertueuse avec le vrac et le réemploi. »

Cette même dynamique est observée du côté des fournisseurs. Si on regarde les créations d’entreprises, la majorité des fournisseurs d’offres produits agricoles et agroalimentaires ont été créée avant 2016 (65 %). En revanche, les fournisseurs d’accessoires zéro déchet, de services et de cosmétiques l’ont été surtout après 2016 (respectivement pour 83 %, 80 % et 78 % des répondants). « Meubles trémis, logiciels, bocaux et les Beewraps… on a vu le développement important de ces acteurs fournisseurs, confirme Chloé Liard. Il y a une vraie adaptation de l’entreprenariat sur le marché à prendre.

Enfin, le métier de commerçant vrac attire de nouveaux profils d’entrepreneurs : 92 % sont issus d’une reconversion. Et 73 % des porteurs de projet sont des femmes (contre une moyenne tous secteurs de 35 %).

Sur la pérennité des entreprises, interrogé par FLD, Réseau Vrac ne dispose pas de données. D’autant plus que le Covid et la flambée des coûts et inflation sont passées par là. Mais en 2018, l’association avait noté que 78 % des entreprises étaient toujours ouvertes deux ans après leur création. « Avant Covid, on avait une pérennité des entreprises. Aujourd’hui c’est plus compliqué à estimer à cause du Covid », reconnaît Célia Rennesson.

 

Des entreprises vrac qui jouent la carte de l’économie locale et des labels

Les entreprises vrac ont à cœur de se fournir en local puisqu’en moyenne 1/3 des références dans les commerces vrac viennent du local (200 km). Les produits locaux représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires pour ¼ des répondants commerçants.

Idem pour la revendication nationale : plus de la moitié des fournisseurs de matières premières sont français et ils le sont même en totalité pour 28,1 % des commerçants vrac.  Et la part moyenne des matières premières origine France chez les fournisseurs de produits alimentaires est de 63 % (81 % pour les produits cosmétiques et détergents).

47 % des fournisseurs proposent une gamme vrac entièrement labellisée (bio, équitable, etc.) et 69 % des références au sein des commerces vrac sont labellisées. « Cela rentre dans l’optique de ces entreprises de proposer des produits de meilleure qualité, pour le bien-manger », analyse Chloé Liard, chargée de développement et de projets à Réseau Vrac.

 

Passage au vrac : le bio, le local, les marques nationales… Les stratégies divergent selon le type de commerce

« Il y a une volonté de remettre de la cohérence dans la démarche, tout le long de la chaîne, pour aller plus loin que les deux piliers du vrac, qui sont la réduction des emballages jetables et du gaspillage alimentaire, analyse Célia Rennesson. Dans une précédente étude sur le commerce vrac spécialisé, 38 % se définissaient comme un commerce vrac bio et local, et pas seulement vrac. Ainsi, le local est très ancré chez les spécialistes vrac, et ça commence dans les magasins bio. Pour les GSS bio, un rayon vrac est désormais une condition sine qua non de fréquentation du magasin. Mais il ne suffit plus, il faut aller plus loin : le rayon vrac doit être bien entretenu, diversifié, et cohérent avec la démarche du bio donc être en local par exemple. Quant aux autres GSA, ils se mettent au vrac en commençant par le vrac bio. Et depuis deux-trois ans, on y observe un passage d’une offre générique à une offre par les marques nationales ; c’est le cas chez Carrefour, chez Monoprix. »

Ainsi, on retrouve chez les trois typologies de commerçants la volonté de réduire les emballages et le gaspillage, et ensuite chacune enrichit sa démarche. « Ce qui permet de développer et de démocratiser le vrac sur tous les canaux. »

 

Le vrac, plus cher ou moins cher que le préemballé ?

Selon une étude de l’INC parue en novembre 2021, les produits vrac bio sont moins chers au détail que leurs équivalents préemballés. L’offre vrac non bio n’était, elle, pas assez développée pour comparer. Mais lorsque les équivalents existent, l’offre vrac non bio est généralement plus chère que le préemballé.

En revanche, sur les coûts de production, le vrac peut facilement être plus cher que le préemballé, entre les charges de main d’œuvre, de logistique, d’entretien du rayon, d’équipements… La perte en rayon est aussi très importante, entre les sacs kraft laissés en rayon car trop remplis, les pertes par terre et les vols. Dans les scenarii étudiés par l’Ademe, les pertes vrac magasins oscillent entre 1 et 4 %.

« Tout est une question de volumes et d’organisation, nuance Célia Rennesson. Mettre en œuvre du vrac quand le modèle économique côté fournisseur n’a pas été pensé pour, en effet ça coûte plus cher, en main d’œuvre notamment. Mais quand c’est internalisé et réfléchi, ça revient moins cher au fournisseur, qui le vend donc moins cher au distributeur. C’est pour ça que c’est plus compliqué pour les grandes marques de basculer, car elles doivent basculer leurs lignes de production, repenser leur modèle, juste pour quelques références parmi d’autres. C’est certes un investissement pour les grandes marques, mais un investissement aujourd’hui nécessaire pour éviter les retards de compétitivité face aux préoccupations et attentes des consommateurs : selon Nielsen fin 2021, les emballages étaient la première préoccupation des consommateurs dans leur consommation responsable. »

La directrice générale de Réseau Vrac estime ainsi que d’autres modèles vont apparaitre, notamment basés sur la mutualisation des compétences et de la logistique, sur la circularisation des emballages et la standardisation des contenants. « Après Juste Bio et Alpina, un grand fabricant de l’alimentaire va aussi annoncer un passage en vrac, cela concerne une dizaine d'acteurs », confie-t-elle sans pouvoir en dévoiler plus. Selon Linéaires, il s'agirait d'Ethiquable, avec 23 références dont les graines de tournesol, lentilles et pois chiche de Paysans d'Ici (donc origine France) et fruits à coques (noisettes, cajou, quinoa, amandes, chocolat en palets, café en grain...). Information confirmée quelques jours plus tard.

 

L’enjeu sera aussi au niveau des équipementiers, avec des meubles plus performants (mesure en direct de la quantité, scan des produits et conseils d’utilisation, etc.).

 

 

 

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