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Race salers : pourquoi ils font le choix de la station ?

Le 27 août, c’était jour de rentrée pour 37 veaux à la station raciale. La série de la campagne 2024-2025.

Thierry Champeix, un fidèle de la station à la fois comme acheteur et vendeur.
© P. OLIVIERI

Des veaux à la station raciale salers, le Gaec Champeix frères de Sauxillanges en met “depuis qu’elle existe !”, lance Thierry, associé avec son épouse Marie-Claire, qui, ce mardi 27 août, vient justement de décharger l’un de ses jeunes taureaux. Avec 36 autres (lire encadré), ce veau a ainsi intégré la première promotion de cette campagne 2024-2025. “Pour moi, la station, c’est un rassemblement de génétique”, avance l’éleveur puydômois, qui commercialise chaque année une bonne trentaine de femelles pour la reproduction (vendues à trois ans) ainsi que cinq ou six jeunes taureaux. Une vingtaine de veaux mâles partent broutards à l’export et six à sept autres sont castrés à huit jours et engraissés pour de la vente directe. “On vient là pour se comparer, vérifier qu’on est dans le tempo, que nos bêtes correspondent bien aux attentes des acheteurs, car c’est bien ça qui compte”, souligne l’éleveur-sélectionneur, acheteur tout aussi fidèle des ventes à la station du Fau. “Je vois la station non pas comme un marché - on n’est pas là pour vendre la bête le plus cher possible -, mais comme un échange de génétique. Pour moi, quand on met un veau ici, on devrait en acheter un”, fait valoir Thierry Champeix, à la tête d’un cheptel de 100 mères.

 “Vérifier qu’on est dans le bon tempo”

Un peu plus tôt dans la matinée, Benjamin Gasquet, du Gaec éponyme à Saint-Santin-de-Maurs, l’a précédé. Lui aussi est un habitué des lieux qui accueillent deux de ses veaux prometteurs (un en pension, le second pour la vente). Et il ne compte plus le nombre de futurs reproducteurs qu’il a fait évaluer ici ni ceux qu’il y a acquis d’ailleurs. “J’en mets depuis que je me suis installé en 2013, et j’en achète régulièrement, souvent en copropriété pour viser le haut du panier”, glisse l’éleveur du Sud-Cantal, qui recherche des animaux faciles d’entretien, apportant de la viande mais aussi du lait. Depuis l’an dernier en effet, le Gaec Gasquet s’est lancé dans la production de TJB salers, et, outre le renouvellement, il conserve toutes les velles pour les vendre à 24 mois en génisses prêtes à saillir. Des bêtes rouges après que les Gasquet ont fait le choix il y a trois ans de basculer intégralement en salers pure, d’abord pour les facilités de vêlage de la race (100 % des vêlages se font dehors à l’automne) mais aussi face à la demande croissante en génisses. 
Une dynamique sur le marché de la génisse que confirme Romain Tourdes du Gaec de Sazergues (Saint-Simon) qui place cet automne un second veau, Urbain, en pension, à la station raciale (après un premier en 2023). “En raison de la pénurie de femelles, le marché de la reproduction est dynamique, tout comme celui des animaux finis pour la viande”, affiche le jeune agriculteur, qui engraisse la quasi totalité de ses veaux en TJB salers ainsi que quelques génisses et ses vaches de réforme pour le label rouge salers (LRS) notamment. Fils de Soleil et Réglisse, “une bonne vache de chez nous avec beaucoup de qualités maternelles”, Urbain allie a priori les qualités raciales et la croissance héritées de son père aux qualités maternelles de Réglisse. “L’idée, c’est de mieux l’évaluer mais aussi de jouer le jeu de la station” expose Romain, dont le travail de sélection en pur, récent, vise le bon compromis entre croissance, qualités maternelles et bonne conformation, le tout avec un préalable, des animaux dociles. C’est ce qui guide ses achats à la station raciale, réalisés seul ou en copropriété. 

Évalués en gommant l’effet milieu

Déchargés tout au long de la journée, les 37 “petits nouveaux” ont été confiés aux bons soins de Joris Moncany, soigneur attitré de la station salers depuis 2022. Première étape, une acclimatation réciproque tout en douceur, “qui va prendre une bonne semaine”, glisse Joris. Répartis en catégories d’âges, les futurs reproducteurs bénéficieront dès lors d’un régime identique pour gommer les effets alimentaires sur leur croissance : foin et luzerne à volonté et concentré. Vers le 10 octobre, débutera la période de contrôle, avec pesée tous les 28 jours, relevé de mensurations (vers 400 jours), mesure de l’ouverture pelvienne et pointage en fin de série. Au terme de cinq mois d’évaluation, ils seront alors proposés à la vente (ou repris par leur propriétaire pour ceux en pension) avec l’espoir d’une reconnaissance économique de leur potentiel génétique.

 

Les meilleurs de leur génération
Ce sont 37 veaux issus de 30 élevages dont 12 hors berceau qui ont fait leur rentrée le 27 août à la station raciale de Saint-Bonnet-de-Salers. Sur la soixantaine de jeunes mâles (nés entre fin août et mi-décembre 2023) visités par les techniciens du Herd-book (HBS), une grosse moitié a donc été retenue par les administrateurs de la commission d’admission. “On essaie d’entrer les meilleurs mâles avec une diversité d’origines, ce qui n’est pas toujours simple”, reconnaît Corentin Paris, ingénieur racial au HBS. Sachant que les minima requis pour espérer se mesurer à la station sont : un PAT (poids âge type) à 210 jours dans la moyenne raciale (270 kg), des index Ivmat et ALait des mères positifs et des vaches pointées idéalement 68 et plus.  
Comme souvent, cette série est marquée par de nombreux pères issus d’IA et par une bonne représentation des éleveurs du Nord-Est et Nord-Ouest malgré l’extension de la FCO-3 qui a empêché un seul veau de rallier le Cantal. Un contexte sanitaire qui a d’ailleurs conduit les instances raciales à renforcer encore les exigences à l’entrée en station, avec l’ajout d’une attestation sur la tuberculose à une liste déjà longue (FCO, MHE, IBR, BVD, paratuberculose...).


 

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