Cuma Carlat-Vézac : 31 ans et 35 engins
Les responsables de la Cuma de Carlat-Vézac (Cantal) ont du mal à recenser tous les matériels disponibles tant ils sont nombreux. Des investissements raisonnés qui facilitent le quotidien des 15 membres et allègent leurs charges.
Les responsables de la Cuma de Carlat-Vézac (Cantal) ont du mal à recenser tous les matériels disponibles tant ils sont nombreux. Des investissements raisonnés qui facilitent le quotidien des 15 membres et allègent leurs charges.
15, 35 et 1,4 : trois nombres qui résument la trajectoire singulière de la Cuma de Carlat-Vézac qui accueillera le 18 octobre prochain l’assemblée générale et le demi-siècle de la FDCuma du Cantal. Quinze, c’est le nombre d’adhérents de la coopérative, fondée voilà 31 ans par Marcel Bruel et Laurent Laverrière (Jean Bouniol en sera le premier trésorier). Un effectif somme toute modeste qui contraste avec la taille et la diversité du parc matériel dont s’est doté cette dynamique équipe d’agriculteurs : depuis le premier investissement, une fourche à relever le silo toujours présente, jusqu’au dernier livré par les établissements Capelle, fournisseur auquel la Cuma est restée fidèle : un combiné presse-enrubanneuse Uniwrap.
Un parc quasi complet...
“On fait tout de A à Z : travail du sol, fenaison, système de transport pour l’ensilage (bennes...),
l’épandage pour fumier, lisier mais aussi chaux, la seule chose qu’on n’a pas c’est l’ensileuse et la moissonneuse ; pour ces travaux, on travaille depuis des années en confiance avec l’entreprise Cantuel”, expose Laurent Laverrière, trésorier de l’association dont le bâtiment d’élevage à Rouziers de Vézac servira de cadre à la journée du 18 et la cour de hall d’exposition de ce parc XXL, dont la valeur globale atteint 1,4 M€ (valeur d’achat). Trente-cinq engins donc, répartis chez les adhérents, chacun étant responsable du bon état et de l’entretien du matériel hébergé avec un planning dont la gestion a été révolutionnée par l’ouverture d’un groupe WhatsApp.
“C’est vrai qu’on a une bonne force de frappe et un sacré équipement. Dans l’idéal, il nous faudrait un bâtiment mais cela supposerait d’avoir un salarié, pour l’instant on préfère fonctionner comme ça sachant que ça responsabilise les adhérents”, fait valoir Jean-François Bruel, président de la Cuma, dont le leitmotiv est de renouveler régulièrement ce matériel.
... à moindres frais
“Si on veut être opérationnel et que ça tourne, il faut que le matériel suive, tout en garantissant des tarifs abordables, ce qu’on arrive à faire en réalisant nous-mêmes un maximum d’entretien, hormis pour les tracteurs qui ne dépassent pas le seuil de garantie et les 4 500 heures sur lesquelles on s’engage”, complète l’éleveur bovin vézacois. À la clé, des engins toujours performants, une maîtrise des coûts de revient qui ne dépassent pas 18 € de l’heure de tracteur facturée aux adhérents. Et pas de sentiment : un outil défaillant - tout comme une vache improductive - n’a pas sa place dans la Cuma qui rayonne sur Arpajon-sur-Cère, Vézac, Carlat, Saint-Étienne-de-Carlat et Yolet.
Sa force, c’est aussi d’être en veille sur les dispositifs et programmes de soutien susceptibles d’alléger la facture d’un engin. Et ces dernières années, les investissements se sont encore accélérés avec, sur le seul exercice 2023, deux tracteurs, une tonne à lisier, une presse, le combiné... “et ça va bientôt rattaquer”, glisse Jean-François Bruel. Avec des responsables à l’écoute des besoins évolutifs des membres et qui font la part belle faite aux propositions d’une jeunesse réactive : une herse étrille et un déchaumeur, équipés de semoir, sont ainsi venus élargir la gamme d’outils, à l’initiative de producteurs en bio. La Cuma a par ailleurs son “pack sécurité” comprenant lève-tête, caisse pour les petits veaux, couloir et parc de contention, balayeuse... Elle travaille également en interCuma avec sa voisine de Saint-Étienne-de-Carlat pour du semis direct. “On a un peu d’activité de fauche et de travail du sol chez eux”, précise le président.
L’esprit d’équipe avant les chiffres
Mais au-delà de ce matériel acquis en commun, ce qui soude ces éleveurs allaitants, laitiers, fromagers, maraîchers... c’est un état d’esprit, une philosophie : “Notre priorité, c’est la mentalité, il faut un esprit d’équipe, de la convivialité avant les chiffres”, estime Laurent Laverrière qui ne rate cependant pas une occasion de faire valoir les bienfaits économiques du fonctionnement cumiste, notamment auprès des lycéens et étudiants. “Je leur explique que je verse 24 000 € par an à la Cuma en bénéficiant de tout ce parc et que, parallèlement, depuis sept ans, je paie chaque année 10 000 € pour rembourser un tracteur-chargeur, le calcul est vite fait, on ne trouve ça nulle part ailleurs.” Un message que relaient déjà les sept jeunes agriculteurs intégrés ces dernières années à la Cuma. Des jeunes dont beaucoup ne pourraient s’installer ou aussi bien s’équiper sans le recours à la Cuma. Une table-ronde sera d’ailleurs consacrée le 18 octobre à l’intégration de la jeune génération au sein des Cuma et sur les moyens de rendre ces dernières attractives.