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Ovins, doit-on craindre une année à blanc ?

Si la vaccination permet d’endiguer la FCO au sein des cheptels, les préjudices sont déjà énormes. Et le pire est peut-être à venir avec une perte de fertilité de plus de la moitié des béliers.

La section ovine de la FDSEA a organisé une journée de test de fertilité des béliers : les résultats sont pires que redoutés.

Le 13 septembre, sur l’exploitation de Pauline Jouve à Ferrière-Saint-Mary, le préfet du Cantal prenait pleinement la mesure de la détresse des éleveurs ovins confrontés à des ravages d’une ampleur inédite du sérotype 8 de la FCO sur leurs troupeaux. Un mois et demi plus tard, l’inquiétude est toujours aussi vive, comme le rapporte Alain Troupenat, éleveur à La Chapelle-Laurent et en charge du dossier ovin à la FDSEA. Quand bien même dresser un état des lieux de la situation et des pertes est tout à la fois prématuré et complexe à ce stade, la dernière section ovine du syndicat a permis d’affiner les constats : “On atteint, voire on dépasse par endroits, 20 % de pertes sur les brebis, et sur les béliers c’est bien plus dramatique : certains font état de 75 % de 
mortalité. Les éleveurs sont vraiment très inquiets, je n’ai jamais vu ça”, témoigne l’agriculteur à la tête d’un cheptel de 550 brebis. 
Seule parade efficace éprouvée pour limiter la propagation du virus et limiter un tant soit peu les dégâts : la vaccination. “Les températures plus froides (quoique ces derniers jours..., ndlr) n’y font rien, le moucheron circule quand même. Seul le vaccin arrête les contaminations. On l’a tous vu dans nos élevages avec une immunité qui se fait dans les 15 à 21 jours après l’injection”, constate l’éleveur du Massiacois. À la clé, moins de cas cliniques. Encore faut-il disposer de doses, des ruptures de stocks étant encore signalées pour le vaccin contre le BTV-8.
Le sort des brebis déjà infectées est pour beaucoup déjà quasiment scellé, malgré les soins répétés des moutonniers. “Malheureusement, la plupart n’ont d’autre destination que l’équarissage...”, déplore Alain Troupenat. 


50 à 95 % de béliers infertiles


Quant aux conséquences de l’épizootie sur l’agnelage, à ce stade, impossible de les évaluer faute de recul. “On s’attend à devoir gérer des brebis vides et des agnelages difficiles”, confie-t-il. Mais le problème le plus aigü et angoissant porte sur la fertilité des béliers. Des animaux certes peu nombreux dans les élevages mais dont dépend la réussite ou non de toute une année d’agnelage. Cette crainte, relayée mi-septembre auprès du préfet, a conduit la section ovine à organiser une première journée de tests de fertilité des mâles. Verdict, sur la soixantaine de béliers amenés par une dizaine d’éleveurs : un taux moyen d’infertilité qui atteint les 50 %, mais qui, chez ceux non vaccinés et présents lors de la vague FCO de cet été, un taux qui grimpe à plus de 95 %. Avec une précision : on parle bien là d’infertilité et pas de stérilité. “Les animaux qui ont été malades, qui ont eu un coup de fièvre, doivent relancer leur spermatogénèse, on espère qu’ils redeviendront fertiles d’ici deux, trois mois, mais cela signifie que si on ne fait rien d’ici le premier trimestre 2025, on va passer une année blanche en termes de reproduction et donc d’agnelage”, redoute Alain Troupenat.
Alors, comme beaucoup, l’éleveur de La Chapelle-Laurent a dû se résoudre à piocher dans une 
trésorerie déjà mise à mal pour sauver au moins en partie la campagne de reproduction, avec l’achat de très jeunes béliers. Ceux encore disponibles sur le marché. “Ça devient limite/limite, dans certaines races il ne s’en trouve plus”, relève l’agriculteur, qui fait part d’un fort risque de pénurie sur les agnelles de renouvellement. “Certains éleveurs parlent d’arrêter s’ils ne parviennent pas à recapitaliser leur cheptel dans les prochains mois, j’espère que ce ne sera pas le cas”, poursuit-il.

 
Des réponses très partielles


Pour éviter le pire, redonner des motifs d’espérance à une production au bord du gouffre, la section ovine, relayée par la FNO (fédération nationale ovine) réitère ses demandes : la prise en charge des pertes, des frais vétérinaires, des échographies, des tests de fertilité, des inséminations (même si cette pratique qui, du fait avec des doses séminales fraîches et non congelées, est peu développée dans les élevages ovins), des aides à la recapitalisation des cheptels aussi. “En fait, tous les outils qui permettent de faire un état des lieux du cheptel : savoir si les brebis sont pleines, les béliers fonctionnels...”, résume Alain Troupenat, qui regrette des acquis limités à cette heure malgré les annonces faites par Michel Barnier et la ministre Gennevard au Sommet de  l’élevage : la gratuité des vaccins est restreinte à ceux contre la FCO-3, de même que le fonds d’urgence de 75 millions d’euros. Le programme d’indemnisation du FMSE (fonds de mutualisation sanitaire et environnemental) pour la FCO-8 est lui prolongé pour les élevages déclarés foyers jusqu’au 31 décembre 2024.

 

 

Marché favorable

Après une baisse saisonnière, la cotation française des agneaux de boucherie s’est redressée pour atteindre début septembre 9,36 €/kg contre 7,98 €/kg il y a un an. La cotation de la viande ovine est elle aussi haussière du fait d’une offre limitée.
- Le recul des abattages s’est poursuivi en juin et juillet et sur les sept premiers mois de l’année, la production abattue de viande ovine est en repli de 5 % par rapport à 2023 et de 12 % comparée à la moyenne 2019-2023. Il est cependant encore trop tôt pour évaluer l’impact de la FCO sur la production.
- Même difficulté pour estimer les importations d’agneaux et d’ovins adultes vivants en 2024 en raison cette fois de remontées douanières limitées. En revanche, les importations de viande ovine sont en baisse, particulièrement en provenance d’Espagne et d’Irlande.

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