Agriculture régénérative : une tribune dénonce la récupération du concept
L’agriculture régénérative (encore appelée agriculture régénératrice) est devenue une expression galvaudée reprise par de grands industriels pour verdir leurs démarches, déplorent une trente de personnalités représentant notamment les filières bio dans une tribune publiée par Le Monde.
L’agriculture régénérative (encore appelée agriculture régénératrice) est devenue une expression galvaudée reprise par de grands industriels pour verdir leurs démarches, déplorent une trente de personnalités représentant notamment les filières bio dans une tribune publiée par Le Monde.
« Le risque, pointé dès 2020, par la Regenerative Organic Alliance, est que si tout le monde utilise le mot « régénératif », le risque est qu’il se banalise et se vide de son sens, comme ce fut le cas pour « durable » ou « naturel » », alerte un collectif d’une trentaine d’entreprises, d’association et d’activistes dans une Tribune publiée par Le Monde le 26 août.
Une tribune qui met le doigt sur le flou qui entoure l’agriculture dite « régénérative » - non clairement définie contrairement au bio, et donc porte ouverte au #greenwashing par les grandes multinationales qui poussent ce concept …
— Camille Perrin (@Perrin_Cam) August 27, 2023
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Philippe Camburet, président de la fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), Charles Kloboukoff, président de Léa Nature, Pierrick de Ronne, président de Biocoop figurent au rang des signataires du texte aux côtés du réalisateur Cyril Dion, de l’avocate Corinne Lepage ou d’Audrey Pulvar, adjointe à la mairie de Paris.
Un concept développé par Rodale Institute, pionnier américain du bio
Rappelant que le concept a été développé dans les années 1980 par le Rodale Institute, pionnier américain du bio, ces personnalités reprochent aux grands groupes de l’agroalimentaire d’avoir récupérer l’expression « agriculture régénérative » « pour verdir leur approche productiviste, certes enrichie des pratiques vertueuses de conservation des sols (refus du labour, couverture du sol, rotation des cultures, etc…) mais sans le bio local qu’ils persistent à refuser ! ».
Absence de définition légale et de contrôle
« A l’inverse du bio qui était la base du concept et dont les pratiques sont strictement encadrées, l’agriculture régénératrice relève de stratégies discrétionnaires, sans définition légale ni contrôle », déplorent les auteurs de la Tribune reprochant aux acteurs industriels de « ne pas investir beaucoup dans ces programmes », « laissant les agriculteurs couvrir le coût de ces nouvelles pratiques et détournant l’attention de leurs émissions directes, tout en gardant le recours à la chimie synthétique « bien dosée » comme le glyphosate ».
L'Etat appelé à mettre fin "au commerce des mots"
Après l’industrie agroalimentaire, l’industrie textile suit et « des marques comme Prada, Gucci ou Stella McCartney font du « régénératif » le nouveau mot à la mode », peut-on encore lire dans la tribune qui poursuit « le terme se promène désormais dans des domaines variés – du luxe au leadeship, de l’économie au management, tout devient régénératif ».
Tout devient régénératif
Appelant à moins parler de ces concepts et à « plus s’y mettre », les signataires de la Tribune concluent en interpelant l’Etat, « arbitre des étiquettes » à « mettre fin au commerce des mots et des fausses transitions, comme il l’a déjà fait sur la neutralité carbone ».